On a longtemps considéré le Tour d’Italie comme la deuxième grande course par étapes du calendrier, après le Tour de France évidemment. Ce classement-là ne devrait jamais évoluer, mais la perception qu’on se fait aujourd’hui de la course rose, elle, a connu un bouleversement sensible. Le Giro n’est plus la course numéro deux mais une sorte de Tour de France bis. Par l’enjeu que revêt depuis quelques brèves années, auprès des meilleurs coureurs au monde, la course rose. Par la passion inhérente qui en émane. A quand dater ce retournement de situation ? Peut-être à l’année 2008 quand, privé de Tour de France, Alberto Contador s’était rabattu sur le Giro, y affirmant son statut de champion des Grands Tours. Peut-être aussi à l’année 2009 et une édition du centenaire marquée par la participation des plus grands, dont Lance Armstrong.

Désormais, le Tour d’Italie passionne des champions extra-transalpins qui en font un objectif à part entière. Et tandis que la course bat son plein depuis une dizaine de jours, on voit avec délectation s’affronter le Kazakh Alexandre Vinokourov et l’Australien Cadel Evans, le tout arbitré bien sûr par des Italiens comme Ivan Basso, Damiano Cunego et Stefano Garzelli. Un mois et demi avant le grand rendez-vous du mois de juillet, le Tour d’Italie nous captive comme jamais. A cela s’ajoute un parcours extraordinaire. Il fallait être devant son écran de télévision, samedi après-midi, pour assister à une course d’anthologie sur les chemins de Toscane, empruntés tel un coup d’essai par les organisateurs. Cette étape devait être épique. Elle l’aura été plus que de raison ! Les conditions météo détestables qui auront accompagné gorgé d’eau et de boue la vingtaine de kilomètres de sentiers empruntés dans la dernière heure auront livré des images surréalistes. L’avenir nous le dira mais c’est peut-être là, en fait, que se jouera l’édition d’un Giro qui n’a pas fini de nous tenir en haleine, lui qui fête ses 101 ans d’existence.