Christophe, vous sortez d’une année magique marquée par votre victoire d’étape à l’Alpe d’Huez sur le Tour de France. Comment avez-vous abordé la nouvelle saison ?
Avec beaucoup de confiance. Je suis très fier de ce que j’ai fait et de ce que l’équipe a réalisé en 2013. Cette année, je l’ai abordée un peu plus sereinement et avec de grandes ambitions. Bien sûr, le Tour de France restera l’événement majeur de la saison. Après, j’aimerais beaucoup aussi devenir champion de France, c’est un truc qui me tient à cœur. L’avantage, par rapport à l’année dernière et des soucis de dos qui avaient retardé mon début de saison, c’est que j’ai pu bien travailler cet hiver et que je vais être compétitif rapidement.

Le grand public va inexorablement vous attendre en juillet, vous y préparez-vous dans votre tête ?
Je ne tiens pas spécialement compte des attentes que l’on a après moi. Je travaille, je suis en confiance, je sais maintenant ce que je dois faire pour être en très bonne condition. Je me fixe déjà beaucoup d’objectifs personnels, je me concentre sur ça. Maintenant c’est légitime qu’on attende beaucoup de moi. C’était déjà le cas après ma victoire à Ax 3 Domaines en 2010, or j’ai mis trois ans à revenir sur le devant de la scène médiatique. J’essaie de tout faire pour que ça ne dure pas si longtemps cette fois. J’ai envie de bien faire, avec pour seule pression celle de vouloir bien faire.

Qu’est-ce qui vous avait fait défaut après votre victoire d’étape dans le Tour 2010 ?
Je me suis sans doute dit que j’étais arrivé et, inconsciemment, j’en ai peut-être fait un peu moins sur le vélo. C’est une possibilité. Ce que je sais aussi, c’est que j’ai eu des problèmes de dos qui m’ont pas mal handicapé ces deux dernières années. Je me disais alors que si je les résolvais, je n’aurais plus le droit de faire du vélo à 90 %. J’ai résolu ça l’hiver dernier en travaillant plus que les autres années, et ça a payé. Désormais je vais jouer ma carte à fond. C’est dans cette optique-là que je pars. Et je me sers de l’expérience de l’après-Ax 3 Domaines. Le vélo, c’est du travail : dès qu’on en fait moins, on est moins fort. C’est un sport ingrat qui vous fait vite revenir à la réalité. Ce n’est pas non plus une science exacte mais vous pouvez compter sur moi pour tout faire pour être performant cette année.

On vous sent déjà redescendu de votre nuage après votre été 2013…
Je n’ai pas vraiment le sentiment d’avoir été sur un nuage, même si ma victoire à l’Alpe a pris une ampleur incroyable médiatiquement. Jamais, en franchissant la ligne, je n’aurais imaginé l’envergure que ça allait prendre. Dans la demi-heure qui a suivi ma victoire, je m’en suis vite aperçu. Mais, au risque de vous décevoir, ce jour-là j’ai fait mon métier. Je savais que j’en étais capable et je me suis mis dans la position de gagner. C’est arrivé à l’Alpe d’Huez, où tout coureur français rêve de gagner, j’en suis vraiment très fier. Après le Tour de France, je m’étais mis en tête de gagner le Tour de Pologne (NDLR : il s’y est classé 3ème avec une victoire d’étape). Il m’a donc fallu rester sérieux. J’ai fait un minimum de critériums, précisément pour rester les pieds sur terre.

Vous évoquiez de nombreux objectifs personnels. Où souhaitez-vous performer cette saison ?
Etre champion de France est un rêve. Je ne connais pas encore le détail du circuit du Futuroscope, mais s’il est dur comptez sur moi pour tout mettre en œuvre pour essayer de gagner. Si ce n’est pas le cas, je ferai gagner un copain de l’équipe, ce qui me fera autant plaisir. Ma 3ème place au Tour de Pologne, alors que j’avais les jambes pour gagner, pour moi c’est un échec. Je souhaite là aussi réparer cet affront. Je sais désormais comment courir en WorldTour pour gagner. Je sais aussi que je peux jouer la gagne sur les courses par étapes d’une semaine, un format qui me correspond bien mieux que les Grands Tours.

Par où passera une année 2014 réussie ?
Etre très régulier avant tout. Ça a été le cas en 2013, même si je n’ai pas été au niveau que j’attendais en septembre. Des ambitions, j’en ai plein, mais c’est délicat de les annoncer comme ça. Dans l’idéal, aller chercher une nouvelle victoire d’étape au Tour de France, être champion de France, refaire un podium sur une course par étapes d’une semaine en WorldTour, accrocher un Top 10 sur les classiques ardennaises, pourquoi pas gagner le Critérium International, j’aime bien aussi des courses comme les Grand Prix de Québec et Montréal…

Ça fait beaucoup d’objectifs…
Et c’est pourquoi je n’aime pas trop les annoncer. Pour un peu je ne vais rien gagner et vous viendrez me poser des questions en fin d’année. J’essaie de tout mettre en place pour que ça fonctionne. L’année qui a suivi Ax 3 Domaines me sert aujourd’hui de leçon. J’ai passé un hiver studieux et j’ai à cœur de bien faire. Et puis comme vous le savez nous avons perdu cet hiver un ami très proche, Arnaud Coyot. Je lui ai promis d’en gagner une belle. C’est aussi, malheureusement,  une source de motivation, car j’aurais préféré comme l’année dernière qu’il soit à l’arrivée à l’Alpe d’Huez. Il sera désormais dans mon cœur. Ça fait aussi partie de mes objectifs, pour lui, d’aller chercher une belle victoire.