Levi, vous avez profité de la bagarre entre Garmin et BMC pour vous emparer du maillot jaune du Tour du Colorado, dont vous êtes le vainqueur sortant…
Oui, disons surtout que je savais que Tejay Van Garderen était très fort. Mais au moment où Jo Dombrowski a lancé son attaque, j’ai vu qu’il attendait que Christian Vande Velde ou moi-même y allions. Quand j’ai vu que les autres ne bougeaient pas, et que la foule était aussi dense, je me suis dit qu’en démarrant je pouvais creuser un écart tout de suite. J’ai donné tout ce que j’avais, j’ai beaucoup souffert, mais j’ai vécu l’un de mes plus beaux jours de vélo.

Vous étiez resté discret jusqu’alors, comment avez-vous couru cette semaine ?
Personne n’aurait pu prévoir la semaine que j’ai accomplie. Je voulais faire quelque chose à Crested Butte mais tactiquement, j’ai commis quelques erreurs et Tejay était extrêmement fort. Il était encore très fort à Beaver Creek, mais je savais qu’il me fallait tout miser sur les deux derniers jours, et je suis juste extrêmement heureux de la manière dont se sont passées les choses à l’arrivée à Boulder.

Comment avez-vous perçu l’ambiance extraordinaire ?
Les supporters ont montré qu’ils aimaient le cyclisme, un sport magnifique, merci à eux ! Bien sûr je suis Américain, donc pas tout à fait objectif, mais je dois dire que c’était une ambiance rarement vue sur le vélo. Je sais qu’il y a aussi beaucoup de débats pour savoir lequel du Tour de Californie ou du Tour du Colorado est le plus bel événement aux Etats-Unis. Je pense qu’aujourd’hui on a eu la réponse… Dans les six derniers kilomètres, il y avait une ambiance de Tour de France. A tel point que pour attaquer c’était même compliqué.

Vous êtes en tête du classement général avant le contre-la-montre, prêt à vous succéder au palmarès, pensez-vous avoir fait le plus dur ?
Non. Je suis heureux d’avoir ce maillot sur les épaules pour le moment, et je le porterai fièrement demain. Mais tout peut encore arriver. J’ai réalisé de très bons contre-la-montre dans ma carrière. J’ai gagné trois fois celui du Tour de Californie, mais Tejay Van Garderen reste un adversaire dangereux, d’autant plus qu’il est jeune et qu’il progresse à très grande vitesse. Il va probablement devenir le plus grand spécialiste de Grands Tours qu’on n’ait jamais vu aux Etats-Unis ! On ne sait pas encore tout ce dont il est capable. Mais je suis extrêmement motivé et ce maillot va me donner une puissance supplémentaire demain.

Vous avez vécu une saison compliquée avec une fracture du péroné en avril, comment l’analysez-vous ?
Ça a été une année très dure pour moi. J’ai gagné le contre-la-montre du Tour de San Luis en janvier, devant Vincenzo Nibali, qui a ensuite terminé 3ème du Tour de France. C’était pour moi une très bonne saison qui s’annonçait. J’ai fait 3ème du prologue de Paris-Nice, tout cela était à la hauteur de mes espérances, et puis malheureusement il y a eu la suite que l’on connaît. Je n’ai plus fait de bon contre-la-montre ensuite mais depuis mon retour aux Etats-Unis et ma participation au Tour de l’Utah début août, je sens que ma condition revient au niveau du début de saison. Je pense que je serai OK demain. Je l’espère en tout cas.

Propos recueillis à Boulder le 25 août 2012.