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Comme annoncé il y a quelques jours, le Franc-Comtois fera l’impasse sur le prochain Tour de France. C’est la première fois de sa carrière qu’il ne prendra pas le départ de le Grande Boucle. Insuffisamment remis de son Tour d’Italie et de la pneumopathie qu’il a contracté durant cette épreuve, Thibaut Pinot a annoncé il y a peu son forfait pour la prochaine édition du Tour de France. La décision est somme toute logique compte tenu de son état de forme actuel. Quel intérêt de participer à une course amoindri? Pourtant, Thibaut Pinot n’a jamais aussi peu couru que cette année. Il était arrivé sur le Giro dans un état de fraîcheur physique et mental jusque là inédit. Preuve que la Groupama-FDJ cherche des alternatives afin de placer son coureur dans les meilleurs dispositions.

Si l’on s’en réfère au passé, ce n’est pas la première fois que des soucis de santé l’empêchent d’exprimer tout son talent. Certes, nous avons tous en mémoire les cris rageurs de Marc Madiot, dans les rues de Porrentruy, à l’arrivée de la huitième étape du Tour de France en 2012 (première participation, première victoire et une dixième place au général pour auréoler le tout). Mais on se souvient aussi de l’année suivante durant laquelle Thibaut Pinot connût son premier échec sur le Tour. C’est précisément dans la descente du col de Pailhères que le grimpeur français laissera apparaître quelques signes d’énervement et perdra au bout l’étape 6 minutes sur Christopher Froome. Le lendemain il finira dans un gruppetto perdant de nouveau 25 minutes. Ayant abandonné toute chance au général, le Franc-Comtois s’était remobilisé dans l’optique d’aller chercher une victoire dans les Alpes. Ses plans seront annihilés à cause d’une angine attrapée quelques jours avant dans le Ventoux. Il ne prendra pas le départ de la seizième étape entre Vaison-la-Romaine et Gap.

Thibaut Pinot au départ de l'étape du Finestre

On pourrait se demander ce qui le différencie des autres grands coureurs. A part 2014, et sa troisième place sur le Tour de France, ainsi que son Giro en 2017, on a le sentiment que Thibaut Pinot n’a jamais pu être à 100% sur les trois semaines de course qu’imposent les grands tours. En 2015, c’est avec de la suite dans les idées qu’il aborde la Grande Boucle. Il perd une nouvelle fois ses ambitions de bien figurer au général concédant beaucoup de temps dans la première partie de l’épreuve. Toutefois, c’est délesté de ce poids qu’il ira chercher un magnifique succès à l’Alpe d’Huez. L’année suivante il abandonnera de nouveau, la faute à une foutue bronchite. Bis repetita en 2017. C’est malade et fiévreux qu’il pose pied à terre en pleine ascension du col de la Croix de fer.

L’équation le menant à un succès sur un grand tour n’est toujours pas résolue. Il semble encore manquer un ingrédient à Thibaut Pinot qui, du haut de ses 28 ans, arrive pourtant dans la force de l’âge. Sur ces six dernières participations au Tour de France le cycliste à dû se résoudre à l’abandon à trois reprises. A chaque fois pour raison médicale. Qui de l’aspect mental ? Ça pourrait être une explication, mais certainement trop simpliste. Pour juger les performances d’un coureur il faut pouvoir le faire quand il est à 100% de ses capacités.

Thibaut Pinot

On ne finit pas troisième de la Grande Boucle par hasard; on ne gagne pas à l’Alpe d’Huez sans panache; on ne tient la dragée haute à des coureurs de haut rang sans talent; on ne fait pas preuve d’un sursaut d’orgueil comme il l’a fait cette année au Giro sans un minimum de mental. Le Franc-Comtois reste bankable et capable de coups d’éclat. C’est un coureur talentueux, attachant et c’est d’ailleurs pour cette raison, mais pas seulement, qu’on aimerait le voir sur le podium d’un grand tour, et pourquoi pas sur celui de la Grande Boucle.

M.L.