Lionel, vous avez quitté Garmin pour GreenEdge, comment s’est effectué votre bond de kangourou entre une équipe américaine et une formation australienne ?
Tout dans la poche ! Très bien, impeccable. J’ai la chance de connaître très bien pas mal de coureurs qui étaient déjà chez Garmin. Matthew White est un ami en plus d’être un collègue. C’est d’autant plus simple. En plus, la mentalité australienne est fantastique donc c’est sympa.

Vous avez été directeur sportif au Crédit Agricole, chez Cofidis, chez Garmin et donc chez GreenEdge, vous avez un joli plan de carrière…
Je ne fais pas ça dans cette optique. Je fais ça parce qu’à chaque fois ce sont des challenges nouveaux qui s’offrent à moi. Je saisis les opportunités qui se présentent. Quand on est Européen, on a quelques rêves : le rêve américain et le rêve australien. J’ai eu la chance de réaliser les deux, et surtout de connaître des cultures différentes et c’est très bon pour mon anglais. Si mes anciens profs d’anglais m’entendaient maintenant… Mon accent n’est peut-être pas fantastique mais je connais quelques bons mots. Ça me permet de m’exprimer dans un métier que j’aime, j’ai une chance terrible.

Quelles sont les différences dans l’approche du cyclisme entre une équipe américaine et une équipe australienne ?
Au niveau du WorldTour, les équipes se ressemblent toutes. Ce qui fait la différence, c’est surtout l’état d’esprit dû aux nationalités qui composent un groupe. Les Américains ont une approche très libérale, très ouverte mais aussi très protocolaire. Les Australiens, comme ils aiment à le dire, sont issus des bagnards. Ils travaillent dur mais quand ils font la fête ils ne la font pas à moitié. C’est aussi un point de vue intéressant à découvrir. C’est toujours sympa de travailler dans la convivialité.

Aviez-vous d’autres opportunités dans une équipe ?
Garmin me proposait un nouveau contrat et j’avais d’autres opportunités dans d’autres équipes, mais je privilégie la fraternité de Matthew White. Pour moi ça compte beaucoup de travailler dans cette sérénité. Et l’Australie m’attirait donc c’était le choix parfait.

Vous avez commencé fort au Tour Down Under avec la victoire de Simon Gerrans. Quel effet cela a-t-il eu sur l’équipe ?
C’était hyper important. Première année d’existence, première course de la saison dans le pays d’origine de l’équipe en Australie, il y a eu un engouement fantastique du public et puis ça a enlevé de la pression à l’équipe, nos sponsors étant australiens. La pression va remonter avec les grands événements qui arrivent, Paris-Nice, Tirreno-Adriatico, Milan-San Remo puis les classiques. Cette victoire au Tour Down Under a fait énormément de bien à l’équipe, ça a été un bon bol d’oxygène. Ça nous a rendus plus sereins. Et c’est une récompense pour les managers, qui ont beaucoup travaillé.

Comment les Australiens perçoivent-ils l’équipe ?
Les Australiens découvrent le cyclisme à travers Cadel Evans. Maintenant ils ont une équipe à supporter, et comme ils sont très « nationalistes » et sont fiers de leur pays, avec une culture très sportive, ils sont derrière nous et c’est enthousiasmant.

Paris-Nice, qui partira dimanche, est le prochain gros objectif de GreenEdge ?
Paris-Nice et Tirreno-Adriatico seront tous deux des objectifs importants. Nous aurons beaucoup d’ambition à Tirreno avec une grosse équipe autour de Matthew Goss, qui prépare Milan-San Remo, dont il est le vainqueur sortant. Ces deux épreuves sont importantes. Ce sont elles qui lancent le calendrier international.

Vous n’avez pas de coureurs pour viser un maillot jaune sur les grandes courses. En revanche, avec un nom comme le vôtre, vous êtes plus aptes à jouer le maillot vert ?
Disons que l’objectif de l’équipe était de construire une structure nouvelle. Il n’était pas évident de faire venir des grands noms qui peuvent viser le classement général. Il y a eu une réflexion de Matthew White, de Neil Stephens et de Shayne Bannan pour essayer de construire une équipe qui puisse être présente sur toutes les grandes courses. Nous avons misé sur les sprinteurs puisqu’il y a des sprints sur toutes ces grandes courses. Les victoires seront importantes pour faire connaître l’équipe. Dans l’avenir, on verra comment ça se passe. En attendant nous avons un très bon coureur comme Pieter Weening qui peut viser un Top 10 dans un Grand Tour. Paris ne s’est pas fait en un jour. Chez Garmin les gens étaient aussi pressés mais l’an passé nous avons quand même gagné quatre étapes du Tour de France…

Propos recueillis à Draguignan le 18 février 2012.