Philippe, vous êtes présent sur le Tour aujourd’hui, qu’y ferez-vous ?
Je suis venu sur le Tour sur invitation d’ASO et de la FDJ.fr. Je serai dans la voiture d’un des directeurs sportifs de l’équipe. Ce sera un pur moment de bonheur. Je vais vivre quelque chose de fort, d’intense de l’intérieur de la course. Je l’ai annoncé sur Twitter et sur Facebook, et les gens sont dithyrambiques et disent que ça va être génial. Je suis vraiment heureux et je vais vivre quelque chose que je n’ai jamais vécu de ma vie.

N’êtes-vous jamais venu sur le Tour ?
Non jamais. Je suis venu sur le bord de la route, comme tout bon franchouillard qui aime bien sa France. Le Tour, c’est la vitrine de la France. Pendant trois semaines au mois de juillet, on parle de la France partout dans le monde. C’est aussi l’exploit sportif qui m’attire. Voir tous ses athlètes qui se défoncent comme des malades pendant trois semaines, ça va me parler.

Y a-t-il un moment fort que vous ayez vécu sur le bord de la route ?
Cela remonte très loin, j’étais avec mon grand-père. Il m’avait emmené sur le bord de la route du Tour. Comme j’étais tout petit, ce qui m’intéressait, c’était la caravane, les bonbons que j’allais recevoir. C’était extraordinaire. Mais, quand j’ai vu passer les coureurs, mes yeux se sont écarquillés. Le spectacle était grandiose, j’étais fier d’être avec mon grand-père à ce moment-là. C’est un de mes souvenirs les plus marquants.

Le cyclisme est-il une passion pour vous ?
Je ne peux pas dire que je sois un passionné de cyclisme. Je suis passionné de sport, du dépassement de soi. En cyclisme, en montagne, c’est vraiment du dépassement de soi. Je vais être avec la FDJ.fr, ils ont un peu le moral dans les chaussettes en ce moment. On m’a demandé d’aller voir les coureurs pour parler avec eux. C’est un beau moment de partage. C’est le maitre mot de ma vie aujourd’hui : partager mon expérience, partager ma vie, et dire que tout est possible. Dans la vie, rien n’est impossible.

Est-ce le message que vous leur avez transmis ?
Oui, on m’a toujours dit, « Philippe, ne va pas faire cette connerie là, ne tente pas de traverser la Manche à la nage, tu n’y arriveras jamais. Tu n’as jamais été sportif de ta vie ». J’ai commencé le sport à 40 ans, et j’ai prouvé le contraire. Tout est possible quand on a un objectif à atteindre. On ne peut surtout pas se décevoir soi-même après s’être entraîné comme un dingue. Et on ne doit pas non plus décevoir ceux qui nous ont fait confiance.

Vous étiez cette année le parrain de la 2ème Free’Handise Trophy, dites-nous en plus…
C’est un peu le même principe de l’épreuve que j’ai réalisée avec mon camarade Arnaud Chassery : un nageur valide, un nageur handicapé, relier les cinq continents à la nage. Le Free’Handise Trophy est un trophée inter-entreprises, avec une personne en situation de handicap et un valide. C’est une épreuve sportive qui dure une semaine avec du cyclisme et du canoë-kayak. Ils sont partis de Lyon, pour arriver à Paris. C’est une véritable épreuve. On montre une autre image du handicap. On rassure le chef d’entreprise, le manager, le personnel, etc. Le handicap ce n’est pas seulement ce que les gens entendent. Ce sont avant tout des gens qui ont un gros mental, qui sont capables d’investir le monde de l’entreprise et d’intégrer le « monde des valides ». On est tout à fait normaux. Il me manque juste quatre morceaux, et, avant toute chose, je m’appelle Philippe. Ensuite seulement, je suis une personne handicapée.

Les mentalités changent-elles ?
On est dans une progression des mentalités sur les personnes handicapées. Depuis des années, on cache le monde du handicap. Aujourd’hui, les personnes handicapées s’investissent. Elles ont Bac + 3, Bac +5, elles ont envie d’intégrer la société. Elles ne demandent qu’une chose : qu’on leur accorde la confiance qu’elles méritent. C’est ensuite à elles de prouver leur valeur.

Avez-vous un prochain défi en tête ?
Oui, me reposer, dormir beaucoup (il rit). Plus sérieusement, j’ai fait ce que je voulais, j’ai traversé la manche à la nage, j’ai relié les cinq continents. Pour réaliser ce genre d’aventure, il faut avoir l’envie. Actuellement, cette envie, je ne l’ai pas. Ce n’est pas mon genre de partir à l’aventure pour partir à l’aventure. Il y a d’autres pistes qui s’ouvrent devant moi. J’ai 45 ans, je passe à autre chose.

Propos recueillis à Saint-Gildas-des-Bois, le 9 juillet.