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Rad am Ring 2019


Franck PASTOR
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Voilà deux jours que j'ai participé au Rad am Ring, ce week-end cycliste sur le circuit automobile allemand Nürburgring, en Allemagne. Comme chaque année depuis 2014, en fait, lorsque j'avais découvert cet événément grâce à Jérémie Laplac, qui m'y avait emmené. J'hésitais à en faire un compte-rendu : étant donné que j'en ai déjà fait un à chacune de mes précédentes participations, il y aura beaucoup de répétitions, mais je me dis que ce serait dommage de ne pas coucher par écrit quelques souvenirs marquants de cette cuvée-là. Alors, je me lance !

Quelques mots de présentation, donc. Le Rad am Ring a toujours lieu le dernier week-end de juillet, du vendredi soir au dimanche soir, sur le Nürburgring donc. Toute une série d'épreuves y sont organisées, sur tout ou partie de cet immense circuit proche de la Belgique, puisque situé dans le massif de l'Eifel, prolongement en Allemagne de l'Ardenne. Un circuit constitué de deux parties : le circuit Grand-Prix, Grand-Prix Strecke, 5,7 km, où sont organisés la plupart des courses automobiles, et l'immense boucle nord, Nordschleife en allemand, 20,8 km, présentant à elle seule pas moins de 500 m de dénivellation. Pour des informations plus détaillées, je vous renvoie à cet article écrit par moi-même après ma première participation :

http://www.cuk.ch/articles/9837/

Dans la floppée d'épreuves organisées ce week-end, pour vélo de route, VTT, e-bike, etc, la principale est la course des 24 h vélo, selon le principe bien connu : parcourir en 24 h (du samedi à 12 h 30 au dimanche à la même heure) autant de tours possibles de circuit, Nordschleife et circuit Grand Prix combinés. Ces 24 h peut être parcourues individuellement, ce qui est le top de la difficulté bien sûr, mais aussi par équipe de deux, quatre ou huit. Je ne désespère pas de la faire un jour, mais j'ai de quoi me défouler en me réservant le choix, chaque année, entre deux autres épreuves, moins «extrêmes», qui se déroulent parallèlement aux 24 h :

— la Nordschleife en mode cyclouriste (Nordschleife Tourenfahren) : autant de tours de Nordschleife que l'on souhaite, le dimanche de 7 h à 13 h. Pas de classement, ce qui me correspond tout à fait. Prix d'inscription de 28 euros. Seul problème, le dernier tour doit être commencé à 11 h 30 au plus tard. Sachant qu'un tour des 20,8 km de Nordschleife me prend autour d'une heure en général, ça me limite généralement à cinq tours, 104 km et 2500 m de dénivelé «seulement». 

— La cyclosportive de 150 km (Jedermann Rennen), en fait 143 environ. Celle-ci combine six tours de Nordschleife et de la majeure partie du circuit Grand Prix, pour une distance de 24,3 km et un dénivelé de 550 m à chaque tour. Soit 3330 m de dénivelé total. On n'est pas loin des valeurs des cyclosportives de haute montagne ! Ça représente donc un plus long bail sur le Nürburgring que la Tourenfahren, mais un prix d'inscription bien plus élevé (60 euros) et une ambiance nettement plus compétitive, forcément : le départ a lieu le samedi à 12 h 30, en même temps que le départ des 24 h et ceux des deux autres cyclosportives plus courtes sur le même parcours (25 km et 75 km).

Mon choix entre les deux options se fait en fonction de la météo : s'il fait beau le samedi je fais la cyclosportive, qui a ma préférence parce qu'on reste plus longtemps sur ce fabuleux circuit. Sinon je fais la cyclotouriste du dimanche.

Seulement voilà, ce week-end-ci je stresse pas mal, parce que la météo prévoit du mauvais temps pour le week-end complet ! Particulièrement frustrant après la semaine de beau temps et de chaleur qu'on venait de vivre et qui me convenait parfaitement.

J'arrive vendredi soir à ma chambre d'hôtel réservée à Barweiler, à 8 km du circuit, en n'ayant toujours pas définitivement choisi mon épreuve. C'est au dernier moment, quand je fais le saut au stand d'inscription du Nürburgring, que je me décide finalement pour la cyclosportive de 150 km. Il fait encore 32° à l'ombre ce vendredi, difficile d'imagine que le lendemain, jour de la cyclo, il fera 22° maxi selon la météo et qu'on risque d'encourir une série d'orages nombreux et violents…

Réveil à 8 h à l'hôtel le samedi matin. Le temps est couvert, une pluie fine vient de tomber mais maintenant il fait sec. Un petit déjeuner consistant englouti rapidement, préparation des affaires et du vélo, consultation des dernières prévisions météo (toujours apocalyptiques)… À 10 h je monte sur mon vélo pour rejoindre le circuit : 8 km en montée légère jusqu'aux 600 m d'altitude environ du circuit.

Il fait toujours sec quand j'y arrive, un peu moins de deux heures avant le départ. De quoi me laisser le temps de finir de m'échauffer en faisant quelques tours tranquilles du circuit Grand Prix.

À 11 h 45 les concurrents commencent à se mettre en place dans les "boxes" prévus sur la ligne de départ. 3/4 d'heure à poireauter avant le grand départ donné à 12 h 30 pour tout le monde, les participants au 150 km comme moi s'élançant les tout premiers. On est un peu plus de 400 à participer à cette distance, et plusieurs milliers (5000 ?) sur l'ensemble des épreuves, ça fait un joli paquet multicolore à partir quasi simultanément.

Les autres concurrents ne sont pas là pour rigoler : départ carrément au sprint, le circuit Grand-Prix avalé à toute vitesse. Je me laisse consciencieusement décrocher, je suis là pour aller à mon propre rythme, pas pour un classement. Puis on entame la Nordschleife et la longue descente vers le point bas du circuit à Breidscheid (300 m d'altitude), entrecoupée de deux «coup de culs», dont un monstrueux au «Flugplatz » : sur 100 m environ, la vitesse passe de 60 km/h à 8 km/h en un rien de temps. Mais par ailleurs on descend jusqu'à 80 km/h. De quoi me faire de grosses frayeurs : pas à cause de la vitesse en elle-même, mais je suis en plein milieu d'autres cyclistes que j'ai rattrapés et qui ne sont absolument pas à l'aise, eux, mains aux cocottes, en plein milieu de la piste, trajectoires mal assurées… je serre les fesses, mais ça se passe bien, jusqu'à la fin de cette portion globalement descendante.

Ensuite, forcément ça remonte, et rudement. Une sorte de Raidillon façon Spa-Francorchamps pour commencer (secteur Ex-Mühle), puis un replat passant par le fameux virage où le récemment décédé Nikki Lauda avait eu le terrible accident qui l'avait défiguré, et puis une bonne grimpette de 4 km aux pourcentages conséquents, jusqu'au raidard terminal de 17 % au secteur de la Hohe Acht. Et puis des toboggans successifs façon Ardennes flamandes pour nous ramener au point de départ. Le plat n'existe pas sur ce circuit !

Le temps est toujours sec. La météo se serait-elle plantée dans les grandes largeurs ? Je l'espère alors. Dès ce premier tour, mes sensations sont bonnes dans la montée principale. Pour le reste, sauf dans les longues descentes, on me laisse sur place sans pitié, mais je laisse faire, c'est à ce prix que je pourrai terminer sans trop de souffrances. On trouve déjà des piétons sur le Hohe Acht dès son premier passage… Piétons qui au fil des tours deviennent de plus en plus nombreux sur le même secteur, mais aussi plus bas, dès que ça tourne autour de 10 %. D'ailleurs j'ai de quoi halluciner quand je constate les braquets que certains de ces piétons ont montés, du genre 40/23 au minimum…

Aux deuxième tour, je tape la converse avec deux autres Français que je rattrape : ceux-ci participent pour la première fois, en l'occurence aux 75 km. L'un d'eux avait fait la Nordschleife mais en voiture : il n'avait pas réalisé que c'était aussi pentu sur un vélo ! 

Je poursuis ainsi mon bonhomme de chemin, à mon rythme, laissant une foule de cyclistes me dépasser dans les portions en toboggans, en rattrapant certains dans les longues descentes et longues montées, sans souffrance particulière.

Les dérailleurs arrière, eux, souffrent par contre, avec tous les changement de vitesses nécessaire sous forte charge : régulièrement j'en entends craquer autour de moi, et très souvent frotter contre des rayons dans les portions pentues. Avec le risque qu'ils finissent arrachés par lesdits rayons. Ce que je ne vois pas arriver autour de moi, mais par contre je vois juste devant moi, lors de la remontée brusque du Flugplatz, une cycliste casser son dérailleur avant. Son Scheisse! éructé spontanément a retenti à 10 km à la ronde !

Et puis au quatrième tour, la pluie annoncée s'invite : tout le monde est trempé en quelques minutes, et le tarmac avec. De quoi me féliciter d'avoir emmené mon imper et une casquette de pluie à glisser sous le casque ! Ce qui est loin d'être le cas de tout le monde : en fait, la grande majorité, malgré le pessimisme de la météo, n'avait strictement rien prévu contre la pluie ! Pendant deux tours complets, je verrai avec stupeur la plupart des concurrents affronter la pluie battante et le mercure descendu en flèche, avec rien d'autre que leur maillot cycliste à manches courtes sur le dos, certains même sans manches du tout ! Et après, j'imagine qu'ils se seront plaints de la trop grande difficulté des conditions climatiques…

Pendant le sixième et dernier tour, la pluie s'arrête. Contrairement aux prévisions météo, il n'y aura pas eu d'orage, à un ou deux coups de tonnerre isolés près… mais la chaussée reste bien sûr complètement détrempée. Prendre les virages en descente s'avère très délicat à certains endroits, et le manque d'aisance de beaucoup de concurrents en descente en est décuplé… Dans un lacet serré, au lieu dit Wehrseifen, une ambulance est arrêtée, un cycliste sur le brancard… Je ne peux m'empêcher de remarquer que les cyclistes équipés de freins à disques (ce qui n'est pas mon cas) sont nettement plus à l'aise au freinage que les autres. Ceci en clin d'œil à un débat qui a fait rage sur le forum récemment… Par ailleurs, le seul vélo que j'ai entendu faire du bruit au freinage ce jour-là était muni de patins.

Les jambes sont lourdes pendant l'ascension finale vers la Hohe Acht, mais c'est le cas de tout le monde. Particulièrement — autre vision insolite — pour ce cycliste qui grimpe les derniers mètres… pieds nus dans la flotte, les chaussures à la main.

Et puis je boucle ce sixième tour terminal. Le classement m'indiquera que j'aurai parcouru les 150 km officiels (ça aurait dû être 143) en un temps de 7 h et 9 minutes, soit une vitesse moyenne de 20,9 km/h. D'après mon compteur, la cadence moyenne de pédalage a été de 87 tours/minutes, et la vitesse maximale de 85,6 km/h, atteinte sûrement pendant une des descentes de la portion vertigineuse en ligne droite appelée Fuchsröhre. Mais ce n'est pas mon record sur ce circuit, qui est de 89,4 km/h, en 2015 il me semble.

Le classement final des 150 km me montrera à la 284 place sur 289 participants hommes sur cette épreuve, ce qui n'est pas pire que ce que j'attendais, n'ayant jamais «fait la course»… et même si je l'avais faite, j'aurais gagné, peut-être quoi, une dizaine de places ? Ce n'est pas pour moi, mais pour des cyclistes plus costauds. Imaginez que le meilleur a mis 3 h 55 min sur ce circuit infernal… À côté de cela, une kyrielle d'abandons, 136 au total, la météo et la difficulté du parcours aidant.

Pour ma part, je ne m'attarde pas sur le circuit, malgré l'ambiance festive : il est tard, presque 20 h, je dois rentrer à l'hôtel le plus vite possible, sinon je loupe le dîner que j'y avais réservé ! Heureusement les 8 km à faire le sont en descente dans ce sens, j'arrive juste à temps pour faire ma toilette (y en avait besoin, avec toute la flotte encaissée sur le circuit…) et profiter du bon barbecue qui constitue ce dîner. La patronne, très gentille, me fera même un rabais pour ce dîner, prétextant que je n'ai pas pu profiter de toute la richesse du repas. J'ai eu de quoi bien me remplir la panse, pourtant, et tant pis si ce n'était pas diététique, pour une fois ! 

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À mon avis, rouler sur ce circuit est en effet une expérience à vivre (à vélo s'entend, en voiture je n'en sais rien), tellement il est exceptionnel. L'ambiance est également à la hauteur, et encore je ne peux pas en profiter au maximum à cause de ma connaissance très limitée de l'allemand.

Une de ces années, il faudra bien que je tente les 24 h…

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Tenté, si. Je suis amateur de sports mécaniques, je regarde souvent des videos de voitures de sport sur la Nordschleife avec caméra embarquée, je dois dire que je connais le circuit presque par coeur🆒.

C'est hors sujet mais je ne résiste pas de donner le lien d'une video du Champion français Kevin Estré (qui vient de remporter les 24h de Francorchamps) à bord d'une Porsche 911 GT3RS de série. Du grand art.

 

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Tu voudrais donc faire la Nordschleife en priorité en voiture, alors ?

Attention à ne pas finir au Bongard Club, alors ! 😉

https://www.facebook.com/TheBongardClub/

J'ai vu pas mal de ces vidéos aussi, un bon moyen d'apprendre à connaître le circuit. Mais je ne compte pas y piloter de voiture moi-même, ce genre de conduite n'est vraiment pas mon truc. Ou alors comme passager avec un pilote éprouvé, dans un « Ring-Taxi » par exemple.

Ceci dit, voir ces vidéos ou faire soi-même la Nordschleife en voiture ne donne évidemment pas toutes les informations nécessaires au cycliste : il faut vraiment y pédaler, « éprouver » soi-même les virages, les pourcentages, pour s'y sentir (relativement) à l'aise. Comme je l'ai raconté dans mon compte-rendu, un des deux Français avec qui j'ai parlé samedi l'avait bien compris. 🆒

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En fait, d'après la newsletter de l'organisateur, on était plus de 9000 à prendre le départ du Rad am Ring, ce qui serait un record de participation depuis la création de l'événement.

Ci-dessous un lien vers une vidéo de l'événement par Sportograf, le photographe officiel. À voir pour bien vous représenter «comment c'était». 🆒

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Le Ring est réputé être un circuit difficile pour les autos; de nombreux virages en montée, sans visibiloté, dans lesquels tu dois te lancer à fond sous peine de perdre beaucoup de temps et de vitesse si tu les prends à une vitesse + basse. Le record du tour est à 6'40" pour une Porsche 991. Ca doit filer... Le circuit est aussi réputé être dangereux du fait de l'absence de dégagement en cas de sortie de piste. Le circuit est réglièrement ouvert à divers véhicules, parfois assez farfelus, qui souvent se crashent dans des figures assez spectaculaires régulièrement visibles sur you tube

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Le record absolu c'est une Porsche 919 hybrid, en 5'19'', soit près de 235 de moyenne avec une pointe à 369 km/h😲. Il s'agissait d'un modèle "poussé", pas admis en compétition.

L'ancien record datait des années 80 avec le regretté Stefan Bellof sur Porsche 956 en 6'11''.

Le temps de la 991 que tu donnes il s'agit d'une GT2 RS soit disant de "série".

Les constructeurs se livrent à unelutte féroce pour celui qui aura le véhicule de série le plus rapide sur la Nordschleife. C'est vraiment l'étalon international, certainement le circuit naturel le plus exigant. Pour les cyclistes aussi apparemment.

Il y a eu dans les années 60 un championnat du monde sur ce circuit, gagné par Altig. A l'époque il devait encore être plus difficile: revêtement, bosses plus prononcées.

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De fait, le parcours de 1966 est considéré, du fait de la distance et de la dénivellation globales, comme le plus difficile de l'histoire du cyclisme professionnel, devançant même les parcours de Duitama (1995) et Chambéry (1989), d'après ce comparatif publié dans l'Équipe :

https://www.lequipe.fr/Cyclisme-sur-route/Diaporama/Les-mondiaux-de-cyclisme-sur-route-les-plus-durs-de-l-histoire/7097

Il y a eu en fait trois championnats du monde cyclistes sur le Nürburgring : 1927 (vainqueur Alfredo Binda), 1966 (Rudi Altig donc) et 1978 (Gerrie Knetemann).

L'édition de 1927 est particulière : c'était les premiers championnats du monde cyclistes professionnels de l'histoire, c'était aussi l'année de l'inauguration du Nürburgring. Quand on connait la difficulté du circuit et quand on se rappelle qu'à l'époque les cyclistes ne disposaient pas de dérailleur, ça laisse rêveur…

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A l'époque il devait encore être plus difficile: revêtement, bosses plus prononcées.

À ce sujet, j'ai déniché sur Youtube une série de photos montrant les différences entre les Nordschleife versions 1967 et 2014, à quelques endroits du circuit :

En 1967, on aurait dit une route de campagne d'aujourd'hui ! 😲

 

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