On vit vraiment un début de saison merveilleux. Et c’est aux classiques printanières, notamment, qu’on peut dire cela. A leurs héros et à leur façon de triompher. On savait Fabian Cancellara impressionnant et capable de tout sur une course qu’il avait particulièrement préparée. Il nous en a encore fait l’illustration sur le Tour des Flandres, la classique qui manquait à son palmarès, puis sur Paris-Roubaix, pour le fun et avec une manière qu’on n’est pas près d’oublier ! C’est clair que les deux exploits de Fabian Cancellara auront marqué la saison 2010, si ce n’est plus. On aura l’occasion d’y revenir en fin de saison car les images des envolées solitaires du champion de Suisse resteront grandement associées à cette année cycliste particulièrement riche. Comme quoi il n’y a pas qu’Armstrong dans le peloton pour faire vibrer les foules.

La manière à laquelle Fabian Cancellara a tué le suspense dans un cyclisme contemporain qui n’était plus habitué à cela a sans doute perturbé les adeptes des courses indécises jusqu’à la dernière minute. Mais on n’ira certainement pas blâmer le champion helvétique pour une telle audace. Certes, on peut avoir le sentiment qu’à partir du moment où Fabian Cancellara a mis les gaz, toujours à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée, la course était pliée. Mais il fallait tout de même oser le faire, ce que peu de coureurs, pour ne pas dire aucun, se seraient permis de tenter, ne serait-ce même que dans leurs rêves. Le champion n’a pas eu froid aux yeux. Attaquer seul et si tôt dans le Ronde ou Paris-Roubaix relevait de la folie. Aller chercher la victoire de cette manière relève de la magie.

Fabian Cancellara a donc remis au goût du jour les grandes échappées épiques dont les livres d’Histoire du cyclisme sont friands. Nul ne sait si cela inspirera d’autres champions à s’écarter des sentiers battus car autant dire que rares sont ceux à pouvoir réaliser ce qu’a fait le Suisse sur les Flandriennes. Dans un tout autre registre, Philippe Gilbert jongle aussi bien avec les classiques pavées qu’avec les classiques vallonnées. Comme Cancellara vainqueur de deux Paris-Roubaix, d’un Milan-San Remo et d’un Tour des Flandres, il compte à présent quatre classiques à son palmarès avec deux Paris-Tours, un Tour de Lombardie et une Amstel Gold Race. S’il fallait estimer la qualité de la campagne des classiques 2010 à la hauteur de leurs triomphateurs (n’oublions pas le triplé d’Oscar Freire sur Milan-San Remo), on inscrirait tout de suite cette période sur les pages les plus dorées des annales du cyclisme. Et deux monuments restent à disputer cette semaine, la Flèche Wallonne ce merdredi, Liège-Bastogne-Liège dimanche…