Premier constat, à chaud, les deux nouvelles épreuves canadiennes inscrites au ProTour ont fait ce week-end une entrée remarquée et remarquable dans la cour des grands. Peut-être faudra-t-il quelques éditions à ces deux belles courses pour obtenir de vraies lettres de noblesse, mais c’est avec un réel bonheur que le Canada a fait son entrée dans un paysage cycliste parfois un peu trop traditionnaliste. Si l’on pouvait légitimement émettre des doutes sur le bienfondé de ces deux nouvelles compétitions, le Grand Prix de Québec vendredi et le Grand Prix de Montréal aujourd’hui, ceux-ci sont levés et bien levés car ce sont deux épreuves magnifiques auxquelles nous avons assisté en ce mois de septembre. Un galop d’essai réussi dont se souviendront longtemps leurs premiers protagonistes, à commencer par Robert Gesink (Rabobank).

Le Grand Prix de Montréal ressemble à celui de Québec sur le fond puisqu’il s’agit d’une course en circuit de 193,6 kilomètres (seize tours de 12,1 kilomètres), mais il en diffère sur la forme, ses principales difficultés étant concentrées en début de parcours quand celles du voisin québécois étaient situées sur la fin. Cela peut-il modifier la donne ? Pas forcément, car les trois côtes référencées sont dures et, à l’usure, elles seront amplement suffisantes pour permettre aux meilleurs de se démarquer. Tour à tour vont en effet se présenter la côte Camilien-Houde (1800 mètres à 8 %), la côte de la Polytechnique (780 mètres à 6 %) et la côte de l’Avenue du Parc (560 mètres à 4 %). Le tout est dessiné sur les splendides avenues nord-américaines traversant le majestueux parc du Mont-Royal.

Dès le départ, les premiers assauts sont donnés. C’est un groupe de cinq coureurs qui parvient à se former dans les premiers kilomètres. Ce groupe comprend Alfredo Balloni (Lampre-Farnese Vini), Gorka Izagirre (Euskaltel-Euskadi), Angel Madrazo (Caisse d’Epargne), Kevin Seeldraeyers (Quick Step) et Maarten Tjallingii (Rabobank). Ces attaquants, que va bientôt devoir abandonner Balloni sur une chute spectaculaire, seront les animateurs de la course durant une grande partie de la journée, puisque seulement rejoints et déposés par cinq poursuivants à 50 kilomètres de l’arrivée. Un nouveau groupe se forme alors avec Chris Horner et Tiago Machado (RadioShack), Francesco Gavazzi (Lampre-Farnese Vini), Daniel Oss (Liquigas-Doimo) et Chris-Anker Sörensen (Team Saxo Bank).

Cette nouvelle échappée n’ira pas au bout. Le peloton réagit avec entrain sous l’impulsion d’une équipe comme la Garmin-Transitions, qui œuvre pour son capitaine archi motivé qu’est Ryder Hesjedal. Le travail des Garmin paie et un regroupement général s’opère à l’entame du dernier tour de circuit. Il va alors rester 12 kilomètres aux favoris pour se découvrir, et ceux-ci ne vont pas attendre les derniers kilomètres pour le faire. L’ascension la plus difficile étant proposée en début de circuit, c’est là que choisit d’attaquer Robert Gesink. Il y a un an, le jeune homme enflammait les routes de la Vuelta. 6ème du Tour de France en juillet, le grimpeur possède une grosse santé en ce moment. Il vient de terminer 3ème à Québec vendredi et opte donc pour une attaque à une dizaine de kilomètres de l’arrivée. Pour lui, un long sprint commence.

Il en reste pourtant, des kilomètres à accomplir, mais Robert Gesink est lancé, déchaîné même, et il n’est plus question pour lui de se relever. La bouche béante, les épaules en avant comme pour mieux tirer sa machine, le Hollandais doit tenir bon face à un groupe de poursuivants qui s’est formé dans son dos autour de Boasson-Hagen, Hesjedal, Monfort, Sagan, Sanchez et Zubeldia. Rien que du lourd ! Constamment en ligne de mire sur les larges avenues montréalaises, Robers Gesink relance à maintes reprises, sprinte les mains au bas du guidon. Au cours des 10 derniers kilomètres, c’est bien le plus long sprint de sa vie qu’est en train de mener le Néerlandais, et il va résister à l’arrachée pour décrocher une victoire marquante, devançant de justesse Peter Sagan et Ryder Hesjedal. Du grand art !

Classement :

1. Robert Gesink (PBS, Rabobank) les 193,6 km en 4h58’22 »
2. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Doimo) à 4 sec.
3. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Transitions) m.t.
4. Haimar Zubeldia (ESP, RadioShack) m.t.
5. Maxime Monfort (BEL, Team HTC-Columbia) m.t.
6. Samuel Sanchez (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 9 sec.
7. Leonardo Duque (COL, Cofidis) à 14 sec.
8. Alexandre Botcharov (RUS, Team Katusha) m.t.
9. Francesco Gavazzi (ITA, Lampre-Farnese Vini) m.t.
10. Alessandro Ballan (ITA, BMC Racing Team) m.t.
Classement complet