Et de trois ! Pour la troisième fois de sa carrière, l’Espagnol Alberto Contador (Astana) a donc gravi les marches qui mènent au plus beau des sommets de l’année, celui du podium du Tour de France dressé dimanche au milieu des Champs-Elysées. Un triplé sur le Tour, voilà qui fait entrer le grimpeur ibérique dans le gotha car ils ne sont guère nombreux à avoir réussi cette passe de trois. Contador lauréat des trois derniers Tours de France auxquels il a pris part – sa formation Astana n’avait pas été retenue par les organisateurs en 2008 en représailles des dérives d’Alexandre Vinokourov un an plus tôt – est-on alors parti pour vivre une nouvelle domination à la manière de celles qui ont marqué chacune des décennies cyclistes ? On a bien envie de penser que non, et que le règne sans partage d’El Pistolero ne tient seulement qu’à un fil.

Certes, Alberto Contador possède à présent trois Tours de France à son palmarès, comme Philippe Thys (1913, 1914, 1920), comme Louison Bobet (1953, 1954, 1955), comme Greg LeMond (1986, 1989, 1990). Mais si l’on observe d’un peu plus près la manière avec laquelle ont été construits chacun de ses succès, on est loin du stéréotype du collectionneur indétrônable de victoires dans la Grande Boucle. En 2007, Alberto Contador n’avait obtenu la victoire qu’après la sortie forcée, à tritre jours de Paris, d’un Michael Rasmussen aux performances dérangeantes. Il n’avait préservé au classement général que 23 secondes d’avance sur Cadel Evans et 31 secondes sur Levi Leipheimer.

En 2009, c’est avec davantage d’autorité et dans un contexte pour le moins délétère, avec la présence de Lance Armstrong et ses sbires dans ses propres rangs, que le grimpeur espagnol était allé chercher le Maillot Jaune. Certainement que le duel interne avec le septuple vainqueur du Tour de France avait donné un vrai coup de fouet à Alberto Contador, vainqueur très net à Paris où il avait repoussé Andy Schleck de 4’11 » et Lance Armstrong de 5’24 ». Mais les années se suivent sans tout à fait se ressembler et il s’en sera fallu de peu (que serait-il advenu du résultat final de ce Tour sans le pépin mécanique de Schleck dans le Port de Balès…) pour que le champion espagnol ne soit défait sur son terrain de jeu. Avec 39 secondes d’avance à l’arrivée à Paris, Contador a enregistré le cinquième écart le plus faible entre un vainqueur et son dauphin, lui qui détenait déjà le deuxième écart du genre sur le Tour 2007. Voilà donc trois victoires, certes, mais tout parallèle avec l’ère Armstrong est à proscrire. Les jeux sont plus que jamais ouverts !