En filant bille en tête vers Messine sur les belles routes qui bordent la côte est de la Sicile, se dessinaient entre une mer turquoise et un ciel azur les reliefs de la Calabre, pointe sud de l’Italie. Dès demain, la course rose franchira le détroit pour rejoindre la péninsule après cinq étapes insulaires, d’abord en Sardaigne, ensuite en Sicile. Commencera alors la remontée de la botte le long de la chaîne des Apennins, ce qui déjà devrait réduire les opportunités adressées aux sprinteurs. On en comptait six avant le Grand Départ du Giro, les finisseurs en ont déjà saisies trois, si l’on considère qu’ils se sont rattrapés sur un terrain semi-montagneux samedi quand Lukas Pöstlberger (Bora-Hansgrohe) leur avait volé la vedette vingt-quatre heures plus tôt dans les ruelles d’Olbia.

Aux sprints victorieux d’André Greipel (Lotto-Soudal) à Tortoli et Fernando Gaviria (Quick-Step Floors) à Cagliari s’en est donc ajouté un dans les rues de Messine, fief de Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida), qui n’avait a priori pas la moindre chance de sortir du lot sur ce terrain-là. A moins de tenter un coup semblable à celui orchestré vendredi dernier par Pöstlberger, ce que croyait avoir réalisé son coéquipier Luka Pibernik (Bahrain-Merida) en faussant compagnie au peloton à l’approche du passage sur la ligne d’arrivée. Le Slovène était si sûr de son fait qu’il se laissait aller à une effusion de joie en coupant la ligne blanche. Une erreur grossière car s’il s’était montré plus attentif au briefing, il aurait sans doute appris que la course franchissait une première fois la ligne d’arrivée à 6,3 kilomètres de l’arrivée avant d’effectuer une rapide boucle au cœur de la ville.

Ce n’était donc ni à Vincenzo Nibali ni à Luka Pibernik qu’allait revenir cette seconde étape sicilienne, partie 159 kilomètres plus tôt de Pedara, du côté de Catane. Pas plus qu’aux deux autres amuseurs de galerie du jour, Maciej Paterski (CCC Sprandi Polkowice) et Evgeny Shalunov (Gazprom-RusVelo), qui continuaient de respecter le contrat que leurs équipes respectives s’attachent à honorer jour après jour depuis le départ du Tour d’Italie. Le Giro doit d’ailleurs une fière chandelle aux coureurs des formations bénéficiaires d’une invitation, car sans leur esprit d’initiative les premiers jours de course auraient cruellement manqué d’animation. Cela même si le destin d’un tel duo était forcément scellé, une fois arpentés les derniers flancs de l’Etna pour revenir lécher la côte méditerranéenne.

A 15 kilomètres de l’arrivée, Maciej Paterski et Evgeny Shalunov reprenaient leur place dans le peloton, et en dépit de l’épisode Pibernik, c’est vers un sprint massif que s’acheminait le peloton tout entier. Sprint que Fernando Gaviria allait dominer de la tête et des épaules pour obtenir son second succès d’étape. Remonté dans les derniers hectomètres par son coéquipier Maximiliano Richeze, qui le déposait dans la roue de Sam Bennett (Bora-Hansgrohe), le sprinteur colombien produisait son effort dans le sillage de l’Irlandais pour le déborder dans les derniers mètres et franchir la ligne avec une belle aisance. Devant Jakub Mareczko (Wilier Triestina-Selle Italia) et Sam Bennett.

Demain jeudi, le Giro poursuivra sa route en Italie, de Reggio de Calabre à Terme Luigiane (217 km).

Classement 5ème étape :

1. Fernando Gaviria (COL, Quick-Step Floors) les 159 km en 3h40’11 » (43,3 km/h)
2. Jakub Mareczko (ITA, Wilier Triestina-Selle Italia) m.t.
3. Sam Bennett (IRL, Bora-Hansgrohe) m.t.
4. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) m.t.
5. Phil Bauhaus (ALL, Team Sunweb) m.t.
6. Kristian Sbaragli (ITA, Dimension Data) m.t.
7. Ryan Gibbons (AFS, Dimension Data) m.t.
8. Roberto Ferrari (ITA, UAE Team Emirates) m.t.
9. Jasper Stuyven (BEL, Trek-Segafredo) m.t.
10. Enrico Battaglin (ITA, Team LottoNL-Jumbo) m.t.

Classement général :

1. Bob Jungels (LUX, Quick-Step Floors) en 23h22’07 »
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 6 sec.
3. Adam Yates (GBR, Orica-Scott) à 10 sec.
4. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
5. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) m.t.
6. Tom Dumoulin (PBS, Team Sunweb) m.t.
7. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) m.t.
8. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) m.t.
9. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) m.t.
10. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) m.t.