Alexandre, vous sortez avec votre équipe d’un début de saison victorieux, comment allez-vous ?
Les jambes sont très bonnes depuis le Tour Méditerranéen. Avec les conditions climatiques du Challenge de Majorque et du Tour Med, on a eu six jours de course dans des températures très fraîches. J’ai attrapé un peu de mal avec la neige mais je pense que les jambes sont toujours là. Elles n’ont pas dû s’envoler comme ça. La motivation est toujours intacte donc ça devrait aller.

La victoire de Jonathan Tiernan-Locke au Tour Méditerranéen était une surprise pour tout le monde, comment l’avez-vous vécue ?
Dans l’équipe, on y croyait vraiment. Nous connaissions ses qualités, nous connaissions celles des coureurs qui l’entouraient. Nous nous sentions forts, nous savions que nous pouvions le faire. On a bénéficié de cet effet de surprise car personne ne connaissait Jon. Personne ne nous attendait à ce niveau-là, nous nous en sommes servis. Aujourd’hui il faut confirmer car on va nous attendre, mais ça ne nous fait pas vraiment peur. C’est surtout une source de motivation.

L’ambition de l’équipe est-elle de rejoindre le niveau du dessus l’an prochain ?
C’est ma troisième année dans cette équipe, que j’ai vu naître. Depuis le début, le staff et les gens autour ont cette ambition de grandir progressivement. Ils veulent faire les choses bien, prendre le temps, ne pas se précipiter. Bien évidemment, tout le monde rêve d’un accès en 2ème division, depuis laquelle nous pourrions envisager disputer un Grand Tour. Pour cela nous espérons trouver un cosponsor l’an prochain pour nous permettre de monter d’une catégorie. C’est passé très près encore cette année mais ça ne s’est pas fait.

Vous semblez vous plaire dans cette équipe ?
Nous bénéficions d’un certain confort en 3ème division. On fait notre trou petit à petit et on espère côtoyer plus souvent le niveau WorldTour un jour. Le problème d’être en 3ème division, c’est qu’on construit des coureurs mais qu’on les perd en cours de route. C’est le cas de Jack Bauer. Ça pourrait être celui de Jon après ses résultats récents. Il a déjà été contacté après le Tour Med, ce qui est énorme. Nous faisons notre bout de chemin et on espère que ça va continuer à grandir.

Quel sera votre programme ?
Nous serons au Tour de Normandie, malgré une petite ambiguïté à un moment donné. J’y ai un titre à défendre, c’est l’un de mes premiers objectifs, même si mon principal objectif reste le Tro Bro Leon. Nous avons aussi un petit calendrier belge sur le mois à venir et un calendrier espagnol pour le deuxième front. Nous courons un peu partout, avec des portes ouvertes. On va là où on nous invite.

La sélection d’équipes continentales sur une épreuve comme le Critérium International doit vous donner des idées ?
Oui, même s’il est plus difficile pour nous d’accéder à des courses françaises car nous sommes une équipe anglaise. Je sais que ça n’a pas plu à tout le monde que nous soyons présents sur le Tour Med. Nous avons répondu de la meilleure des manières, à la pédale, et c’est comme ça que nous ferons notre place. Si on ne nous ouvre pas les portes, nous les enfoncerons ! Nous voulons accumuler de plus en plus de courses 2.1 pour montrer que nous sommes là, que nous avons un effectif capable de courir à l’échelon supérieur, et pour attirer de nouveaux sponsors. Il nous manque juste un peu plus de support et de soutien financier.

C’est votre troisième saison chez Endura Racing, n’avez-vous pas été approché par un groupe sportif français ?
J’ai fait probablement ma meilleure saison professionnelle l’an dernier. Sachant qu’Endura ne monterait pas en 2ème division, j’espérais franchir un échelon supérieur. J’ai eu des touches avec des équipes françaises, mais seulement des équipes de 3ème division, donc au même niveau qu’Endura. Ça n’a rien été de concret et je ne voulais pas courir après des équipes qui ne portaient pas plus d’attention que cela à mon profil ni quitter une équipe qui a tout fait pour me garder. Je me réjouis d’avoir fait ce choix parce que ça tourne bien, on a gagné, et je fais vraiment partie d’un projet.

Jusqu’où va votre contrat ?
Je suis en fin de contrat comme tous les coureurs d’Endura Racing cette année. L’équipe est en fin de contrat. Nous n’avons qu’un an d’espérance de vie devant nous. Bien évidemment, tout le monde croit et espère que ça va continuer. C’est ce qui fait notre force, et ça fait partie du cyclisme actuel. Il faut prouver d’une saison sur l’autre que nous sommes là. On ne peut pas s’endormir un an.

Et si ça ne devait pas se faire ?
Retourner dans une grosse équipe française, ça me ferait plaisir, surtout que ça m’ouvrirait les portes de courses comme Paris-Roubaix qui me tiennent à cœur. Ça me permettrait aussi de participer un jour peut-être au Tour de France, qui est un rêve. Si Endura ne peut pas me proposer de poursuivre, j’aimerais bien revenir dans une équipe française. Je fais mon petit bout de chemin et nous verrons où le vent me portera.

Propos recueillis à Draguignan le 18 février 2012.