Un ciel gris, des températures à peine positives, une pluie froide : bienvenue en Flandre ! C’est une météo typiquement belge qui attend les coureurs, pour A Travers la Flandre, la première d’une longue série de classiques. Si la météo est moins chaotique qu’elle ne l’a été ce week-end, que ce soit à San Remo ou sur la Classic Loire-Atlantique, elle n’est pas franchement accueillante. Les coureurs attendent le dernier moment pour descendre du bus et se rendre sur la ligne de départ à Roulers pour se lancer à l’assaut des 200 kilomètres de cette première semi-classique flandrienne. La ligne d’arrivée est tracée non loin de là, à Waregem, à proximité du stade Arc-en-Ciel qui héberge l’équipe locale de football, 2ème du Championnat belge. De maillot arc-en-ciel il n’y a point au départ, l’équipe du champion du monde ayant décliné l’invitation.

Pendant de longs kilomètres, le peloton va tournicoter en Flandre et découvrir les premières difficultés après une centaine de kilomètres. Le départ est extrêmement rapide, et l’échappée peine à se dégager. Quatorze hommes parviendront à s’extraire peu avant la première difficulté, le Nieuwe Kwaremont. Il y a là Wouter Mol et Frederik Veuchelen (Vacansoleil-DCM), Nico Sijmens et Romain Zingle (Cofidis), Assan Bazayev (Astana), Matt Brammeier (Champion System), Yohann Gène (Team Europcar), Mathew Hayman (Team Sky) Christopher Juul-Jensen (Team Saxo-Tinkoff), Danilo Napolitano (Accent Jobs-Wanty), Aleksejs Saramotins (IAM Cycling), Tom Stamsnijder (Argos-Shimano), Gert Steegmans (Omega pharma-Quick Step) et Tosh Van Der Sande (Lotto-Belisol).

Les fuyards ne prennent pas le large et la course est mouvementée. Après quelques escarmouches dans le groupe de tête, la sélection s’opère dans le Steenbeekdries. Hayman, Saramotins et Steegmans s’isolent devant tandis que Bjorn Thurau (Team Europcar) tente de rejoindre seul la tête.

Les conditions sont toujours très mauvaises. La neige qui apparaît par certains endroits sur le bord des routes rappelle que la Nokere Koerse a été annulée pour cause d’enneigement il y a sept jours. Les routes sont très boueuses et glissantes. Les chutes se multiplient et la plus sérieuse intervient dans l’Eikenberg quand Jack Bauer (Garmin-Sharp) et Gatis Smukulis (Team Katusha) se retrouvent dans le fossé. Si jusque-là la course est on ne peut plus intense et débridée grâce à l’absence des oreillettes, les attaques des principaux favoris tardent à arriver. Il faut attendre la côte de Trieu pour assister aux premiers mouvements. Ian Stannard (Team Sky), très en vue dimanche sur Milan-San Remo, secoue le peloton et provoque une première sélection.

Ils sont une quinzaine dans ce groupe à se présenter dans ce qui sera l’enchaînement décisif du prochain Tour des Flandres. Dans la deuxième partie du Vieux Quaremont, Stijn Vandenbergh (Omega Pharma-Quick Step) use de toute sa puissance pour revenir seul sur Hayman, qui s’était débarrassé de ses deux compagnons un peu plus tôt. Mais le groupe de poursuite revient progressivement et opère la jonction après le Paterberg. Borut Bozic et Maxim Iglinskiy (Astana), Mathew Hayman et Ian Stannard (Team Sky), Nikolas Maes et Stijn Vandenbergh (Omega Pharma-Quick Step), Oscar Gatto (Vini Fantini-Selle Italia), Jens Keukeleire (Orica-GreenEdge), Mirko Selvaggi (Vacansoleil-DCM) et Thomas Voeckler (Team Europcar) sont presque assurés de se disputer la victoire, même s’il reste encore une trentaine de kilomètres à parcourir.

Sans réellement s’entendre, les dix hommes préservent leur avance et abordent ensemble la dernière difficulté du jour : le Nokereberg. Malgré une accélération de Keukeleire dans la montée, tout se décidera après le sommet. Thomas Voeckler place une accélération dont il a le secret. Bien qu’il soit extrêmement surveillé, le Français, malin comme un singe, parvient à s’isoler. Il reste moins de 7 kilomètres à parcourir et l’Alsacien grimaçant donne tout. L’écart monte rapidement et approche les 20 secondes. On imagine alors Voeckler réitérer à Waregem son exploit d’Overijse lors de la dernière Flèche Brabançonne. Mais le groupe de chasse n’a pas dit son dernier mot. Ian Stannard effectue en tête un travail titanesque pour revoir le Français. Le héros du Tour de France 2011 est repris à quelques mètres de la ligne. C’est un petit groupe qui se présente aux abords du stade Arc-en-ciel. Borut Bozic part favori, mais c’est Oscar Gatto qui sprinte victorieusement. Le plus beau succès de l’Italien depuis sa victoire d’étape à Tropea sur le Tour d’Italie 2011 devant un certain Alberto Contador.

Classement :

1. Oscar Gatto (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) les 200 km en 4h43’40 » (42,3 km/h)
2. Borut Bozic (SLO, Astana) m.t.
3. Mathew Hayman (AUS, Team Sky) m.t.
4. Mirko Selvaggi (ITA, Vacansoleil-DCM) m.t.
5. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) m.t.
6. Nikolas Maes (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
7. Jens Keukeleire (BEL, Orica-GreenEdge) m.t.
8. Maxim Iglinskiy (KAZ, Astana) m.t.
9. Ian Stannard (GBR, Team Sky) à 4 sec.
10. Stijn Vandenbergh (BEL, Omega Pharma-Quick Step) à 24 sec.