Daniel, votre victoire dans la Flèche Wallonne est-elle la plus belle de votre carrière ?
Oui, c’est certain. C’est la victoire la plus importante de ma carrière. De toutes les courses qui existent, celle-ci est ma préférée. C’est la plus belle à mes yeux parce qu’elle a un parcours qui me convient parfaitement, tout comme à Joaquim Rodriguez. Quand il y a une arrivée comme celle du Mur de Huy, avec de tels pourcentages, ce sont des courses qui sont faites pour moi. En plus, la Flèche Wallonne est une course de prestige.

Joaquim Rodriguez ayant abordé l’épreuve affaibli par sa chute sur l’Amstel Gold Race, étiez-vous le leader désigné sur cette édition ?
Oui. On en avait parlé mardi soir dans la chambre avec Purito, qui est mon compagnon de chambre. Comme je me sentais bien, j’avais l’opportunité de jouer ma propre carte. C’est ce que l’on a répété le matin au départ. Au fur et à mesure de la course, les choses ont un peu changé. On s’est retrouvé à deux, avec Rodriguez, dans la finale. J’étais en très grande forme et l’équipe nous a bien emmenés au pied du Mur, ce qui m’a permis d’être performant.

Cette victoire, est-ce l’élément déclencheur de votre carrière ?
Je ne pense pas car l’an dernier avec mes deux victoires au Dauphiné et ma 5ème place finale à la Vuelta, j’avais déjà fait de belles choses. Maintenant, il faut que ça continue comme ça. Je démontre chaque année que je m’améliore, que je peux réussir des choses meilleures. Aujourd’hui, c’est le couronnement.

Avez-vous été surpris par l’attaque lointaine de Carlos-Alberto Betancur ?
Je savais qu’il sortait très fort du Tour du Pays Basque et aujourd’hui il finit quand même 3ème en partant de très loin. Il a pris un gros risque parce que, après, c’est très dur de pouvoir résister jusqu’au sommet. Il n’a pas réussi mais je pense qu’il peut considérer sa 3ème place comme une victoire parce que, en partant de si loin, seuls deux coureurs ont réussi à le dépasser.

Vous avez attendu l’attaque de Philippe Gilbert pour contre-attaquer. Quelles impressions vous  a-t-il fait ?
Philippe est toujours bien. On a vu qu’il était en bonne condition. Je pense qu’il a attaqué au même endroit qu’il y a deux ans. Moi, j’étais dans sa roue et j’ai eu la force de placer un démarrage. Je pense qu’il n’était pas dans un très grand jour, contrairement à moi.

Etes-vous surpris par la présence de deux Colombiens sur le podium ?
Non, ce n’est pas une surprise. Dernièrement, on les a vus devant dans toutes les courses. Sergio-Luis Henao était un grand favori pour la Flèche, Betancur était très fort comme au Pays Basque, et on aurait pu voir d’autres coureurs comme Uran et Quintana. Dans le futur, il faudra vraiment faire attention à eux car ils sont vraiment très présents.

Vous avez terminé 5ème de la Vuelta l’an dernier. Allez-vous continuer à viser les classements sur les courses par étapes ?
Je vais aller au Tour de Romandie puis au Tour de France mais je serai là pour aider mon leader, Joaquim Rodriguez. Pour la Vuelta, ce sera la même chose mais si une opportunité se présente à moi je la saisirai comme je l’ai fait par le passé.

On a du mal à vous cerner. Etes-vous un coureur de courses par étapes ou de classiques ?
Je ne sais pas moi-même. Dans les classiques, j’ai toujours de très bons résultats. Il en va de même pour les Grands Tours parce que je suis un coureur très régulier. Les grandes courses par étapes sont plus difficiles. Il faut être attentif tous les jours et avoir un peu de chance. En revanche dans les classiques il ne faut être concentré qu’une journée. C’est donc moins compliqué de ce point de vue-là.

On vous demande souvent pourquoi vous restez chez Katusha au lieu de partir dans une autre équipe pour être chef de file. Comment réagissez-vous à cette question ?
En fait, je me sens très bien dans mon équipe avec le rôle que j’ai à y jouer. J’aime bien de temps en temps avoir de la pression pour une course mais je ne pense pas être capable, comme Joaquim Rodriguez, de l’avoir tous les jours, à chaque départ. Je ne me vois pas en tant que leader dans une formation. Je ne sais pas si je serais en mesure de le faire. Je me trouve bien où je suis. Joaquim et moi, on se sent bien ensemble. Il ne me manque peut-être pas grand-chose pour être à son niveau mais pour l’instant je suis heureux comme ça. Je ne veux rien changer.

En 2010, vous avez roulé pour Omega Pharma-Lotto. Pourquoi avoir quitté cette équipe ?
Je me sentais bien dans l’équipe Lotto. Je m’entendais bien avec tout le monde et je pense que j’ai fait du bon boulot dans les classiques pour aider Philippe Gilbert. Mais quand j’ai eu l’opportunité de partir chez Katusha et de retrouver mes anciens équipiers, Rodriguez et Losada, que j’avais connus dans l’équipe Caisse d’Epargne, c’était important pour moi, après cette expérience en Belgique, de retourner aux sources. Pour les entraînements, les stages, c’est plus facile de se retrouver avec des Espagnols. Moi, en plus, je ne parle aucune autre langue. C’était plus facile de se retrouver avec des compatriotes.

En début d’année, l’équipe Katusha était encore sans licence WorldTour. Comment avez-vous réagi ?
Pour moi, cela n’a rien changé quant à mes entraînements ou dans le cadre de ma préparation, que l’on soit une équipe WorldTour ou non. Je suis dans le groupe qui reste avec Purito. Donc je savais que nous serions invités de toute façon pour les grandes courses. On s’est préparés de la même façon.

Propos recueillis par Pol Loncin à Huy le 18 avril 2013.