Pour tous ceux qui se présentent aujourd’hui sur la ligne de départ du Grand Prix de Montréal, il n’est pas aisé de partir à l’assaut du circuit de 12,1 kilomètres après le numéro dont nous a encore gratifié Philippe Gilbert (Omega Pharma-Lotto) il y a deux jours. Vainqueur « facile » du Grand Prix de Québec, le numéro un mondial est encore l’homme à vaincre sur le tracé montréalais, que l’on estime plus difficile encore que celui de Québec. Ici, sur un parcours qui emprunte les larges avenues bordant le parc du Mont Royal, les montées sont plus longues et par définition plus propices aux différences. Il suffit de repenser à la victoire de Robert Gesink il y a un an pour affirmer que le Grand Prix de Montréal est encore plus sélectif. Et pourtant, malgré un tour de plus à couvrir cette année (dix-sept boucles aujourd’hui), ce sera moins flagrant qu’il y a un an.

D’abord, l’épreuve canadienne va longtemps rester focalisée sur l’échappée de quatre concurrents partis à l’assaut dès les premiers tours. Ces quatre attaquants matinaux ne sont pas des moindres puisqu’il s’agit de Yukiya Arashiro (Team Europcar), Danilo Di Luca (Team Katusha), Anthony Geslin (FDJ) et Danny Pate (HTC-Highroad). Les tours s’enchaînent, les ascensions des côtes Camilien-Houde (1800 mètres à 8 %) et de la Polytechnique (780 mètres à 6 %) reviennent, mais le peloton tarde à organiser la poursuite. Tout du moins, si l’avance des quatre hommes de tête ne dépasse pas les six minutes, ceux qui les traquent ne s’empressent pas de rentrer. On joue un peu au chat et à la souris, ce qui provoque un regroupement tardif à moins de 30 kilomètres de l’arrivée du Grand Prix de Montréal.

Il ne reste que deux tours aux favoris pour se découvrir, ce qui ne semble pas être la volonté de Philippe Gilbert, surpris dans un premier temps par une attaque massive. Le Canadien David Veilleux (Team Europcar) met notamment le feu aux poudres à 25 kilomètres de l’arrivée. D’autres enquillent : Danielson, Dumoulin, Faria Da Costa, Hoogerland, Reda, Salerno, Stangelj, Tuft, Weening… L’échappée gagne un peu de terrain mais entame le dernier tour de circuit sous la menace d’un retour du peloton. En fait, tous vont être revus, à l’exception du Portugais Rui-Alberto Faria Da Costa (Movistar Team), qui insiste encore dans la côte Camilien-Houde avant de recevoir le soutien de Stefan Denifl (Team Leopard-Trek) et Pierrick Fédrigo (FDJ) au pied de la côte de la Polytechnique, à 6 kilomètres de l’arrivée.

C’est donc un trio qui défie le peloton dans les kilomètres ramenant tout le monde vers la ligne d’arrivée. Les trois hommes de tête collaborent bien. Aucun grand favori ne se trouve à l’avant mais quand Robert Gesink (Rabobank) ou Samuel Sanchez (Euskaltel-Euskadi) s’agitent à l’arrière, Philippe Gilbert est dans les roues et personne n’insiste. La tête de course vire donc dans la ligne droite finale, où le sprint va principalement opposer Rui-Alberto Faria Da Costa à Pierrick Fédrigo. A l’issue d’une saison qui n’a pas répondu à ses attentes, le Marmandais n’a plus l’énergie nécessaire pour contester le succès au Portugais, un ton au-dessus dans les 25 derniers kilomètres. Resté à couvert tout au long de la journée, Philippe Gilbert sort trop tard du peloton, aux 400 mètres. Il termine sur les talons des échappés pour rafler la 3ème place.

Classement :

1. Rui-Alberto Faria Da Costa (POR, Movistar Team) les 205,7 km en 5h20’16 »
2. Pierrick Fédrigo (FRA, FDJ) m.t.
3. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 2 sec.
4. Jurgen Roelandts (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
5. Stefan Denifl (AUT, Team Leopard-Trek) m.t.
6. Daniele Pietropolli (ITA, Lampre-ISD) m.t.
7. Marco Marcato (ITA, Vacansoleil-DCM) m.t.
8. Arthur Vichot (FRA, FDJ) m.t.
9. Rinaldo Nocentini (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
10. Fabian Wegmann (ALL, Team Leopard-Trek) m.t.