Quelques mois avant d’accueillir les meilleurs coureurs de sous-bois pour sa manche de Coupe du Monde de cyclo-cross devenue pratiquement incontournable, la Citadelle de Namur sera aujourd’hui le théâtre d’une belle bataille entre les pros. Le GP de Wallonie s’offre comme lieu d’arrivée cette colline qui surplombe la Meuse et fait coup double : un cadre historique splendide, mais aussi une arrivée exigeante. Bien sûr ce n’est rien comparé au terrible mur de Huy, juge de paix de grande sœur. Mais quelque part, ce n’est pas plus mal. Les trois derniers kilomètres sont suffisamment exigeants pour voir du beau spectacle, mais n’écartent pas d’office les hommes dotés d’une belle pointe de vitesse. Les victoires de Julien Simon (Sojasun) l’an dernier et de Paul Martens (Belkin) en 2010 sont là pour le montrer.

Comme pour la Flèche Wallonne, difficile d’échapper à une course de côte. Cette édition 2013 fera néanmoins exception à la règle et ceux qui se disputeront la victoire se dévoileront bien avant les trois derniers kilomètres, ceux de la Route Merveilleuse qui porte définitivement bien son nom. La faute à qui ? À l’automne qui a pris ses quartiers avec un peu d’avance dans le plat pays. La pluie et surtout le vent vont jouer un rôle primordial dans le final.

Mais le vainqueur ne sera pas Kevin Claeys (Crelan-Euphony), Roy Curvers (Argos-Shimano), Arnaud Gérard (Bretagne-Séché Environnement), Romain Hardy (Cofidis), Vincent Jérôme (Team Europcar), Christopher Juul-Jensen (Team Saxo-Tinkoff), Olivier Le Gac (FDJ.fr), Niki Terpstra (Omega Pharma-Quick Step), Frederik Veuchelen (Vacansoleil-DCM) ou Lawrence Warbasse (BMC Racing Team). Ceux-là ayant quitté le peloton en fin de matinée, après le départ donné dans la ville thermale de Chaudfontaine, en plein cœur des Ardennes. Leur escapade prendra cependant fin brutalement, à 40 kilomètres de l’arrivée, alors que le ciel s’est considérablement assombri et que le vent s’est levé.

Les conditions difficiles vont définitivement écarter ceux dont les sensations ne sont pas au top. L’allure est vive et il faut attendre que le paquet passe la pancarte annonçant les 25 derniers kilomètres pour que la course s’emballe. A priori, compte tenu du passé de la course, la tentative de Jan Bakelants (RadioShack-Leopard) qui évolue sous le maillot de l’équipe nationale (son équipe ayant décidé de ne participer qu’aux épreuves WorldTour jusqu’à la fin de la saison), du local Edwig Cammaerts (Cofidis) et de Mathias Frank (BMC Racing Team) ne doit pas inquiéter outre mesure les favoris. Le Namurois de la formation nordiste va vite lâcher prise, mais est remplacé numériquement par… Thomas Voeckler (Team Europcar).

L’Alsacien est réputé pour son sens de la course et pour son flair. Il ne va pas faillir à sa réputation, car le bon coup est là. Même si Mathias Frank ne donnera pas un relais et même si le peloton se rapprochera à 13 secondes des fuyards. La chasse n’est pas franche à l’arrière et plusieurs petits groupes sortent, profitant de la mésentente dans le peloton. Le trio de tête aborde l’ascension vers la Citadelle avec une vingtaine de secondes d’avance sur leurs plus proches poursuivants et une petite minute sur le peloton réduit à une trentaine d’unités. Frank affiche vite ses limites et dans le dernier kilomètre, Bakelants et Voeckler vont en découdre.

Cette arrivée est atypique : la route comprenant quelques pavés est étroite, et sur le haut, les virages se multiplient. Le placement est donc primordial et celui qui veut s’imposer doit prendre des risques dans les courbes. Dans le dernier virage, les deux hommes sont littéralement au coude à coude, mais c’est le Belge qui sort en tête. Voeckler contraint de stopper son effort voit filer le vainqueur surprise de l’étape d’Ajaccio sur le Tour, remporter ce beau succès… trois jours après avoir été défait d’un cheveu au Tour du Doubs par Aleksejs Saramotins. Espérons que cette malédiction cesse avant Florence.

Classement :

1. Jan Bakelants (BEL, RadioShack-Leopard)
2. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar)
3. Mathias Frank (SUI, BMC Racing Team)
4. Florian Vachon (FRA, Bretagne-Séché Environnement)
5. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step)
6. Tom Dumoulin (PBS, Argos-Shimano)
7. Zico Waeytens (BEL, Topsport Vlaanderen-Baloise)
8. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step)
9. Julien Simon (FRA, Sojasun)
10. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team)