Pour décrire le parcours de ce contre-la-montre entre Embrun et Chorges lors de la présentation officielle du Tour en octobre, Christian Prudhomme avait débuté en citant les propos de Jean-François Pescheux. « C’est le contre-la-montre le plus dur que j’ai jamais tracé », avait alors confié le directeur de course du Tour à l’ancien journaliste. De quoi faire frémir les coureurs quand ces propos sont tenus par celui qui a plus de trente-cinq Tours de France à son actif. Exception faite de l’Alpe d’Huez en 2004, il fallait donc s’attendre à plus dur que Grenoble-Chamrousse en 2001, ou que Bourg-Saint Maurice-Val d’Isère en 1996. Les attentes étaient grandes, et après notre reconnaissance, on peut dire que l’on ne pourra pas être déçus. On est loin du premier chrono individuel du Tour plat comme une galette Saint-Michel !

Entre Embrun et Chorges, il n’y a qu’une quinzaine de kilomètres à vol d’oiseau. Les deux villes ont un point commun : le lac de Serre-Ponçon. Situé au bord des montages, il va offrir un cadre sublime à ce premier temps fort de la troisième semaine. Après un premier kilomètre sans difficulté, on entre dans le vif du sujet avec la première des deux côtes. On atteint très vite les 1000 mètres d’altitude par des routes étroites qui ne rendent pas nécessairement très bien. Ces routes, les triathloniens les connaissent comme leur poche puisqu’elles sont empruntées par l’Ironman d’Embrun.

Si le parcours est difficile, ce n’est pas seulement parce qu’il présente deux belles côtes en 32 kilomètres. C’est aussi parce qu’il est extrêmement technique. Les meilleurs pilotes pourront profiter de cette première belle descente pour creuser les écarts. Pour replonger vers le lac de Serre-Ponçon, il faudra être lucide à chaque instant et soigner ses trajectoires car les routes sont assez étroites et présentent de beaux virages. Il faudra donc oublier le vélo de chrono et ne partir qu’avec un vélo classique agrémenté de prolongateurs. Même chose au niveau des braquets. Tony Martin ne pourra pas sortir son 56 dents et la majeure partie des coureurs partiront avec un 53/39 et 23 ou 25 à l’arrière.

En bas de cette descente technique, il n’y aura aucun répit pour les rescapés de ce Tour de France qui enchaîneront directement avec la deuxième côte de cette journée. Celle-ci ressemble comme deux gouttes d’eau à la première même si les pourcentages sont plus réguliers, oscillant entre 7 et 8%. On prend la direction de Saint-Apollinaire sans entrer dans le village pour ne pas rendre ce contre-la-montre plus difficile qu’il ne l’est déjà. Un village qui connaît bien le Tour puisque la côte avait été franchie en 2003 lors de l’étape arrivant à Gap, fatale à Joseba Beloki. On bascule donc à gauche avant d’entrer dans la commune pour redescendre sur Chorges. La descente est moins technique mais il faudra rester lucide.

Vous l’aurez compris, il faudra être très polyvalent sur ce parcours. Il faudra savoir rouler mais aussi être un excellent grimpeur et un très bon descendeur. Les meilleurs spécialistes de l’effort en solitaire sont a priori exclus des prétendants à la victoire d’étape et devront se rabattre sur le Mont-Saint-Michel. Ce seront les coureurs complets qui seront à l’honneur et il ne serait pas surprenant de voir le vainqueur d’étape, endosser également le maillot jaune à Chorges. Le grand favori de ce chrono est sans doute Alberto Contador, même si Samuel Sanchez pourrait faire parler ses qualités de pilote sur ce chrono particulier. En revanche, on peut exclure Fabian Cancellara et Tony Martin de la liste des favoris pour cette 17ème étape.