Longue. Très longue fut l’étape d’hier qui a vu le premier succès sur le Giro de Caleb Ewan, au terme d’un sprint tortueux très bien négocié. L’Australien a fait taire ses détracteurs qui commençaient déjà à le faire passer pour un sprinteur maudit. C’est oublier que le jeune homme n’a que 22 ans et que l’avenir est encore devant lui. Pour les prochaines années mais sûrement pas pour les prochains jours. Les étapes difficiles arrivent tranquillement sur ce Giro qui peine quelque peu à s’animer et ce huitième jour de course entre Molfette et Peschici (189 km) semble promis à un baroudeur-puncheur. L’arrivée se prête à merveille à un coureur explosif qui devra exploiter au mieux les 1500 derniers mètres à 5,7 % de moyenne. Pour succéder aux Italiens Danilo Di Luca, Franco Pellizotti et Matteo Priamo, vainqueurs en 2000, 2006 et 2008 à Peschici.

Les Italiens, justement, attendent toujours la première victoire de l’un des leurs sur ce Giro. L’absence de sprinteur de talent explique en partie cette pénurie, et tous les transalpins auront à cœur de profiter d’une journée au scénario ouvert pour réparer cette anomalie. Reste dans un premier temps à prendre la bonne échappée dont la chance d’aller au bout est grande. C’est ce qui explique une moyenne folle de 54,6 km/h dans la première heure de course et une bataille de plus d’une heure pour qu’un groupe de 16 hommes se forme à l’avant.

Vincenzo Albanese et Mirco Maestri (Bardiani-CSF), Jan Barta, Gregor Mühlberger et Lukas Postlberger (Bora-Hansgröhe), Jasper De Buyst (Lotto-Soudal), Laurent Didier (Trek-Segafredo), Robert Ferrari (UAE Team Emirates), Alex Howes (Cannondale-Drapac), Christopher Juul Jensen (Orica-Scott), Iljo Keisse (Quick-Step Floors), Viatcheslav Kuznetsov (Katusha-Alpecin), Maciej Paterski et Branislau Samoilau (CCC Sprandi), Luis-Leon Sanchez (Astana) et Kristian Sbaragli (Dimension Data) roulent fort pour augmenter leur avance mais le peloton ne leur laisse pas plus de deux minutes. L’échappée est alors obligée de se disloquer dans la première ascension du jour. Et c’est surtout Luis-Leon Sanchez qui va faire la différence. L’Espagnol, redouté par ses adversaires lorsqu’il se trouve devant dans le final, se met en tête et accélère au train. Pour se retrouver seul à près de cent bornes de l’arrivée, idée suicidaire avec seulement une minute d’avance sur le peloton.

C’est la raison pour laquelle le coureur de l’équipe Astana attend le groupe de contre qui s’est formé derrière lui. Une quinzaine de coureurs, et parmi eux Valerio Conti (UAE Team Emirates), virtuel maillot rose alors que trois minutes de délais leurs sont accordées. Clément Chevrier (Ag2r La Mondiale) est également à l’avant, une première pour un Français sur ce Giro. Cette nouvelle échappée s’entend pourtant bien mal et peine à creuser un écart leur assurant de se disputer la bouteille réservée au vainqueur. Raison pour laquelle les attaques vont se succéder, au plus grand plaisir des suiveurs en manque de sensations.

Et à ce petit jeu, ce sont souvent des hommes d’expérience qui sortent en tête. Ainsi ce même Luis-Leon Sanchez, Giovanni Visconti (Bahrain-Merida) et Gorka Izagirre (Movistar Team) se retrouvent à nouveau échappés avec Mühlberger et Conti. Mais l’Autrichien saute dans le final et laisse ses quatre acolytes s’attaquer avec plaisir. La bagarre est belle mais personne ne prend une avance confortable avant la rampe d’arrivée. Et c’est dans la roue de Valerio Conti que ce petit monde se présente sous la flamme rouge. Mais l’Italien, qui faisait très forte impression depuis le début de la journée, glisse dans une épingle à cheveux et goûte au bitume. Gorka Izagirre profite de ce moment de flottement pour partir en puncheur. L’Espagnol ne faiblit pas et remporte son premier succès en Grand Tour devant Visconti, battu pour 5 secondes. Et frustrer à nouveau l’Italie.

Statut quo chez les favoris qui se neutralisent, malgré l’attaque de Mikel Landa (Team Sky) quelques kilomètres avant l’ultime difficulté. Ils arrivent tous roue dans roue à 12 secondes du vainqueur du jour. Ce qui permet à Bob Jungels (Quick-Step Floors) de conserver son maillot rose de leader avant l’étape du Blockhaus et une bagarre attendue entre prétendants au podium. – Adrien Godard

Classement 8ème étape :

1. Gorka Izagirre (ESP, Movistar Team) les 189 km en 4h24’59 » (42,8 km/h)
2. Giovanni Visconti (ITA, Bahrain-Merida) à 5 sec.
3. Luis-Leon Sanchez (ESP, Astana) à 10 sec.
4. Enrico Battaglin (ITA, Team LottoNL-Jumbo) à 12 sec.
5. Michael Woods (CAN, Cannondale-Drapac) m.t.
6. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) m.t.
7. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) m.t.
8. Adam Yates (GBR, Orica-Scott) m.t.
9. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
10. Bob Jungels (LUX, Quick-Step Floors) m.t.

Classement général :

1. Bob Jungels (LUX, Quick-Step Floors) en 38h21’18 »
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 6 sec.
3. Adam Yates (GBR, Orica-Scott) à 10 sec.
4. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) m.t.
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
6. Tom Dumoulin (PBS, Team Sunweb) m.t.
7. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) m.t.
8. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) m.t.
9. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) m.t.
10. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) m.t.