Marie Carmen Garcia est une jeune Espagnole de 27 ans. Depuis 2015, elle travaille sur le Tour de France comme hôtesse protocolaire pour la marque Skoda, qui parraine le maillot vert du meilleur sprinteur. Cette année, la jeune femme, très fière de sa culture, travaille également sur la Vuelta. Rencontre.

Marie Carmen, pouvez-vous nous expliquer comment vous avez décroché votre poste d’hôtesse protocolaire sur le Tour de France ?
Un jour, ma cousine m’a dit que l’une de ses amies qui travaillait sur le Tour de France pour Skoda lui a dit qu’ils cherchaient des hôtesses et que je pouvais envoyer mon CV. Je n’étais pas sûre de moi mais j’ai tenté ma chance. Après quelques entretiens et une vidéo, ils m’ont annoncé qu’ils voulaient que je fasse partie de leur équipe pour le Tour de France 2015.

Après ces trois ans d’hôtesse protocolaire, que pensez-vous de ce poste ?
Je pense que travailler comme hôtesse est un travail agréable où on rencontre beaucoup de monde. Dans mon cas, je n’avais jamais travaillé comme hôtesse avant donc au début j’étais un peu stressée parce que je n’étais pas habituée à être à la télé et être sur le podium devant des journalistes. Maintenant, j’aime ce travail et je suis prête pour les prochains Tours !

Il y a encore 40 ans, les femmes étaient totalement exclues du Tour de France. Qu’en pensez-vous ?
À mon avis, les conditions ont changé et il y a 40 ans la situation des femmes était très différente. Fort heureusement les temps ont changé et les femmes ont désormais l’opportunité de travailler dans un événement sportif d’envergure comme le Tour de France.

En tant que femme, vous sentez-vous intégrée et acceptée dans ce monde de cyclistes hommes ?
Je pense que oui mais il est vrai que nous sommes entourées de beaucoup d’ hommes (rires) ! C’est tout de même un travail très distrayant et on doit en profiter avec tout le monde sans penser à cela. Nous sommes tous collègues de travail et nous devons nous entendre et respecter les autres.

Cette année, pour la première fois, vous allez également travailler sur La Vuelta, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre rôle ?
Je vais travailler avec Skoda comme sur le Tour de France mais par contre je ne travaillerai pas comme hôtesse podium. Je ferai le départ et l’arrivée mais comme hôtesse dans la zone d’animations et je recueillerai des informations sur les voitures Skoda auprès des spectateurs. C’est un travail différent mais qui est pour moi tout aussi important que de travailler comme hôtesse protocolaire sur le Tour. De plus, je serai dans mon pays.

Ayant été hôtesse protocolaire sur le Tour, que pensez-vous de la décision de l’organisation espagnole qui consiste à interdire la bise des hôtesses sur le podium et à introduire un binôme mixte hôtesse/stewart ?
Je crois que c’est un sujet d’actualité et que par conséquent tout le monde en parle mais si on y réfléchit bien il n’y a aucun problème. Les hôtesses protocolaires donnent le maillot, le trophée ou le bouquet et font la bise sans aucune autre intention. Je pense que c’est esthétique, que cela fait partie du travail, et qu’il ne faut pas l’interpréter autrement. Il faut attendre et voir comment cela passe désormais.

Cette décision s’aligne sur celle du Tour Down Under en Australie, pensez-vous vraiment qu’imposer une parité numérique sur le podium peut contribuer à accroître la mixité au sein du processus protocolaire ?
Je pense que non. On a l’habitude de voir des femmes sur le podium et maintenant on doit se familiariser avec les changements qu’il y aura suite aux décisions qui ont été prises. Mais je ne pense pas que ce soit un problème d’égalité. Il y a beaucoup de femmes qui travaillent dans les événements sportifs désormais, tout comme les hommes.

Cette décision tend à réduire les pratiques « sexistes et dégradantes », que pensez-vous de cette déclaration ?
À mon avis, il n’y a pas de sexisme sur le podium mais je comprends qu’il y ait des gens qui ne pensent pas comme moi et que nos opinions soient différentes. Je n’ai jamais eu de problème de ce type devant ou derrière le podium. Personne ne m’a jamais traitée de manière dégradante en trois ans. Peut-être que dans d’autres sports, on pourrait penser qu’il y a des pratiques « sexistes et dégradantes », mais ce n’est pas le cas sur la Vuelta ou sur le Tour de France.

Que pensez-vous du nombre de femmes présentes sur les grandes courses et les postes qu’elles occupent de manière générale ?
C’est vrai qu’il y a plus d’hommes que de femmes et qu’il est nécessaire de changer cela mais je pense que c’est une question de temps et que les choses vont évoluer.

Propos recueillis par Mathilde Duriez.