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« J’ai 50 ans et je pèse 84 kg pour 1,75 mètre. J’ai perdu 24 kg en deux ans. Si j’arrive à retrouver le poids de 70 kg que j’avais à 42 ans, quelle serait la marge de progression que je pourrais espérer sur des compétitions UFOLEP ? Actuellement je n’ai pas trop de difficulté à prendre des relais à plus de 40 km/h, le plus dur c’est de tenir dans les côtes ! »

Votre question nous ramène au principe fondamental du vélo : le rapport poids/puissance. Pour l’illustrer, nous allons nous baser sur des données chiffrées. Mais avant, un petit rappel théorique s’impose. Sur le plat, vous allez combattre deux formes de résistance à l’avancement qui sont le roulement (gonflage des pneus, revêtement de la route) et le vent. En côte, les formes de résistance à l’avancement sont différentes : les deux facteurs ci-dessus deviennent quasi négligeables puisque c’est le poids du corps qui constitue alors le principal frein.

Sur le plat, la masse musculaire permet de développer de la puissance. Elle participe à l’avancement. Plus vous allez développer de puissance et plus vous pourrez rouler vite. C’est le cas au sprint (à tous niveaux de pratique le meilleur sprinteur est celui qui développe le plus de puissance) mais aussi sur des efforts plus longs. C’est la puissance « brute », exprimée en watts, qui fait office de référence. C’est pourquoi les sprinteurs, les bons rouleurs et les spécialistes de contre-la-montre dépassent souvent les 70 kg, même chez les professionnels.

En côte, le poids du corps devient une composante incontournable. C’est le rapport puissance/poids (puisque l’on devrait le nommer ainsi) qui fait référence : le cycliste présentant le meilleur rapport watts/kg affichera les meilleures performances. Par exemple 300 watts/80 kg font 3,75 watts/kg tandis que 300 watts/60 kg donnent 5 watts/kg.

Autrement dit :

• pour deux cyclistes d’un poids équivalent, celui qui développe le plus de puissance grimpe plus rapidement
• pour deux cyclistes affichant 10 kg d’écart, le plus léger peut éventuellement grimper plus vite, même en développant moins de puissance

Pour en revenir à vos interrogations. Imaginons que vous rouliez à 35 km/h sur une route entièrement plate avec un bon revêtement durant dix minutes (hypothèse : vélo+équipement = 9 kg). Si vous pesez 108 kg, vous développez environ 290 watts. A 84 kg, vous développez environ 280 watts. A 70 kg, vous développez 275 watts. L’écart est donc faible sur le plat puisque 5 watts représentent ici environ 0,25 km/h. Autrement dit, c’est ce que vous gagneriez sur le plat en perdant 14 kg (théoriquement du moins, dans les faits vos performances s’amélioreraient indirectement davantage).

Imaginons maintenant (avec le même matériel et toujours un revêtement correct), une vitesse de 15 km/h dans une côte de 2 kilomètres présentant un pourcentage de 5 %, une difficulté que l’on peut rencontrer sur une course UFOLEP. Le temps d’effort est donc de 8 minutes (2×60/15). Pour un poids de 84 kg, cela nécessite de développer environ 220 watts, un effort que vous êtes capable de réaliser. Pour un poids de 70 kg, il vous suffira, pour monter à la même vitesse, de développer environ 190 watts.

Plus concrètement, si vous descendez à 70 kg et développez 220 watts dans cette même côte, vous serez capable de grimper à… 20km/h !

Autrement dit, en perdant du poids, vos performances ne s’amélioreront que légèrement sur le plat (du moins directement car indirectement un poids plus bas engendre une meilleure économie dans l’effort) tandis que vous économiserez environ 30 watts dans une côte à 5 %. Or ces 30 watts représentent pas moins de 5 km/h dans une telle côte.

Benoît Valque – www.velotraining.net