À l’heure du buzz et où tout doit aller toujours plus vite, l’émerveillement que suscite le lever de rideau sur le tracé du Tour de France ne fait plus recette. Combien étaient-ils au Palais des Congrès sur les coups de midi à ne pas connaître l’architecture de la 102ème Grande Boucle ? 24 heures avant la présentation officielle, la carte du Tour a en effet fuité et s’est propagée à grands coups de tweets et de retweets. L’effet de surprise n’est donc plus de mise quand peu après midi les lumières de la grande salle du Palais des Congrès, investi par une foule de suiveurs et quelques athlètes, s’éteignent enfin pour que ce tracé tant attendu soit officiellement présenté. Mais même si la structure globale était connue, les frissons restent encore au rendez-vous pour cette cérémonie qui n’a rien perdu de son charme.

Il restait encore quelques détails jusqu’ici inconnus. Et vu la nature de ces derniers, l’attente valait largement le coup ! Les deux premières étapes, dévoilées lors de l’annonce du Grand Départ d’Utrecht, laissaient déjà présager une première semaine piégeuse. Les favoris seront sollicités d’entrée avec un contre-la-montre de 14 kilomètres sur un tracé tout plat. Ce sera d’ailleurs le seul exercice de ce type et donc le plus faible kilométrage total d’épreuve individuelle chronométrée depuis l’après-guerre. Loin d’être banale, la 2ème étape arrivant dans le delta de Zélande sera compliquée si le vent s’en mêle. Pour la première fois depuis 2008, les bonifications feront leur retour, mais les sprinteurs ne s’accapareront de toute façon pas bien longtemps le maillot jaune au cours d’une première semaine loin, très loin du train-train habituel.

« Nous avons cherché toutes les aspérités possibles au cours de la première semaine », confirme Christian Prudhomme. Si certaines arrivées sont promises à un sprint massif comme à Amiens et à Fougères et peut-être en Zélande et au Havre (dont les 100 derniers longeront la côte), les finisseurs devront ensuite ronger leur frein jusqu’à l’étape de Valence en fin de deuxième semaine ! Une chose est sûre, les mécanos auront du boulot ! D’abord pour préparer les machines de contre-la-montre. À Utrecht donc, mais aussi entre Vannes et Plumelec pour un contre-la-montre par équipes atypique passant par la côte de Cadoudal, là où Bernard Hinault avait dominé le prologue du Tour il y a trente ans. Ensuite pour installer des braquets adaptés aux arrivées abruptes du Mur de Huy (1,3 km à 9,6 %) et de Mûr-de-Bretagne (2 km à 6,9 %). Enfin, et surtout, pour trouver le juste milieu au niveau mécanique entre Seraing et Cambrai. Une étape longue de 221 kilomètres dont 13,3 ne passeront certainement pas inaperçus. On parle bien sûr des pavés qui avaient fait tant de dégâts cette année sur une étape remportée par Lars Boom et fatale à Chris Froome que l’on n’est pas près d’oublier !

Six arrivées au sommet et l’Alpe d’Huez à la veille de Paris

Comme cette année donc, le Tour de France aura bel et bien déjà commencé avant même d’aborder les premiers massifs. Là encore, toute l’équipe de Thierry Gouvenou a fait preuve de malice pour proposer un tracé dynamique. Un transfert aérien permettra à la caravane de passer de la Bretagne aux Pyrénées. L’arrivée à la Pierre-Saint-Martin (15,3 km à 7,4 %) donnera lieu à une véritable course de côte sur les rampes du col du Soudet. Le lendemain, le Tour transitera par le col d’Aspin et le Tourmalet avant l’arrivée à Cauterets, 41 kilomètres plus tard. Le Plateau de Beille (15,8 km à 7,9%) accueillera la deuxième arrivée au sommet au terme d’une journée qui rendra hommage à Fabio Casartelli, 20 ans après sa mort dans la descente du col du Portet d’Aspet. La transition entre Pyrénées et Alpes ne sera pas de tout repos avec une arrivée à Mende (3 km à 10,1%), au sommet de la montée Laurent Jalabert que certains verront comme la troisième arrivée au sommet de cette Grande Boucle spectaculaire.

Elle le sera d’autant plus en dernière semaine avec trois nouvelles arrivées en altitude dans les Alpes. La première des cinq étapes alpestres arrivant à Gap par le col de Manse ne sera qu’un avant-goût de ce qui attend le peloton. L’arrivée à Pra-Loup replongera à nouveau la caravane du Tour dans son histoire, cette fois il y a quarante ans avec l’épisode inoubliable de la défaillance d’Eddy Merckx et de la prise de pouvoir de Bernard Thévenet. Le lendemain, l’arrivée à Saint-Jean-de-Maurienne par le col du Glandon donnera lieu là encore à de sublimes panoramas avec le franchissement des lacets de Montvernier à 10 kilomètres de l’arrivée. La montagne sera loin d’être finie à 72 heures de l’arrivée finale à Paris. Une étape terrible et un condensé de montagne sera proposé en 138 bornes entre Saint-Jean-de-Maurienne et la Toussuire par delà l’inédit col du Chaussy, le col de la Croix de Fer et le col du Mollard. Amis cyclosportifs, prenez note. C’est là qu’ASO vous donne rendez-vous pour l’Étape du Tour le dimanche 19 juillet.

Le clou du spectacle de ce Tour de France destiné aux purs grimpeurs aura lieu la veille de l’arrivée finale. Comme en 2009 avec le Ventoux, Christian Prudhomme et son équipe proposent un mythe à gravir 24 heures avant de parader sur le circuit des Champs-Élysées qui accueilleront la fin du Tour pour la quarantième année consécutive. Cette fois, ce sont les vingt-et-un lacets de l’Alpe d’Huez ! Quoi de plus normal que la montagne des Hollandais pour terminer un Tour s’élançant des Pays-Bas ? Quoi de plus normal que ce mythe que tout grimpeur veut accrocher à son palmarès pour terminer un des Tours de France les plus montagneux de l’histoire ?

Le parcours du Tour de France 2015 :

• 1ère étape (samedi 4 juillet) : Utrecht-Utrecht (14 km CLM)
• 2ème étape (dimanche 5 juillet) : Utrecht-Zélande (166 km)
• 3ème étape (lundi 6 juillet) : Anvers-Huy (154 km)
• 4ème étape (mardi 7 juillet) : Seraing-Cambrai (221 km)
• 5ème étape (mercredi 8 juillet) : Arras-Amiens (189 km)
• 6ème étape (jeudi 9 juillet) : Abbeville-Le Havre (191 km)
• 7ème étape (vendredi 10 juillet) : Livarot-Fougères (190 km)
• 8ème étape (samedi 11 juillet) : Rennes-Mûr-de-Bretagne (179 km)
• 9ème étape (dimanche 12 juillet) : Vannes-Plumelec (28 km CLM/Equipes)
• Repos (lundi 13 juillet) : Pau
• 10ème étape (mardi 14 juillet) : Tarbes-La Pierre Saint-Martin (167 km)
• 11ème étape (mercredi 15 juillet) : Pau-Cauterets (188 km)
• 12ème étape (jeudi 16 juillet) : Lannemezan-Plateau de Beille (195 km)
• 13ème étape (vendredi 17 juillet) : Muret-Rodez (200 km)
• 14ème étape (samedi 18 juillet) : Rodez-Mende (178 km)
• 15ème étape (dimanche 19 juillet) : Mende-Valence (182 km)
• 16ème étape (lundi 20 juillet) : Bourg-de-Péage-Gap (201 km)
• Repos (mardi 21 juillet) : Gap
• 17ème étape (mercredi 22 juillet) : Digne-les-Bains-Pra Loup (161 km)
• 18ème étape (jeudi 23 juillet) : Gap-Saint-Jean-de-Maurienne (185 km)
• 19ème étape (vendredi 24 juillet) : Saint-Jean-de-Maurienne-La Toussuire (138 km)
• 20ème étape (samedi 25 juillet) : Modane-L’Alpe d’Huez (110 km)
• 21ème étape (dimanche 26 juillet) : Sèvres-Paris-Champs Elysées (107 km)