Le tracé 2009 du Tour d’Espagne avait complètement snobé le massif pyrénéen. Le voici de retour cette année le temps d’une courte journée puisque la onzième étape de la Vuelta, qui relie Vilanova i la Geltru et Andorre Vallnord (208,4 km), sera l’unique occasion de voir les coureurs de la ronde ibérique dans les Pyrénées. Une seule étape du genre et une seule difficulté au programme de la journée puisque, au bout de la longue route séparant la côte méditerranéenne du premier haut sommet de la compétition, perché à 1900 mètres d’altitude, seule la montée finale vers la station andorrane de Pal permettra à la course du jour d’entrer dans la catégorie des étapes de montagne. A l’arrivée, ce sont 9,9 kilomètres à 6,5 %, précédés d’un long faux-plat, qu’il faudra gravir pour planter les premières banderilles au général.

Jusqu’ici, il nous a déjà été donné de noter plusieurs enseignements. Sans que les dix premiers jours de course aient présenté de gros reliefs, les profils ont été suffisamment escarpés, les courses suffisamment sélectives, pour que déjà se soit avancée une petite poignée de candidats plausibles à la victoire finale. Exit un coureur comme Denis Menchov (Rabobank), pas tout à fait encore des garçons comme Frank Schleck (Team Saxo Bank) et Carlos Sastre (Cervélo TestTeam). L’incertitude règne toujours sur le cas de grimpeurs comme Ezequiel Mosquera (Xacobeo-Galicia) et Xavier Tondo (Cervélo TestTeam). Quant aux trois leaders du classement général, appelons-les comme ça eu égard aux quatre petites secondes qui les séparent ce matin, il est temps de voir ce dont ils sont capables en montagne.

Joaquin Rodriguez (Team Katusha), Igor Anton (Euskaltel-Euskadi) et Vincenzo Nibali (Liquigas-Doimo) sont attendus cet après-midi sur les pentes andorranes, que se mettent en tête d’atteindre les premiers le Français Mikaël Chérel (FDJ) et le Suisse Johann Tschopp (Bbox Bouygues Telecom), décidément un parfait animateur les jours où la route s’élève. Le courageux duo s’extrait du peloton au 51ème kilomètre. Il engrange aussitôt plusieurs minutes d’avance, un écart qui se fructifie au fil de la journée pour atteindre le quart d’heure. Mais le rythme s’intensifie à l’avant du peloton et Mikaël Chérel et Johann Tschopp, émoussés par une longue journée passée devant, butent finalement dans les premiers hectomètres de l’ascension finale. On va bel et bien avoir le droit à une explication à la régulière entre les principaux favoris.

Igor Anton auteur d’un superbe retournement de situation dans le final.

La première grande arrivée en altitude de ce 65ème Tour d’Espagne n’est pas la plus impressionnante au programme. On commence en douceur, sur des pentes à la difficulté moyenne. On gardera les forts pourcentages pour plus tard. Toutefois, la montée finale doit tout de même permettre d’en savoir plus sur les qualités des uns et des autres. A 4500 mètres du but, Ezequiel Mosquera décide d’en finir avec une ascension au train. Il démarre brutalement et contraint le leader du classement général Joaquin Rodriguez à se découvrir. Le Catalan ne tergiverse pas longtemps en effet, il emboîte le pas au grimpeur galicien, suivi comme son ombre par l’Italien Vincenzo Nibali. Moins prompt à réagir dans l’instant, le Basque Igor Anton part en contre avec un temps de retard mais ne parvient pas à rentrer sur le trio.

A ce moment précis de la course, il semble que les trois hommes de tête soient partis pour se disputer la victoire d’étape comme la première place du classement général. Or Joaquin Rodriguez, qui n’a pas l’aisance des grands grimpeurs, s’est brûlé les ailes en contrant Ezequiel Mosquera. Et soudain, à 3,5 kilomètres du sommet, il explose brusquement. Comme collé au bitume, il va falloir un petit moment au leader… dans le rouge pour reprendre son souffle. Puis vient le tour de Vincenzo Nibali, qui coince lui aussi dans la roue d’Ezequiel Mosquera à 2,8 kilomètres de l’arrivée. De son poste arrière, Igor Anton a tout vu. Régulier dans l’effort, il rejoint un à un chacun de ses devanciers et les dépose aussi sec. Il insiste encore, recolle à la roue de Mosquera et l’attaque sous la flamme rouge pour aller chercher la victoire d’étape.

Auteur d’un superbe retournement de situation dans les 4 derniers kilomètres de l’ascension d’Andorre, Igor Anton décroche son second succès d’étape sur cette Vuelta et se réapproprie surtout le Maillot Rouge de leader. Au sommet, il précède Ezequiel Mosquera de 3 secondes, Xavier Tondo auteur d’un grand final de 10 secondes, un garçon à suivre du nom de Rigoberto Uran (Caisse d’Epargne) de 16 secondes. Vincenzo Nibali termine avec Frank Schleck et David Moncoutié (Cofidis) à 23 secondes, Carlos Sastre perd 32 secondes. Quant à Joaquin Rodriguez, il débourse 59 secondes et montre ses limites en haute montagne. Le classement général se retrouve beaucoup plus clarifié encore, Igor Anton prenant à présent un net avantage. Mais la route est encore longue, très longue, d’ici à Madrid.

Demain jeudi, la douzième étape se disputera entre Andorre-la-Vielle et Lleida (172,5 km).
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Classement 11ème étape :

1. Igor Anton (ESP, Euskaltel-Euskadi) les 208,5 km en 5h25’44 »
2. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) à 3 sec.
3. Xavier Tondo (ESP, Cervélo TestTeam) à 10 sec.
4. Marzio Bruseghin (ITA, Caisse d’Epargne) à 15 sec.
5. Rigoberto Uran (COL, Caisse d’Epargne) m.t.
6. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) à 23 sec.
7. Frank Schleck (LUX, Team Saxo Bank) m.t.
8. David Moncoutié (FRA, Cofidis) m.t.
9. Inigo Cuesta (ESP, Cervélo TestTeam) à 32 sec.
10. Carlos Sastre (ESP, Cervélo TestTeam) m.t.
Classement complet

Classement général :

1. Igor Anton (ESP, Euskaltel-Euskadi) en 47h37’15 »
2. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) à 45 sec.
3. Xavier Tondo (ESP, Cervélo TestTeam) à 1’04 »
4. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 1’17 »
5. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) à 1’29 »
6. Marzio Bruseghin (ITA, Caisse d’Epargne) à 1’57 »
7. Ruben Plaza (ESP, Caisse d’Epargne) à 2’07 »
8. Rigoberto Uran (COL, Caisse d’Epargne) à 2’14 »
9. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) à 2’30 »
10. Frank Schleck (LUX, Team Saxo Bank) m.t.
Classement complet

Classement par points :

1. Igor Anton (ESP, Euskaltel-Euskadi) 75 pt
2. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 61 pt
3. Mark Cavendish (GBR, Team HTC-Columbia) 60 pt
4. Tyler Farrar (USA, Garmin-Transitions) 56 pt
5. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) 56 pt
6. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 54 pt
7. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) 48 pt
8. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) 37 pt
9. Yauheni Hutarovich (BLR, FDJ) 33 pt
10. Daniele Bennati (ITA, Liquigas-Doimo) 33 pt

Classement de la montagne :

1. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 41 pt
2. Serafin Martinez (ESP, Xacobeo-Galicia) 36 pt
3. Gonzalo Rabuñal (ESP, Xacobeo-Galicia) 25 pt
4. Igor Anton (ESP, Euskaltel-Euskadi) 15 pt
5. Xavier Tondo (ESP, Cervélo TestTeam) 11 pt
6. Christophe Le Mével (FRA, FDJ) 10 pt
7. Oscar Pujol (ESP, Cervélo TestTeam) 10 pt
8. Johann Tschopp (SUI, Bbox Bouygues Telecom) 10 pt
9. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) 10 pt
10. Dario Cataldo (ITA, Quick Step) 8 pt

Classement par équipes :

1. Caisse d’Epargne (ESP) en 142h20’37 »
2. Team Katusha (RUS) à 6’01 »
3. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 8’04 »
4. Cervélo TestTeam (SUI) à 10’01 »
5. Omega Pharma-Lotto (BEL) à 12’05 »
6. Ag2r La Mondiale (FRA) à 13’06 »
7. Xacobeo-Galicia (ESP) à 14’21 »
8. Liquigas-Doimo (ITA) à 24’42 »
9. Astana (KAZ) à 28’31 »
10. Lampre-Farnese Vini (ITA) à 31’07 »