Jean-Luc, Nacer Bouhanni ayant déclaré forfait en dernière minute, vous avez abordé le Tour dans des circonstances particulières. Quel bilan en tirez-vous ?
Nous nous sommes adaptés, et nous avons eu malgré tout de belles satisfactions avec Christophe Laporte, même s’il n’a pas gagné. Il a montré de belles choses. Le train s’est bien adapté autour de lui. C’est une satisfaction. Globalement, les coureurs ont su se montrer présents dans les échappées pour essayer d’aller jouer la gagne. Parfois même à deux coureurs comme au Mont Ventoux où Daniel Navarro était avec Cyril Lemoine. Bien sûr, quand la victoire n’est pas au bout, il y a toujours une pointe d’amertume. Mais nous pouvons être satisfaits d’eux.

Comment Christophe Laporte a-t-il assumé son nouveau rôle après la perte de Nacer Bouhanni ?
Effectivement, ce n’est pas évident de passer d’un rôle de lanceur à un rôle de finisseur. Nous ne lui avons pas mis la pression. Nous lui avons dit d’aborder ce rôle sereinement, que même s’il ne gagnait pas, nous continuerions de lui faire confiance. Surtout qu’il ne devait pas avoir de remords vis-à-vis de ses coéquipiers. Sur le Tour c’est difficile d’aller chercher la première place du jour au lendemain. Il a pris le Tour comme si c’était une course classique et ça a plutôt bien marché. Il nous a fait de belles places derrière les meilleurs mondiaux : 5ème à Montauban et à Montpellier, 6ème à Utah Beach, 8ème à Angers et 9ème à Villars-les-Dombes.

Ses performances peuvent-elles vous pousser à lui donner davantage des responsabilités, et ce dès la Vuelta en l’absence de Nacer Bouhanni ?
Non, Christophe reste un jeune coureur et nous n’allons pas l’aligner sur la Vuelta. Nous allons nous cantonner à un Grand Tour en ce qui le concerne. Nous allons mener des réunions prochainement. Nous avons un coureur à intégrer dans l’effectif vu le forfait de Daniel Navarro. Mais il n’est pas prévu que ce soit Christophe. Pour ce qui est des autres épreuves, nous allons étudier cela dans le courant de l’hiver. Nous pouvons compter sur lui sur des épreuves où Nacer n’est pas là, c’est une évidence. Il est devenu le deuxième sprinteur de l’équipe.

Comment le reste du train s’est-il adapté ?
Chacun a fait son travail comme il le fallait et a respecté les consignes qui étaient données. Nous parlions de Christophe, mais avant lui, le travail de l’ombre de Geoffrey Soupe, de Cyril Lemoine ou de Jérôme Cousin est important. Ils sont restés dans la position qui leur était demandée. C’est satisfaisant d’un point de vue individuel et collectif. Il faut savoir rebondir quand un coureur est remplacé en dernière minute. C’est d’autant plus vrai quand c’est un leader. Tout le monde a su composer avec sans aucun problème.

Comme vous le signaliez, la victoire n’est pas au bout. Une constante pour Cofidis sur le Tour depuis huit ans.
C’est vrai, c’est encore un Tour sans victoire. Mais il faut dire qu’une seule équipe française a gagné avec un seul coureur français : Romain Bardet à Saint-Gervais. Ça reste une frustration pour toute équipe française de ne pas gagner sur le Tour. Mais on ne désespère pas de relever la tête. Peut-être l’année prochaine.

En montagne, vos leaders n’ont jamais été en mesure de lutter pour le général, même si Daniel Navarro s’est montré actif dans les échappées.
Nous avons fait de belles choses avec Daniel Navarro. Le regret que nous avons, c’est de l’avoir perdu à deux jours de Paris avec sa fracture de l’épaule. Il a flirté à plusieurs reprises avec la victoire d’étape. Il ne lui a pas manqué grand-chose, en particulier au Mont Ventoux où il termine 3ème. C’est dommage.

A l’inverse, les performances d’Arnold Jeannesson vous ont-elles déçu ?
Arnold s’est fait mal dès la 1ère étape. Nous avons cru que nous allions le perdre rapidement. Sa main avait doublé de volume. Ça s’est arrangé au fil des étapes, mais il n’a pas été à la hauteur de ce qu’il attendait et de ce que nous attendions de lui. Il y a une petite frustration. Ça s’explique par sa chute, mais aussi par son mois de juin compliqué. Il a eu quelques problèmes de dos et n’avait pas pu participer au Critérium du Dauphiné. Il a travaillé pour revenir rapidement. Il nous a fait une belle Route du Sud après avoir fait un bon début de saison, mais son retour a peut-être été trop rapide, ce qui explique le contrecoup qu’il a connu sur le Tour.

Sans Nacer Bouhanni, ni Daniel Navarro, avez-vous désigné votre leader pour la Vuelta ?
Nous devons encore en discuter, mais il y a de grandes chances pour que l’effectif tourne autour de notre deuxième Espagnol, Luis Maté. Nous y alignerons également Kenneth Vanbilsen pour les sprints et Jonas Ahlstrand. Ce sont des coureurs sur lesquels nous pouvons compter et cela nous permet de faire tourner les effectifs.

Propos recueillis à Chantilly le 24 juillet 2016.