Comment Chris Froome a récupéré de ce Tour de France ?

Je pense qu’il a bien récupéré. Il a eu une petite semaine où il a fait deux, trois critériums après le Tour. Ensuite, il a eu 15 jours pour vraiment se reposer, en altitude à la montagne dans les Alpes. Il était en famille et a roulé tranquillement. Puis après, il a fait un bloc d’une semaine où il faisait de plus longues sorties en montagne. Il dormait aussi en altitude tous les soirs. Il a aussi augmenté l’intensité sans pour autant faire des journées trop compliquées parce qu’il a bien bossé et bien ferraillé sur le Tour. Je pense qu’il est prêt. Je ne l’ai jamais vu aussi motivé. 

On a vu que l’enchaînement Giro-Tour de France était très difficile. Allez-vous démontrer que d’enchaîner Tour-Vuelta est plus facile ?

On n’est pas là pour démontrer. Mais quand on est compétiteur, on adore prouver. Je pense que tous les coureurs qui sont pros savent que certains athlètes pourraient être capables de faire les trois grands tours avec le bon calendrier. Un jour, quelqu’un le fera, c’est certain. Après, il faut que tous les ingrédients soient réunis. Forcément, avant de penser aux trois, on va dire que c’est un peu plus facile le doublé Tour-Vuelta que l’autre. Le Giro, ce qu’il y a de compliqué, c’est qu’on a, en général, un temps très ingrat. Quand on monte des cols, qu’il fait 0°c et que toute la journée il y a 10°c de moyenne, pour récupérer c’est vraiment compliqué. Le corps humain récupère mieux lorsque la température oscille entre 25 et 30°c. Et puis, forcément, le Tour qui est le plus disputé, c’est le Tour de France. Celui qu’on n’a pas envie de perdre, c’est le Tour. Donc on se concentre à fond sur le Tour pour l’aborder en très bonne condition. Si par la suite, on se préserve et on fait tout ce qu’il faut pour récupérer, il n’y a pas de raison que les grands coureurs et athlètes ne puissent pas enchaîner.

Ca va être un Tour particulier, il n’y a pas beaucoup de sprinteurs et donc peu d’équipes prêtes à tout pour revenir sur les échappés. Attendez-vous des offensives tous les jours capables d’aller au bout ? 

On sait très bien que lors de cette Vuelta avec très peu de sprinters, on va nous laisser conduire le bébé. C’était comme ça au Tour. Quand Astana avait le maillot, on savait qu’il n’avait pas l’équipe autour donc il fallait que l’on contrôle quand même. On est une équipe forte et on contrôlera quand cela sera nécessaire. Il ne faut tout de même pas gaspiller trop d’énergie. 

Vous avez connu Alberto Contador en tant que coureur et maintenant en tant que directeur sportif, quelles images allez-vous garder d’El Pistolero puisque ce serait sa dernière course ?

Je n’y ai pas trop pensé, mais c’est vrai que pour moi Contador, c’est quelqu’un qui a une étincelle un peu particulière. Il court à la passion. C’est un sport professionnel et parfois, il tente d’y amener sa poésie. Ca marche des fois, et ces dernières années, ça a un petit peu moins marché. Mais j’adore sa façon de courir. S’il est un peu juste au général, c’est sûr qu’il va faire des choses terribles.