On change aujourd’hui de registre sur la route du Tour d’Italie, alors que la course quitte les Pouilles et Tarente pour s’aventurer dans les terres de la Basilicate jusqu’au village perché de Viggiano (203 km), où une première arrivée en bosse attend aujourd’hui les puncheurs et, à un degré moindre tout de même, les candidats au maillot rose. S’il est exagéré de parler de première étape montagneuse, bien que les altitudes avoisineront celles d’une étape de moyenne montagne – quand on sait que la course s’élance du niveau de la mer –, les favoris doivent impérativement répondre présents sur cette cinquième journée de course. Ceux qui ont déjà laissé des plumes en Irlande et se doivent d’exploiter toutes les occasions de refaire un peu de leur retard sont notamment attendus sur ce premier « sommet ».

Les sprinteurs, en tout cas, passent leur tour pour deux jours puisque l’étape de demain et son arrivée en bosse au terme d’une journée marathon de 247 kilomètres leur sera également nuisible. Pas question pour autant d’être inexistants durant ces deux journées. Marcel Kittel retiré, on sait que les prochaines étapes propices aux finisseurs seront âprement disputées puisque plus ouvertes, même si Nacer Bouhanni (FDJ.fr) a pris l’avantage hier à Bari. Le Vosgien espère réitérer son sprint victorieux, ne serait-ce que pour défendre le maillot rouge de leader du classement par points dont il a hérité et pour lequel il se dit prêt à se battre jusqu’à Trieste le dimanche 1er juin. Mais pour l’heure il lui faut se retaper après son époustouflant final d’hier, quitte à laisser filer quelques points sur la route de Viggiano.

Les chasseurs de points se nomment Ben Swift (Team Sky) et Elia Viviani (Cannondale). On avait déjà vu les deux hommes s’expliquer sous la flotte hier dans le sprint intermédiaire qui avait précédé le rush final, les revoilà en quête de points dans un sprint placé au kilomètre 70. Pour avoir une chance de s’y opposer, Swift et Viviani sautent dans l’échappée matinale, déclenchée dès les premiers kilomètres, et que composent en outre Kenny Dehaes et Tosh Van Der Sande (Lotto-Belisol), Tyler Farrar et Fabian Wegmann (Garmin-Sharp), Tony Hurel et Bjorn Thurau (Team Europcar), Marco Frapporti (Androni Giocattoli), Yonathan Monsalve (Neri Sottoli-Yellow Fluo) et le champion de Colombie Miguel-Angel Rubiano (Colombia), attiré lui par un autre accessit : le maillot bleu de meilleur grimpeur dont il se rapproche petit à petit.

Un déluge s’abat dans le final, Gianluca Brambilla y voit une occasion de s’échapper.

Le peloton ne réagit pas à l’assaut des onze attaquants du matin, qui auront donc l’honneur de se disputer le sprint intermédiaire. Ben Swift y précède Elia Viviani, mais l’Italien de Cannondale rafle suffisamment de points pour déposséder Nacer Bouhanni du maillot rouge. En attendant de futures explications d’homme à homme entre les deux hommes lorsque le terrain le leur permettra. Les points disputés, l’échappée poursuit son petit bonhomme de chemin, mais l’écart monté à cinq minutes est déjà bien retombé tandis que se profile la montée vers Viggiano, que les coureurs escaladeront deux fois dans les 20 derniers kilomètres. Frapporti, Monsalve, Van Der Sande puis le seul Thurau insistent un peu avant d’attaquer la bosse, mais ils sont successivement rejoints par le peloton, regroupé à 14 kilomètres du but.

La course avait échappé à la pluie jusque-là, voilà qu’elle fait son retour au moment où l’on aborde la phase décisive et la première ascension de la côte finale, une montée de 6,7 kilomètres à 3,6 % dont la principale difficulté intervient surtout dans les 1750 derniers mètres (à 6,2 %). Sous le déluge qui s’abat brusquement sur le Giro, la route s’imbibe d’eau, provoquant pas mal d’inquiétudes au moment de basculer dans la descente. Gianluca Brambilla (Omega Pharma-Quick Step) y voit une occasion de se démarquer de la meute. Il démarre dans la descente, à 9 kilomètres de l’arrivée, et augmente rapidement son avantage pour le porter à une demi-minute sur un peloton conduit par les Katusha. Mais il s’agit maintenant de reprendre la route qui grimpe vers l’arrivée, et l’Italien, bien que convaincant, va progressivement coincer pour finalement céder dans la partie la plus raide, à un peu plus d’un kilomètre de l’arrivée.

C’est un peloton réduit à une trentaine d’unités et comprenant l’ensemble des favoris qui s’apprête à en finir au sprint. Michael Matthews (Orica-GreenEdge) va préserver son maillot rose. L’Australien se verrait même s’imposer là-haut, lui qui a des références en la matière, 2ème de la Flèche Brabançonne cette année mais aussi ancien vainqueur de l’étape du Tour Down Under qui se conclut chaque année dans la bosse de Stirling… où s’est imposé cette année Diego Ulissi (Lampre-Merida). Et c’est justement l’Italien qui gicle en bon puncheur qu’il est dans les derniers hectomètres, remportant l’étape devant le peloton des favoris. Ceux-ci n’auront pas trouvé les moyens de se différencier dans ce final, mais l’Australien Cadel Evans (BMC Racing Team) 2ème et bénéficiaire de 6 secondes de bonification tire encore le meilleur parti.

Demain jeudi, la sixième étape reliera Sassano au Mont Cassin (247 km).

Classement 5ème étape :

1. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) les 203 km en 5h12’39 » (39,0 km/h)
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 1 sec.
3. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) m.t.
4. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
5. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) m.t.
6. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
7. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
8. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) m.t.
9. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
10. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) m.t.

Classement général :

1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) en 17h41’23 »
2. Pieter Weening (PBS, Orica-GreenEdge) à 14 sec.
3. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 15 sec.
4. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 19 sec.
5. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 26 sec.
6. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) à 35 sec.
7. Nicolas Roche (IRL, Tinkoff-Saxo) à 37 sec.
8. Michele Scarponi (ITA, Astana) à 41 sec.
9. Dario Cataldo (ITA, Team Sky) à 49 sec.
10. Fabio Aru (ITA, Astana) à 52 sec.

Classement par points :

1. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 119 pt
2. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 115 pt
3. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 106 pt
4. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 96 pt
5. Ben Swift (GBR, Team Sky) 86 pt
6. Davide Appollonio (ITA, Ag2r La Mondial) 44 pt
7. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 37 pt
8. Francesco Chicchi (ITA, Neri Sottoli-Yellow Fluo) 36 pt
9. Tom Veelers (PBS, Giant-Shimano) 34 pt
10. Maarten Tjallingii (PBS, Belkin) 32 pt

Classement de la montagne :

1. Maarten Tjallingii (PBS, Belkin) 12 pt
2. Miguel-Angel Rubiano (COL, Colombia) 9 pt
3. Jonathan Monsalve (VEN, Neri Sottoli-Yellow Fluo) 4 pt
4. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 3 pt
5. Angel Vicioso (ESP, Team Katusha) 3 pt
6. Andrea Fedi (ITA, Neri Sottoli-Yellow Fluo) 3 pt
7. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 2 pt
8. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 2 pt
9. Yonder Godoy (VEN, Androni Giocattoli) 2 pt
10. Jeffry Romero (COL, Colombia) 2 pt

Classement des jeunes :

1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) en 17h41’23 »
2. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 26 sec.
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 52 sec.
4. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) à 1’09 »
5. Georg Preidler (AUT, Giant-Shimano) à 1’10 »
6. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 1’12 »
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 1’23 »
8. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Shimano) à 1’32 »
9. Pawel Poljanski (POL, Tinkoff-Saxo) m.t.
10. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 1’39 »

Classement par équipes :

1. Astana (KAZ) en 52h16’05 »
2. Orica-GreenEdge (AUS) à 7 sec.
3. Team Sky (GBR) à 19 sec.
4. Lampre-Merida (ITA) à 27 sec.
5. Tinkoff-Saxo (DAN) à 29 sec.
6. Giant-Shimano (PBS) à 41 sec.
7. Ag2r La Mondiale (FRA) à 43 sec.
8. BMC Racing Team (USA) à 1’03 »
9. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 1’14 »
10. Trek Factory Racing (USA) à 1’31 »