Après trois premières étapes sardes ayant accouché d’autant de porteurs du maillot rose, c’est une journée explosive que l’on promettait au Tour d’Italie à sa reprise cette semaine sur une nouvelle île aux multiples merveilles : la Sicile. Au départ de Cefalu (181 km), il n’était pas question de contourner le formidable sujet d’expression que représentent les pentes volcaniques de l’Etna. Le cône sicilien, qui s’élève à 3346 mètres et continue de croître éruption après éruption, recevait la 100ème édition du Giro pour ce qui pouvait être la première explication entre les favoris à la victoire finale et à ce maillot rose décidément volatile. Mais en début de première semaine, et qui plus est quand on sait la pléthore de difficultés qu’il conviendra de surmonter en troisième semaine, il fallait être précautionneux et en ce sens aucun favori n’aura clairement affiché ses ambitions aujourd’hui.

Parce que l’occasion de s’imposer en haut de sa montagne sacrée, lui le natif de Messine, ne se représentera sans doute jamais, Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) aura bien tenté de provoquer sa chance à 3 kilomètres de l’arrivée. Une banderille pour la forme, histoire de n’avoir aucun regret, mais que ses adversaires encore solidement entourés au sein d’un peloton bien consistant – une trentaine d’hommes à ce moment de la course – auront aussitôt réprimée.

Toute l’ascension, on avait vu les meilleurs monter au train, parfois roue dans roue, sans qu’aucun ne manifeste vraiment son intention d’en découdre à travers les champs de lave. Mais tandis qu’on se rapprochait des cratères éteints (ceux du refuge Sapienza, où se concluait l’étape à 1892 mètres, datent de 2001), personne n’avait fait la différence parmi les favoris. Seul Ilnur Zakarin (Katusha-Alpecin), débiteur samedi de 20 secondes, allait s’attacher à gommer son débours en repassant sur la plaque dans le dernier kilomètre pour porter une accélération qui lui permettrait de précéder le peloton de 10 secondes, et d’obtenir les 6 secondes de bonification promises au 2ème de l’étape.

Car tous ceux-là ne couraient déjà plus pour la victoire d’étape, que le Slovène Jan Polanc (UAE Team Emirates) était sur le point de s’adjuger au terme d’un sacré numéro. A l’attaque sitôt le départ donné, il aura accompli toute la course en tête, d’abord avec Eugenio Alafaci (Trek-Segafredo), Pavel Brutt (Gazprom-RusVelo) et Jacques Janse Van Rensburg (Dimension Data), puis seul tandis que s’élevait la route tracée sur les flancs de l’Etna. L’avance du quatuor montée à 7’40 » était encore de quatre minutes à l’entame des 17,9 kilomètres à 6,6 %. Mais le rythme raisonnable avec lequel les favoris du Giro allaient gravir le volcan allait permettre à un valeureux Jan Polanc de s’accrocher à l’espoir d’une victoire retensissante.

A 25 ans, le Slovène déjà vainqueur d’étape au Giro il y a deux ans, à Abetone, rejoignait le refuge Sapienza avec juste assez d’énergie pour lever les bras au ciel et assez de temps pour savourer sa performance, 19 secondes devant Ilnur Zakarin, 29 devant le peloton réglé par Geraint Thomas (Team Sky) et à bord duquel Bob Jungels (Quick-Step Floors), 7ème de l’étape, s’empare ce soir du maillot rose de leader.

Demain mercredi, le Giro poursuivra sa route en Sicile entre Pedara et Messine (159 km).

Classement 4ème étape :

1. Jan Polanc (SLO, UAE Team Emirates) les 181 km en 4h55’58 » (36,6 km/h)
2. Ilnur Zakarin (RUS, Katusha-Alpecin) à 19 sec.
3. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 29 sec.
4. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) m.t.
5. Dario Cataldo (ITA, Astana) m.t.
6. Tom Dumoulin (PBS, Team Sunweb) m.t.
7. Bob Jungels (LUX, Quick-Step Floors) m.t.
8. Adam Yates (GBR, Orica-Scott) m.t.
9. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) m.t.
10. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) m.t.

Classement général :

1. Bob Jungels (LUX, Quick-Step Floors) en 19h41’56 »
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 6 sec.
3. Adam Yates (GBR, Orica-Scott) à 10 sec.
4. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) m.t.
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
6. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) m.t.
7. Tom Dumoulin (PBS, Team Sunweb) m.t.
8. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) m.t.
9. Mikel Landa (ESP, Team Sky) m.t.
10. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) m.t.