Marcel, comment vous sentez-vous dans la peau du Maillot Jaune ?
C’est comme de l’or sur mes épaules. C’est quelque chose d’incroyable, et en même temps c’est tellement difficile pour moi de trouver les mots et d’exprimer ce que je ressens. Je suis très fier. Fier de moi, fier de l’équipe. Ce maillot jaune ce soir, c’était vraiment notre objectif, et nous avons réussi à l’atteindre. Nous travaillons depuis longtemps pour ça. Je veux vraiment les remercier. Ce succès est le leur, ils méritaient que je puisse m’imposer.

Dans le final, étiez-vous conscient ce qui se passait sur la ligne d’arrivée ?
Je n’en savais rien. On ne m’a informé qu’un bus obstruait la ligne qu’une fois l’arrivée franchie. A 6 kilomètres de la ligne, mon directeur sportif criait dans l’oreillette, mais avec l’hélicoptère, les spectateurs, les bruits du peloton, je n’étais pas du tout au courant de ce qui se passait. Je suis vraiment très heureux que le bus ait pu partir et que l’arrivée ait été maintenue à l’endroit prévu initialement.

Comment avez-vous mené votre sprint ?
Pour être honnête il n’y a pas vraiment eu de lutte dans le sprint. La bataille s’est déroulée avant entre les équipes, ce n’est jamais facile de se placer, puis cette chute a bouleversé les choses. Quand ça s’est produit, il y a eu un moment d’hésitation. J’ai vu qu’il manquait Cavendish et Greipel, j’ai compris que ça avait été sévère. Après un petit moment de doute nous avons décidé que c’était à nous de mener le train, même si c’était un peu tôt. Dans le dernier kilomètre j’étais dans la roue de Jürgen Roelandts. Ensuite j’ai vu Alexander Kristoff démarrer et j’y suis allé. C’est ma plus grande victoire, ma première sur le Tour de France, la première pour Argos-Shimano aussi.

Comment avez-vous travaillé pour vous améliorer ?
J’ai eu de la chance de trouver une équipe comme Skil-Shimano, dans laquelle je suis passé professionnel il y a deux ans. J’ai aimé le projet qu’ils avaient, leur lutte pour un sport propre, et la confiance qu’ils accordaient à un jeune coureur. Ça m’a aidé à m’améliorer, à me construire en tant que coureur. Assez vite, on s’est rendu compte que je sprintais très bien, qu’il fallait tout baser sur ça, c’est pourquoi j’ai travaillé dur pour cela avec l’équipe. Nous avons bâti un train expérimenté pour lancer les sprints, nous avons beaucoup travaillé scientifiquement et techniquement pour améliorer le matériel. Avec ce groupe j’ai eu la possibilité de devenir un grand sprinteur.

Quand avez-vous compris que vous étiez en mesure d’égaler les meilleurs sprinteurs ?
Quand je suis passé pro, je me savais rapide. Au fur et à mesure que je remportais des courses, j’ai vu que je pouvais augmenter mon niveau. Je connaissais mes qualités. La première fois que j’ai saisi que je pouvais me frotter aux meilleurs sprinteurs du monde, c’est quand j’ai battu Mark Cavendish au Grand Prix de l’Escaut. Avec ma victoire aujourd’hui sur le Tour, je peux dire que je suis parvenu à atteindre le but que je m’étais fixé.

Ferez-vous du maillot vert du Tour de France un objectif ?
Pas du tout. Pas cette année en tout cas. Je l’ai mais je ne le porterai pas. Le vert, ce n’est pas important par rapport au maillot jaune. Je suis trop jeune pour me battre pour cela, j’ai en tout cas d’autres ambitions pour l’heure.

Propos recueillis à Bastia le 29 juin 2013.