Jade, des circuits de cyclo-cross, tu en as vu déjà beaucoup, comment classerais-tu celui de la Coupe du monde à Bogense ?

Oui c’est vrai que j’ai dû passer la barre des 50 cyclo-cross et je dois avouer que je n’avais jamais vu un circuit aussi complexe. En effet, lorsque nous avons effectué la première reconnaissance, en début d’après-midi samedi, nous avons été surpris par le vent. Le circuit se trouvait comme sur un port, on roulait près de l’eau et d’ailleurs j’ai pu en recevoir durant la course. Quand nous avons vu la partie du circuit où se trouvaient les montées et descentes en dévers, nous avons compris que ce ne serait pas un cyclo-cross comme on les connaît. Je n’ai presque pas réussi à monter la première bosse vu qu’il n’y avait encore aucune marque formant les escaliers, ça glissait et avec mon petit gabarit c’était compliqué de bien porter mon vélo. Je ne le classerai pas comme l’un des plus beaux, car nous devions sans cesse porter, descendre du vélo et les seules parties sur le plat étaient de grandes lignes droites.

Tu étais pour une des 1ères fois, sur la ligne de départ avec les stars de la discipline, qu’est ce que ça t’a fait ?

Oui, c’était ma première coupe du monde de l’année, je l’ai abordée avec beaucoup d’envie et de détermination. C’est vrai que c’est toujours une fierté de croiser les meilleures mondiales dans le box d’échauffement et je dois avouer qu’il y a de la classe. Comme à chacune des manches, j’essaye de me souvenir de mes adversaires pour savoir lesquelles font de bons départs. J’essaye aussi d’identifier les U23 qui seront mes adversaires premières lors des championnats si j’y suis conviée.

Comment juges-tu ta course ?

J’ai pris un bon départ puisque je me suis retrouvée vers les 20-25 puis dès les premiers virages qui étaient serrés, je me suis mise en mode guerrière et j’ai continué à remonter. Dans les montées c’était vraiment difficile pour moi, j’avais l’impression de monter des marches de 40cm, je me prenais des roues en pleine face en revanche dans les descentes je débranchais complet et courrais dans la boue. Je pense que j’ai fait deux très bons tours, mais, j’ai vite eu l’effet inverse sur mes trois derniers, je n’avais plus de sensations, je n’arrivais plus à mettre du braquet. François Trarieux me disait de relancer, de baisser les dents, mais j’avais l’impression d’être collée au sol.. Je suis tombée au 3ème tour, mais avec l’adrénaline de la course je n’ai pas senti la douleur au niveau de mon genou qui saignait. Le point positif de cette Coupe du monde, c’est que j’ai réussi mon premier top 30 et je rentre en France avec de nouveaux points UCI et une expérience sur le circuit qui accueillera les championnats du monde en 2019.

Au plan récupération, comment gère-t-on le long voyage aller-retour Danemark ?

Nous sommes allés au Danemark en avion et nous sommes revenus de la même manière. Je pense que l’avion est le transport le plus pratique et en plus c’est plaisant. Nous avions que deux heures, je n’ai pas ressenti de fatigue en arrivant là-bas, mais de retour à Besançon c’est un peu différent, car j’ai dû prendre le train, faire mes lessives, mes devoirs..

À partir de quel jour, reprends-tu les exercices spécifiques? Côté diététique-hydratation, tu mets l’accent sur quoi ?

Demain (mardi), j’ai mon bac de sport avec le trois fois 500m qui va être intensif. Je compléterai cette journée avec 30min de Home-Trainer et un peu de Gainage avec le pôle. Mercredi une sortie endurance en route puis je devrai déjà refaire ma valise pour Zeven. Pour le moment je mets l’accent sur ma santé et ma récupération, car je pense être en carence de magnésium. Je soigne aussi la plaie au niveau de mon genou et j’essaye de dormir le plus possible.

Deux week-ends très physiques à la chaîne, comment te sens-tu et prévois-tu une coupure ?

Non, je ne prévois pas de coupure, en revanche je ne vais pas taper dedans. Je pense que les intensités du week-end suffiront. Avec Matthieu nous voulons plus travailler la force dont je manque actuellement en course..

On a vu beaucoup de coureurs franchir les planches sur le vélo, est-ce quelque chose à laquelle tu t’essayes en course et à l’entraînement ?

Oui j’ai vu ça ! Après ma course j’ai regardé la course sur l’équipe 21 et j’ai vu que deux filles passaient les planches à vélo. C’est vrai que passer les planches c’est pratique, car on ne descend pas du vélo et on gagne donc du temps. D’habitude ce sont des planches positionnées à des endroits compliqués, mais là, avec de l’entraînement, ça aurait pu passer. D’ailleurs, la semaine dernière nous avons travaillé ça avec des planches de 30cm et j’ai réussi à les passer en m’appuyant dessus. Je pense être encore loin des 40cm, mais c’est en m’entraînant que j’y arriverai.

Pour revenir à La Mézière, dirais-tu que ta 2ème place est normale ou est-ce une vraie belle surprise ?

Je venais à la Mezière avec l’objectif de faire un podium. J’avais déjà roulé l’an passé sur ce circuit qui me plaît énormément et j’avais terminé 2eme (on était 12 au départ). Contrairement à Besançon, c’est Lucie qui a pris le meilleur départ et je n’ai jamais réussi à tenir sa roue, car elle a fait son écart dès les premiers passages techniques dans la boue. Mon erreur a été de faire la première descente en portant le vélo, car c’est là que j’ai perdu des mètres. Je suis alors partie à sa poursuite et je fais quatre tours seule. J’ai vraiment eu peur de me faire rattraper sur la fin de course, car comme à Bogense je n’ai pas tenu les 40mins.

On voit que Lucie Chainel est très bien revenue, elle semble intouchable, comment penses-tu la prendre ?

Lucie était vraiment costaud et l’est depuis ce début de saison. Je pense que son point fort c’est son niveau technique dû à son expérience. C’est une bonne chose qu’elle soit présente sur les Coupes de France comme ça elle nous tire vers le haut. Je suis vraiment satisfaite de cette place et j’espère pouvoir faire aussi bien à la prochaine pour décrocher ce podium au classement général.

Quel va être ton programme d’ici Jablines ?

D’ici Jablines, je vais donc participer à ma seconde coupe du monde en Allemagne (Zeven) puis je vais me préparer physiquement (avec Matthieu) pour être au top le 3 décembre