Pour rallier les faubourgs parisiens à la Promenade des Anglais, il n’y a qu’une direction à suivre à la boussole, le sud, mais plusieurs alternatives possibles. Avant d’atteindre les routes escarpées de l’arrière-pays niçois ce week-end, Paris-Nice aime y voir plus clair dans le jeu des favoris. C’est en passant par l’Auvergne, aujourd’hui, que la liste des candidats au maillot jaune sera amenée à se préciser. Entre Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme) et Brioude (Haute-Loire), le peloton doit effleurer les routes piégeuses du Massif Central sans trop s’y aventurer pour autant. Les premiers reliefs se font sentir sur les 170,5 kilomètres mais c’est surtout le final, compliqué par la côte de Mauvagnat, qui doit rompre avec les précédents dénouements d’étapes. Le ciel, lui, est déjà en rupture. Froid et pluie accompagneront la course sur les hauteurs auvergnates.

Déjà à l’attaque de bon matin hier, le Danois Mads Christensen (Team Saxo-Tinkoff) remet cela en démarrant au kilomètre 3 avec Martijn Keizer (Vacansoleil-DCM), Sébastien Minard (Ag2r La Mondiale) et Alexis Vuillermoz (Sojasun). Nouveau détenteur du maillot jaune, le sprinteur italien Elia Viviani (Cannondale) veut croire en ses capacités à encaisser le final avancé pour les puncheurs. Ses coéquipiers ont en tout cas confiance en lui et prennent la responsabilité de la poursuite. Au quatuor de tête, il ne sera toléré qu’un avantage de quatre minutes. Une bagatelle en vue des 20 derniers kilomètres exigeants, marqués par les 2,7 kilomètres d’ascension de la côte de Mauvagnat (6,7 %) à 15,5 kilomètres de Brioude et par sa descente encore plus délicate, raide par endroits, technique en permanence, et rendue périlleuse par la chaussée arrosée. Christensen, Keizer, Minard et Vuillermoz déposent les armes.

Sous les gouttes incessantes, le peloton gravit au train des Sky la bosse auvergnate qui fait obstacle à un nouveau déboulé massif. Les sprinteurs se rangent à tour de rôle. Les espoirs d’Elia Viviani s’évanouissent. Il y aura ce soir un nouveau Maillot Jaune, et le champion d’Ukraine Andriy Grivko (Astana) entend bien être celui-là. Il est le seul à oser défier les Sky dans les derniers hectomètres de la côte de Mauvagnat. A la bascule, le rouleur insiste pour négocier devant les lacets tortueux. Il y a danger à laisser filer un tel gaillard, alors Vasili Kiryienka (Team Sky) se dévoue. Mais cette descente est décidément bien périlleuse et le Biélorusse commet une faute qui l’envoie rouler dans l’herbe verte au bas de la descente. Andriy Grivko reste seul devant. Plus pour longtemps. Six hommes sont sortis à sa poursuite et le rejoignent.

A 10 kilomètres de l’arrivée à Brioude, le local Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) revient sur la tête de course flanqué de Gorka Izaguirre (Euskaltel-Euskadi), David Lopez (Team Sky) et Davide Malacarne (Team Europcar), et surtout de Richie Porte (Team Sky) et Andrew Talansky (Garmin-Sharp), deux sérieux candidats à la victoire finale dans ce Paris-Nice des plus indécis. Le groupe de tête est donc porté à sept unités, pourchassé par un peloton réduit à une grosse vingtaine d’hommes et au sein duquel demeurent les favoris : Chavanel, Iglinskiy, Jeannesson, Kiserlovski, Klöden, Lövkvist, Navarro, Péraud, Quintana, Roche, Scarponi, Spilak, Van Garderen, Velits et Westra. Ceux qui souhaitaient y voir plus clair ce soir ne seront guère plus avancés, bien que Porte et Talansky vont prendre un léger avantage en parvenant à préserver une partie de leurs acquis dans les vallées pluvieuses de la Haute-Loire. Car les sept de tête tiennent bon.

Dans la dernière ligne droite, les coureurs sortis après la côte de Mauvagnat s’expliquent au sprint pour la victoire d’étape. Romain Bardet ne réussira pas la prouesse de s’imposer à domicile, mais il aura néanmoins réalisé une superbe prestation devant les siens. Le plus rapide des sept est Andrew Talansky. A 24 ans, le coureur originaire de Miami conquiert étape et maillot jaune. Il devient le quatrième leader de Paris-Nice en quatre jours… mais peut-être bien le dernier de cette édition. Vainqueur du Tour de l’Ain, 2ème du Tour de Romandie et 7ème de la Vuelta l’an passé, l’Américain abordera la seconde partie de la course au soleil avec l’avantage psychologique. Les différences, elles, demeurent étroites. Le peloton des favoris ne cède finalement que 7 secondes aux attaquants. Tous se tiennent en moins de 20 secondes au général.

Demain jeudi, la quatrième étape empruntera des routes encore très vallonnées entre Brioude et Saint-Vallier (199,5 km).

Classement 3ème étape :

1. Andrew Talansky (USA, Garmin-Sharp) les 170,5 km en 4h06’15 » (41,5 km/h)
2. Davide Malacarne (ITA, Team Europcar) m.t.
3. Gorka Izaguirre (ESP, Euskaltel-Euskadi) m.t.
4. David Lopez (ESP Team Sky) m.t.
5. Richie Porte (AUS, Team Sky) m.t.
6. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
7. Andriy Grivko (UKR, Astana) m.t.
8. Jonathan Hivert (FRA, Sojasun) à 7 sec.
9. Enrico Gasparotto (ITA, Astana) m.t.
10. Maxime Bouet (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.

Classement général :

1. Andrew Talansky (USA, Garmin-Sharp) en 14h39’36 »
2. Andriy Grivko (UKR, Astana) à 3 sec.
3. Davide Malacarne (ITA, Team Europcar) m.t.
4. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) à 4 sec.
5. Gorka Izaguirre (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 5 sec.
6. Lieuwe Westra (PBS, Vacansoleil-DCM) à 6 sec.
7. Richie Porte (AUS, Team Sky) à 7 sec.
8. Peter Velits (SLO, Omega Pharma-Quick Step) à 8 sec.
9. David Lopez (ESP, Team Sky) à 9 sec.
10. Jonathan Hivert (FRA, Sojasun) à 12 sec.