Yvon, comment abordez-vous la saison 2016, la deuxième pour Cofidis avec Nacer Bouhanni dans ses rangs ?
Cofidis a renouvelé son partenariat jusqu’en 2019. L’objectif sur les quatre saisons qui viennent est de continuer à progresser. Nous avons un bilan 2015 en net progrès. Nous avons conservé vingt coureurs de l’année 2015, c’est un signe. Cela veut dire qu’un groupe s’est constitué. Les coureurs ont trouvé leurs marques. Un état d’esprit s’est forgé. Celui-ci a apporté des satisfactions et a abouti aux résultats que nous avons pu obtenir. Nous voulons bâtir sur ce socle avec les coureurs qui nous ont rejoints dans des domaines bien spécifiques, pour apporter quelque chose de plus.

C’est notamment ce qui vous a poussé à recruter Arnold Jeannesson ?
Une partie de l’équipe est construite autour de Nacer, mais la volonté de l’équipe est aussi de grandir globalement. Une équipe ne peut pas fonctionner que sur un seul terrain. Son arrivée marque notre volonté de progresser encore, de manière à ce que l’équipe soit performante dans plusieurs registres, et d’accentuer notre présence dans le domaine des courses par étapes. Nous avons vingt-six coureurs. Il faut de la diversité. Une équipe qui fonctionne bien, c’est une équipe présente sur un maximum de terrains et un maximum de rendez-vous. Arnold, c’est un coureur d’expérience qui a réalisé de grandes choses dans les courses par étapes. Nous comptons sur lui pour être à la pointe de l’équipe sur certaines épreuves. Il aura un rôle important. Il arrive à maturité. Il a toutes les qualités pour s’épanouir avec nous et oublier une saison 2015 qui l’a vu très malchanceux.

Qu’attendez-vous de lui ?
Ce que je veux lui transmettre, c’est de la confiance. Il a déjà fait ses preuves. Comme je l’ai dit, nous attendons simplement qu’il s’épanouisse avec nous. S’il s’y trouve bien, les bons résultats vont en découler. Il retrouvera Daniel Navarro. Je le connais bien et je sais qu’il n’y aura aucun problème entre lui et Arnold. Ce sont deux professionnels. Ils sauront trouver la synergie qui leur permettra de faire les meilleurs résultats.

Au-delà du recrutement des coureurs, vous avez également renforcé votre staff…
Nous avons cherché cet hiver tous les moyens d’améliorer nos résultats. Au niveau de l’encadrement, nous nous sommes demandé ce que nous pouvions faire de plus pour aider les coureurs dans différents domaines en essayant d’innover tout en conservant ce qui fonctionnait. Nous avons notamment recruté un entraîneur-chercheur suisse, Virgile Lecoultre. Il apportera à l’équipe un regard nouveau ou complémentaire. Il est spécialisé dans la nutrition et dans les méthodes d’entraînement. Il ne s’agit pas de tout révolutionner en la matière, mais parfois, certaines petites choses peuvent amener des plus. La réussite dans le cyclisme professionnel aujourd’hui passe par là. Une équipe qui n’est pas capable de se remettre en question, notamment au niveau de l’encadrement des coureurs, est une équipe qui ne peut plus progresser. À ses côtés, Christian Guiberteau va nous rejoindre. Il doit nous apporter son expérience internationale, lui qui a vécu l’évolution de l’équipe Skil-Shimano à Giant-Alpecin. Il a vécu de l’intérieur l’évolution et la construction d’une équipe de référence aujourd’hui au niveau mondial.

En quoi les objectifs de 2016 différeront-ils de ceux de la saison 2015 ?
Nous allons en reprendre certains, notamment ceux que nous n’avons pas réussi à atteindre l’an dernier. L’équipe Cofidis avait besoin de gagner un nombre significatif d’épreuves. Cela manquait depuis plusieurs années et cela a été réalisé en 2015, notamment grâce à Nacer Bouhanni, onze victoires, cinquième meilleur performeur mondial et vainqueur de l’Europe Tour. Ce qui nous a manqué, ce sont ces deux ou trois victoires d’envergure supplémentaires : une classique, et des victoires d’étape sur Paris-Nice ou bien entendu le Tour de France.

Quelle classique avez-vous en tête ?
Paris-Roubaix reste évidemment symbolique pour tout cycliste professionnel. C’est un monument parmi tous les monuments. Évidemment pour une équipe ayant son cœur qui bat dans le Nord, cela revêt encore plus de significations. Notre équipe de classiques a beaucoup travaillé. Elle se construit petit à petit puisque nous misons sur de jeunes coureurs. On a vu la très belle performance de Florian Sénéchal, 17ème en 2015. Rêver d’une victoire, oui. Pour viser de grandes choses, il faut rêver, mais il faut aussi se donner les moyens d’arriver au rêve. Sans parler d’une victoire sur Paris-Roubaix cette année, on peut y attendre de belles performances. C’est tout à fait faisable. Je rappelle que l’équipe Cofidis était la mieux représentée dans le final de l’étape des pavés sur le Tour. Mais quand je parle d’une victoire sur une classique, je pense surtout à Milan-San Remo.

Avec Nacer Bouhanni, 6ème l’an dernier ?
Il l’a en tête. C’est le premier grand objectif de la saison. Nacer a montré qu’il avait toutes les qualités pour gagner Milan-San Remo. Avec l’équipe, nous allons faire en sorte de nous montrer à la hauteur de cet enjeu.

Nacer Bouhanni avait mis du temps à trouver l’ouverture l’an dernier. Son train sera-t-il remanié ?
Il a une idée, nous avons une idée. Nous avons travaillé là-dessus. Les coureurs qui sont les plus à même ont déjà fait leur preuve. C’est à dire Christophe Laporte, Borut Bozic et Geoffrey Soupe. C’est un ordre qui est possible et qui sera mis en place en début de saison. Le positionnement paraît logique aujourd’hui. L’essentiel, c’est que le train puisse amener Nacer dans des conditions optimales à 200 mètres de la ligne pour qu’il puisse gagner.

Propos recueillis à Roubaix le 22 janvier 2016.