Dans sa volonté de faire des Vosges plus qu’un massif intermédiaire, Christian Prudhomme et son équipe ont décidé de proposer trois journées difficiles dans ce massif trop souvent sous-estimé. Six cols en 170 kilomètres et un passage à 1336 mètres d’altitude au point le plus haut des Vosges : certes, la haute montagne n’est pas encore arrivée sur ce Tour de France, mais cette étape, et plus encore celle de demain, s’en rapproche nettement. Le seul hic pour espérer voir les favoris croiser le fer, 43 kilomètres séparent le Grand Ballon, dernière difficulté du jour, de l’arrivée. Si les prétendants au Maillot Jaune restent bien au chaud toute la journée, cela n’empêchera pas la bataille des Vosges d’éclater entre les baroudeurs, comme le laissait présager le parcours avec un dernier col éloigné de l’arrivée et un premier col situé d’entrée de jeu.

Au sortir de Gérardmer, le col de la Schlucht se dresse immédiatement devant les coureurs. Les 8,6 kilomètres à 4,5 % auraient dû permettre au bon coup de la journée de se dégager. Mais ils sont nombreux à vouloir le prendre. Près de 30 hommes vont vouloir prendre leurs distances avant qu’Alessandro De Marchi (Cannondale) et Tony Martin (Omega Pharma-Quick Step) ne trouvent enfin l’ouverture. Les autres n’ont pourtant pas dit leur dernier mot et c’est un petit peloton qui s’engage à la poursuite des deux hommes de tête. Il ne parvient pas à rentrer sur le duo. Mais après une longue bataille avec le peloton Maillot Jaune qui ne voit pas forcément d’un bon œil la présence d’un groupe si conséquent aux avant-postes, la trentaine de fuyards gagne son bras de fer.

Pour cela, le groupe peut remercier le Team Europcar. Car parmi ces 28 hommes, Pierre Rolland est accompagné de quatre coéquipiers : Cyril Gautier, Alexandre Pichot, Perrig Quémeneur et Kevin Reza. Un à un, les hommes de Jean-René Bernaudeau vont prendre de longs relais appuyés pour permettre à l’Orléanais de remonter au classement général. 23ème à 7’34 », le 4ème du Tour d’Italie arrive enfin sur un terrain qui le favorise. L’écart se creuse avec le peloton des favoris, mais elle favorise un autre Tricolore : Tony Gallopin (Lotto-Belisol). Le Francilien est le mieux placé au classement général (11ème à 3’37 ») et Vincenzo Nibali (Astana) ne fait pas une fixation à l’idée de défendre son maillot jaune. L’Italien, après sept jours passés dans la peau du leader du classement général, n’a rien contre le fait de se délester d’une certaine pression.

Tony Martin s’offre un raid en solitaire de 60 bornes, le maillot jaune tend les bras à Tony Gallopin

En revanche, les chances de victoire d’étape de ces 28 s’amenuisent au fil des kilomètres. Contre toute attente, De Marchi et Martin font mieux que résister : ils reprennent de l’avance ! Malgré le forcing de l’équipe Europcar, le tandem germano-italien avale les cols vosgiens à allure plus élevée. Tony Martin a prouvé sur le dernier Tour de Suisse qu’il pouvait se muer en grimpeur solide à condition que l’altitude ne soit pas trop élevée et que les pourcentages soient modérés. Les cols vosgiens conviennent donc parfaitement à l’Allemand dont les relais appuyés ne sont pas étrangers à la bonne résistance de l’échappée. Lorsque le concours d’Alessandro De Marchi n’est plus utile dans le premier col de 1ère catégorie, le Markstein, le champion du monde du contre-la-montre s’envole. Il reste alors 59 kilomètres pour rejoindre Mulhouse.

La distance n’effraie pas le champion du monde du contre-la-montre qui trouve une fois passé le Grand Ballon à 43 kilomètres de la ligne, un relief nettement plus favorable à ses qualités de rouleur. La route ne se cabre plus, au contraire, elle s’aplanit. Le vent est favorable pour ramener les coureurs sur Mulhouse. Le Tour de France n’offrait qu’un contre-la-montre, la veille de l’arrivée à Paris, Tony Martin s’en offre un deuxième. Seulement, au terme de cette journée passée à l’avant, il peut lever les bras, chose assez rare pour lui qui a avant tout construit son palmarès grâce à des chronos ! Il offre une nouvelle occasion de sourire à son équipe qui malgré la perte de Mark Cavendish, va conclure cette première semaine avec deux victoires d’étape après celle de Matteo Trentin à Nancy, le maillot blanc pour Michal Kwiatkowski et le maillot à pois pour Tony Martin qui fait coup double grâce à son raid.

Lui aussi est dans une équipe belge. Lui aussi a un large sourire lorsqu’il coupe la ligne. Tony Gallopin devient le premier coureur français à porter le maillot jaune depuis trois ans et Thomas Voeckler sur le Tour 2011. Le Francilien relance l’échappée en perte de vitesse au sommet du Grand Ballon et fait une partie de la vallée en compagnie de Mikael Chérel (Ag2r La Mondiale) avant de voir le reste du groupe revenir sur lui. Les coureurs qui veulent remonter au général comme Pierre Rolland et Brice Feillu (Bretagne-Séché Environnement) mettent les bouchées doubles. Mais le vainqueur de la Clasica San Sebastian peut également compter sur l’aide de Fabian Cancellara (Trek Factory Racing) pour prendre quelques relais. Ce soir, il possède 1’34 » d’avance sur Vincenzo Nibali au général et aura l’honneur de porter le maillot jaune un 14 juillet.

Demain, le jour de la fête nationale, sept cols seront au programme en 161,5 kilomètres, dont l’arrivée finale sur la Planche des Belles Filles (5,9 km à 8,5 %)

Classement 9ème étape :

1. Tony Martin (ALL, Omega Pharma-Quick Step) les 170 km en 4h09’34 » (40,9 km/h)
2. Fabian Cancellara (SUI, Trek Factory Racing) à 2’45 »
3. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) m.t.
4. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Shimano) m.t.
5. Matteo Montaguti (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
6. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) m.t.
7. Steven Kruijswijk (PBS, Belkin) m.t.
8. Mikael Chérel (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
9. Brice Feillu (FRA, Bretagne-Séché Environnement) m.t.
10. Tiago Machado (POR, Team NetApp-Endura) m.t.

Classement général :

1. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol) en 38h04’38 »
2. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 1’34 »
3. Tiago Machado (POR, Team NetApp-Endura) à 2’40 »
4. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) à 3’18 »
5. Richie Porte (AUS, Team Sky) à 3’32 »
6. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 4’00 »
7. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 4’01 »
8. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) à 4’07 »
9. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) à 4’08 »
10. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 4’13 »

Classement par points :

1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) 267 pt
2. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) 156 pt
3. Marcel Kittel (ALL, Giant-Shimano) 146 pt
4. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 117 pt
5. Mark Renshaw (AUS, Omega Pharma-Quick Step) 101 pt
6. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) 98 pt
7. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) 87 pt
7. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 75 pt
9. Tony Martin (ALL, Omega Pharma-Quick Step) 71 pt
10. Blel Kadri (FRA, Ag2r La Mondiale) 63 pt

Classement de la montagne :

1. Tony Martin (ALL, Omega Pharma-Quick Step) 18 pt
2. Blel Kadri (FRA, Ag2r La Mondiale) 17 pt
3. Alessandro De Marchi (ITA, Cannondale) 17 pt
4. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 12 pt
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 11 pt
6. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) 8 pt
7. Cyril Lemoine (FRA, Cofidis) 6 pt
8. Sylvain Chavanel (FRA, IAM Cycling) 6 pt
9. Simon Yates (GBR, Orica-GreenEdge) 5 pt
10. Jens Voigt (ALL, Trek Factory Racing) 4 pt

Classement des jeunes :

1. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) en 33h51’18 »
2. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 13 sec.
3. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 1’06 »
4. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Shimano) à 4’08 »
5. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 16’11 »
6. Tom-Jelte Slagter (PBS, Garmin-Sharp) à 27’54 »
7. Jon Izagirre (ESP, Movistar Team) à 41’40 »
8. Nelson Oliveira (POR, Lampre-Merida) à 43’13 »
9. Sébastien Reichenbach (SUI, IAM Cycling) à 49’28 »
10. Benjamin King (USA, Garmin-Sharp) à 49’35 »

Classement de la combativité :

1. Tony Martin (ALL, Omega Pharma-Quick Step)

Classement par équipes :

1. Astana (KAZ) en 114h22’53 »
2. Belkin (PBS) à 22 sec.
3. Ag2r La Mondiale (FRA) à 53 sec.
4. Team Sky (GBR) à 5’31 »
5. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 9’31 »
6. BMC Racing Team (USA) à 10’45 »
7. Tinkoff-Saxo (RUS) à 15’03 »
8. Team Europcar (FRA) à 15’20 »
9. Movistar Team (ESP) à 20’05 »
10. Lampre-Merida (ITA) à 20’08 »