Nacer Bouhanni, Arnaud Démare, êtes-vous en forme, à deux jours de la course en ligne ? Vous êtes-vous acclimatés à la chaleur ?

N.B : Ma condition physique est bonne et c’est le plus important. L’acclimatation est un peu dure, le changement de météo entre la France et le Qatar est brutal. On ne peut pas se préparer à cette chaleur. J’ai fait Paris-Bourges,  Paris-Tours, il faisait 10-15 degrés, et j’habite dans l’est de la France. Mais je supporte bien la chaleur. J’ai fait trois heures de vélo jeudi, ça allait quand même. »

A.D : Oui, je pense. La chaleur va jouer mais ce sera pareil pour tout monde. Sur les premiers entraînements, ça s’est plutôt bien passé, on verra sur la durée. Pour m’habituer, j’ai fait un peu  plus de home-trainer à la maison, avec le chauffage, à 28-30 degrés. Après, ce  n’est pas du tout le même ressenti. J’ai bien vu que le cœur montait très  vite, ce qui n’est pas forcément le cas à la maison.

Nacer, quel bilan dressez-vous de votre saison, qui a connu des hauts et des bas ?

N.B : On fera le bilan dimanche. C’est l’une des saisons où je compte le moins de jours de course, ça peut être un atout à cette période de l’année. Je vais finir avec 66 jours de course, contre 77-80 les dernières saisons. J’ai eu des  hauts et des bas, tout le monde le sait, ça fait partie d’une carrière. Il faut  savoir se remobiliser, repartir de l’avant, c’est ce que j’ai réussi à faire.  J’ai onze victoires, dont quatre en WorldTour. Malheureusement, j’ai eu deux  déclassements dont le dernier, à Hambourg, m’a beaucoup déçu. Pour moi, c’était  injuste. Je  me suis fait voler. Beaucoup de personnes m’ont dit que  c’était un scandale. Je ne suis pas là pour critiquer d’autres sprinteurs qui  ont fait pire. Mais il y a eu cette année des sprints beaucoup plus houleux que  le petit écart que j’ai fait à Hambourg.

Peut-on dire qu’il y a deux équipes de France au sein de cette sélection ?

N.B : Deux équipes sont représentées en majorité (Cofidis et la FDJ, ndlr)  mais il n’y aura qu’une équipe de France. Il faudra collaborer, que les  consignes soient claires. Les médias aiment beaucoup parler de ça mais, si on  arrive à bien cohabiter, on peut avoir une grande équipe de France. C’est à Bernard Bourreau (le sélectionneur ndlr) de dire les choses. Au vu du nombre de sprinters dans chaque nation, je ne pense pas qu’on échappe à un sprint massif.  S’il y a du vent, on peut avoir une course très difficile avant d’arriver sur  le circuit, mais on peut imaginer 40.000 scénarios… Sur une distance  pareille, il ne faudra pas commettre d’erreur.

A.D : On fera tous les deux le sprint, c’est clair. Nacer est capable d’être champion du monde, moi aussi. Je souhaiterais qu’on soit les neuf de l’équipe dans les cinq derniers kilomètres mais je ne pense pas que ce sera le cas, donc  on s’adaptera sur le terrain. On va courir unis, parce qu’on a les moyens d’être champion du monde. Si on court ensemble, on a les moyens de faire une belle chose.

Arnaud, vous avez déjà connu la joie d’un titre mondial, chez les Espoirs. Expliquez-nous la différence avec une étape du Tour… 

A.D : Cela reste une course d’un jour, tout le monde va arriver prêt  physiquement, pas comme l’étape sur les Champs-Elysées après vingt jours. Par  sélections nationales, ça veut dire par exemple que Kristoff va devoir  apprendre à rouler avec d’autres équipiers. Il aura de très bons coureurs pour  l’emmener mais il n’a pas notre chance, d’avoir des repères. Je souhaite que ce  soit le meilleur qui gagne, un Français ou un autre. C’est tellement plus beau  quand on voit un coureur qui gagne à la pédale plutôt qu’un coureur qui tasse  pour empêcher un autre de gagner. Que ce soit une course digne d’un championnat du monde.