Grégory, la tenue de Championnats du Monde en France change-t-elle véritablement quelque chose ? 
Oui, j’étais athlète en 2006 lors des derniers Mondiaux organisés en France à Bordeaux. Je sais tout ce qui m’avait fait défaut. Je pense que ce ne sera pas le cas à Saint-Quentin-en-Yvelines. Il y a les amis, la famille. L’excitation n’est pas non plus la même que lors de Championnats du Monde disputés à l’étranger. On est bien dans nos têtes du moins je le suis. Le plus important était de s’entraîner dur en individuel et par équipes.

Êtes-vous de retour à votre meilleur niveau ?
Je me suis bien préparé. J’essaye d’être dans le même état d’esprit qu’entre 2009 et 2012 quand j’ai gagné mes titres. Je sais ce qui est le plus important sur cette période, c’est ce que j’essaye de faire. J’ai observé un break après les Jeux Olympiques de Londres, après toutes les déceptions et tous les problèmes que nous avons eus. J’ai décidé de revenir parce que j’avais faim, j’avais envie de victoires, de sensations. J’avais envie de me frotter à des personnes qui pensent être plus fortes que moi. L’objectif, c’est les Jeux Olympiques et rien d’autre.

Ce sentiment de revanche vous fait-il avancer ?
Je n’ai rien à prouver à qui que ce soit ! J’ai toujours eu confiance en moi même si ça n’a pas toujours été le cas autour de moi. J’ai déjà fait pas mal de choses, mais j’ai envie de devenir champion olympique. C’est quelque chose que l’on ne m’enlèvera pas. Je vais tout donner.

Cette année a pourtant amorcé votre retour avec votre victoire en vitesse par équipes en Coupe du Monde et le titre en vitesse individuelle aux Championnats d’Europe.
Le titre européen, c’était super. C’était un beau Championnat, qui plus est en Guadeloupe avec la chaleur. D’habitude, je faisais l’impasse parce qu’il faisait froid puisque c’était organisé dans les pays de l’Est (il rit) ! Bien sûr, cela met encore un peu plus de confiance puisque depuis 2012, le niveau a augmenté. Les adversaires progressent. En France aussi. En Coupe du Monde, on gagne la vitesse par équipes et le classement général de la Coupe du Monde. Ça faisait longtemps que cela ne nous était pas arrivé. Ça nous met en confiance.

Vous considérez-vous pour autant comme un favori pour l’épreuve de vitesse individuelle ?
Non, j’aborde ces Mondiaux dans la position de challenger. Je ne suis que champion d’Europe. Sur la dernière manche de Coupe du Monde, je réalise le 11ème temps des qualifications et je me fais sortir au deuxième tour. Ce n’est peut-être pas le même Baugé d’il y a quelques années.

Vos adversaires vous regardent-ils toujours différemment ?
C’est à moi de me servir de tout ça. Je vois toutes ces petites choses. Je les sens. Ça m’aide encore plus. Quand les adversaires te regardent différemment, ça veut dire qu’ils partent en position d’infériorité. On a deux manches sur la piste, mais un match se joue aussi avant, par des regards, même dans la chambre d’appel. Il ne suffit pas d’aller vite. C’est pourquoi je me dis que l’expérience est importante. C’est quelque chose que l’on ne peut pas acheter.

Propos recueillis à Saint-Quentin-en-Yvelines le 27 janvier 2015.