Il est le premier étranger à intégrer cette rubrique, mais sa société contribue bel et bien au cyclisme français. Grande partisante du Made in France, elle transmet au fil des décennies un savoir faire authentique et reconnu, tout en l’alliant avec des innovations constantes et réputées. S’inscrivant dans une lignée forte de l’invention des pédales automatiques et des cadres en carbone, elle fait aujourd’hui face aux enjeux de l’ère 2020, celle du développement des freins à disques et de la course aux gains marginaux. A sa tête, figure ainsi depuis 2016 un homme au profil parfait. Maître des systèmes de production et des réseaux de distribution, spécialiste du monde des deux-roues, inconditionnel de la Petite Reine, il a séduit par le succès de ses expériences passées. Polyglotte, passé par les Etats-Unis, l’Espagne ou encore l’Italie, il est paradoxalement particulièrement attaché à la résidence des industries dans la Nièvre, au caractère local de l’entreprise. Ce dimanche, portrait d’un impatient, d’un exigent, d’un enthousiaste. Portrait du président de Look Cycles, l’italien Federico Musi.Federico Musi, PDG de LookFederico Musi, PDG de Look | © Look 

Son parcours :

Originaire d’Italie, Federico Musi connaît dès ses études un succès comparable à celui qui l’accompagnera durant sa carrière. D’abord diplômé de l’école d’ingénieur de Padoue, splendide cité de Vénétie, il s’envole ensuite vers les Etats-Unis, sur les traces des milliers d’immigrés italiens du XIXe siècle. Mais dans cette nouvelle période d’ouverture et de mise en réseau du monde, les débuts ne s’effectuent plus dans le quartier populaire de Little Italy, mais bien sur les bancs de la prestigieuse Université de Colombia, membre de la renommée Ivy League. Il en sort fièrement deux ans plus tard, diplômé d’un Master of Business Administration, garantie d’un succès professionnel éclatant. Dans ce formidable élan, il parvient à être embauché comme manager par la société de conseil McKinsey & Co, jugée la plus attrayante par les titulaires des Masters MBA.

Après trois années de bons et loyaux services, il rejoint le groupe Piaggio, célèbre pour la commercialisation de la légendaire Vespa, scooter symbolique de l’Italie authentique. En charge de l’implantation de la marque et de ses filiales aux Etats-Unis, véritable royaume de l’automobile, il y apprend à développer ses compétences en marketing et en commercialisation, en apprenant à tisser tout un réseau de distribution. Une expérience fondamentale de sa carrière. D’ailleurs, c’est grâce à la qualité de son travail qu’il est choisi par les directeurs du groupe pour s’occuper de la restructuration de Derbi, filiale espagnole de Piaggio, rendue primordiale par l’importance du marché national. A peine un an après avoir quitté New-York, il rejoint Paris en 2010 pour se retrouver aux manettes de Piaggio France, placé au sommet du marché le plus dynamique pour le groupe italien. En 10 ans, Federico Musi réussit ainsi à convertir le prestige de son diplôme en une renommée professionnelle, profitant de chaque occasion offerte par la vie active pour époustoufler par ses talents de businessman.Avant d'être PDG de Look, Federico Musi a longtemps évolué au sein du groupe Piaggio, géant du domaine des scootersAvant d’être PDG de Look, Federico Musi a longtemps évolué au sein du groupe Piaggio, géant du domaine des scooters

Ces éléments, les cadres de Look les ont bien en tête lorsque survient le moment de trouver un remplaçant à Dominique Bergin, sauveur de l’entreprise du dépôt de bilan en 1998. Conscients de la primordialité d’une expérience préalable en systèmes de production pour concevoir l’importance de la défense du Made In France, ils trouvent en l’italien le profil idéal pour emmener la marque de cycles vers de nouveaux challenges.

D’ailleurs, Federico Musi est un passionné de bicyclette, un cycliste amateur assidu, aux 5 000 bornes parcourues par ans. Amoureux de la Petite Reine et expérimenté chez les deux roues, il trouve en réalité la compagnie parfaite pour évoluer dans son impressionnante cursus honorum. Exigeant, énergique et enthousiaste, véritable bourreau de travail multifonctions, l’italien est réputé pour son professionnalisme irréprochable, connu pour son ambition d’emmener Look vers les sommets, en pur grimpeur qu’il est. 

Look aujourd’hui :Look, équipementier officiel de l'équipe Nippo-Delko-Marseille-ProvenceLook, équipementier officiel de l’équipe Nippo-Delko-Marseille-Provence | © Team Nippo-Delko-Marseille-Provence

Avec un chiffre d’affaire estimé à 50 millions d’euros, Look compte sur son nouvel actionnaire majoritaire, Activa Capital, arrivé en 2016, pour mettre en place un plan de développement ambitieux, notamment basé sur une modernisation du système de production et une utilisation stratégique de ses outils industriels. Concevant le caractère singulier de ses propres manufactures de cadres, elle souhaite faire encore progresser l’industrie du carbone, afin de continuer de repousser les limites de la performance technique. Réalisant aussi un élargissement de sa gamme de produits en prenant en compte la floraison de nouveaux prototypes, du VAE au Gravel Bike, la marque française mise sur sa capacité infernale d’innovation pour garder une longueur d’avance sur ses nombreux concurrents. D’ailleurs, l’arrivée du le marché de la pédale à capteur de puissance « EXAKT » l’hiver dernier a constitué un joli coup de marketing pour la société neversoise, en s’affichant de nouveau à la pointe de la technologie. Faisant du « Made in France » l’un de ses principaux arguments de vente, elle fait vivre environ 140 familles en France dont une bonne partie dans la Nièvre, terre en proie au dépeuplement.

En outre, Look est un acteur majeur des compétitions cyclistes. Partenaire officiel de l’équipe de France de piste, discipline phare du cyclisme en termes de prouesses matérielles, la marque est amplement représentée dans l’ensemble du vélo français. Avec une trentaine de partenariat d’équipes et une dizaine d’athlètes, la société neversoise compte indéniablement dans le paysage de la bicyclette tricolore, en devenant même l’un de ses équipementiers privilégiés. D’ailleurs, celle-ci se refuse à approcher les plus grosses cyclindrées du peloton, préférant miser sur la diversités des coureurs, des formations et des disciplines. Mais si l’entreprise française ne s’investit pas au sein de la catégorie suprême du cyclisme mondiale, elle fournit toutefois les vélos de l’équipe sudiste Nippo-Delko-Marseille Provence, accédant ainsi à certaines courses du World Tour comme Paris-Roubaix ou Paris-Nice, en addition du calendrier Continental. Ainsi, elle continue de tutoyer les sommets, 25 ans après la victoire de Bernard Hinault sur le Tour de France avec des pédales automatiques Look.

Par Jean-Guillaume Langrognet