Samedi dernier Yann Huguet, coureur français de l’équipe Skil-Shimano, glanait un succès inattendu sur une épreuve cotée du calendrier professionnel hollandais, à la conclusion de l’Enfer du Mergelland, organisé dans les environs proches de Maastricht (Limbourg). L’euphorie étant, le Girondin de Lesparre entrevoit la saison sous de meilleurs auspices, au point de souhaiter remettre le couvert cette semaine sur le Circuit de la Sarthe.

Yann, dans quel état d’esprit abordez-vous le Circuit de la Sarthe, quelques heures après votre samedi victorieux sur les routes hollandaises ?
Dans d’excellentes conditions morales. J’aurai plaisir à remporter une étape et avec un peu de chance faire quelque chose de bien au général. Je viens ici donc avec de l’ambition. Le fait de retrouver les routes françaises me donne du bonheur.

Comment avez-vous procédé pour vous imposer face à Jos Van Emden, avec lequel vous avez dû croiser le fer sur la ligne d’arrivée sur le Mergelland ?
Je ne le connaissais pas particulièrement, tout en ayant une certaine méfiance face à ce coureur de l’équipe Rabobank. Il m’a attaqué à 2 kilomètres de l’arrivée, ce qui m’a tout de suite fait penser qu’il n’était pas confiant dans un duel sur la ligne. C’est alors que je n’ai pas pris un relais sur le dernier kilomètre. Ca revenait derrière à neuf petites secondes mais il nous restait une certaine chance de rester à deux. J’ai lancé le sprint à 250 mètres et je le laisse derrière.

Il faut peut-être saluer le travail de vos coéquipiers, très présents dans le groupe des poursuivants…
Dans l’échappée, nous étions quatre sur vingt-deux. Il a fallu tenir face aux Rabobank particulièrement motivés et présents. Le scénario a été idéal pour moi.

Va-t-il falloir vous inscrire parmi les favoris de l’Amstel Gold Race ?
Mêmes routes, mais pas la même tactique de course, hélas. C’est complètement différent. Je ne me classe pas parmi les prétendants à la victoire sur cette grande classique. J’espère cependant être au départ avec l’espoir de faire quelque chose.

On vous sent particulièrement bien intégré dans votre nouvelle formation ?
C’est une équipe qui me fait confiance. On évolue dans une bonne ambiance. Il y a tout pour mettre à l’aise, malgré la barrière de la langue. Je me débrouille mieux en anglais désormais, alors qu’au départ j’arrivais avec peu de notions. Je me fais comprendre, mais c’est vrai que ce n’est pas facile.

Nourrissez-vous une certaine déception de rester au bord de la route de la sélection pour le Tour de France ?
Il ne nous reste plus qu’un espoir pour la Vuelta. Sans moi toutefois puisque je me marierai fin août. On est tous déçus et moi en particulier puisque pour un coureur français, le Tour, c’est le monument. Il faut se dire qu’il y aura encore d’autres années. Dommage néanmoins pour cette année puisqu’il passait dans mon village à Pauillac et que cela aurait été mon premier Tour.

Quel est votre objectif principal cette année ?
Gagner des courses. Toutes les victoires sont bonnes à prendre chez les pros. Il n’y a plus de petites victoires.

L’Enfer du Mergelland, c’est votre plus belle victoire ?
Assurément la plus belle chez les pros. Et déjà pour mon moral car je commençais à douter. Un certain manque de réussite peut-être c’est vrai. Cette année, c’est la première fois que je vois la gagne, que je concrétise. Cela fait toujours plaisir.

Propos recueillis par Jean-François Modery à Sablé-sur-Sarthe le 6 avril 2010.