Dire que Nacer Bouhanni (Cofidis) commençait à trouver le temps long serait un lieu commun. Sprinter nez dans le guidon sans plus aucune roue à aller chercher devant soi, prendre soin de se retourner pour observer derrière son épaule la mine déconfite de ses adversaires désarmés, puis se redresser quelques mètres avant la ligne blanche pour lever dans le ciel d’un bleu éclatant deux doigts triomphants. Voilà un rituel que le sprinteur vosgien n’avait plus accompli depuis la fin du mois d’août dernier et son second succès d’étape sur le Tour d’Espagne. Il y a déjà plus de sept mois !

Depuis, il y a eu un changement d’équipe et une mutation chez Cofidis, la formation nordiste qui voyait en lui l’homme providentiel pour ramener des victoires (onze la seule saison dernière). Mais Bouhanni a tardé. Lui qui avait toujours gagné tôt, à la Tropicale Amissa Bongo en 2011, à l’Etoile de Bessèges en 2012 et 2014, au Tour d’Oman en 2013, a dû repousser l’échéance course après course pour se présenter au départ du Circuit de la Sarthe avec l’espoir d’accrocher enfin le succès qui débloquerait une situation de plus en plus préoccupante.

En des temps plus ordinaires, la victoire de Nacer Bouhanni au terme des 188,2 kilomètres d’une procession printanière entre Sablé-sur-Sarthe (Sarthe) et Varades (Loire-Atlantique) n’aurait été qu’une formalité. La concurrence au sprint est moindre que les années passées, mais la nervosité qui anime la formation Cofidis toujours en quête de sa première victoire brouille les cartes. Et pourtant, l’équipe nordiste doit assumer seule ou presque une poursuite des plus délicates tandis que trois hommes occupent la tête de course depuis le départ : Jacques Janse Van Rensburg (MTN-Qhubeka), Romain Lemarchand (Cult Energy) et Carlos Ramirez (Colombia). Le trio, auquel personne n’a semblé opposer de résistance, s’est porté près de douze minutes devant. Avec des effectifs réduits au Circuit de la Sarthe à un leader et cinq équipiers, il faudra batailler ferme pour aller chercher, en vue de la flamme rouge, les animateurs du jour !

L’équipe Cofidis tout entière s’est liguée autour de Nacer Bouhanni. A Loïc Chétout, Luis-Angel Mate et Christophe Laporte, qui ont bossé tout l’après-midi, doit venir prêter main forte Dominique Rollin, pourtant réservé pour le train final, à 20 kilomètres de l’arrivée. Dans le dernier kilomètre Nacer Bouhanni ne disposera plus que de Geoffrey Soupe pour le mettre sur orbite. Ce sera suffisant. Lorsque le poisson-pilote s’écarte aux 200 mètres, c’est un boulevard qui s’ouvre devant le Vosgien, qui s’en va conquérir à Varades son tout premier succès de la saison. Devant Nathan Haas (Cannondale-Garmin) et Raymond Kreder (Team Roompot). Le soleil de Cofidis rayonne enfin de nouveau, comme le sourire devenu si discret sur le visage de Nacer Bouhanni, qui aura demain matin une seconde occasion de valider son retour aux affaires.

Demain matin en effet, les coureurs relieront Varades à Angers (83,9 km).

Classement 1ère étape :

1. Nacer Bouhanni (FRA, Cofidis) les 188,2 km en 4h32’27 » (41,4 km/h)
2. Nathan Haas (AUS, Cannondale-Garmin) m.t.
3. Raymond Kreder (PBS, Team Roompot) m.t.
4. Aleksei Tcatevich (RUS, Team Katusha) m.t.
5. Tony Hurel (FRA, Team Europcar) m.t.
6. Thomas Boudat (FRA, Team Europcar) m.t.
7. Armindo Fonseca (FRA, Bretagne-Séché Environnement) m.t.
8. Carlos Ramirez (COL, Colombia) m.t.
9. Enrique Sanz (ESP, Movistar Team) m.t.
10. Russell Downing (GBR, Cult Energy) m.t.

Classement général :

1. Nacer Bouhanni (FRA, Cofidis) en 4h32’17 »
2. Romain Lemarchand (FRA, Cult Energy) à 1 sec.
3. Nathan Haas (AUS, Cannondale-Garmin) à 4 sec.
4. Jacques Janse Van Rensburg (AFS, MTN-Qhubeka) m.t.
5. Raymond Kreder (PBS, Team Roompot) à 6 sec.
6. Carlos Ramirez (COL, Colombia) à 7 sec.
7. Aleksei Tcatevich (RUS, Team Katusha) à 10 sec.
8. Tony Hurel (FRA, Team Europcar) m.t.
9. Thomas Boudat (FRA, Team Europcar) m.t.
10. Armindo Fonseca (FRA, Bretagne-Séché Environnement) m.t.