C’est une météorite qui a traversé ce matin le ciel russe avant de s’écraser dans l’Oural, au sud du pays. Comme un signe annonciateur de la décision qu’allait communiquer le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) une semaine après avoir reçu des représentants du Team Katusha et de l’Union Cycliste Internationale, en désaccord depuis deux mois et la mise à l’écart du WorldTour de l’équipe russe. Chargé de se prononcer sur le bienfondé d’une telle décision, qui reposait sur le critère éthique, le TAS « n’est pas parvenu aux mêmes conclusions que la Commission des Licences de l’UCI », précise-t-il. Aussi a-t-il décidé ce matin d’accorder au Team Katusha son enregistrement en 1ère division. Une décision relativement inattendue qui provoque aujourd’hui un cataclysme dans les pelotons et invite la fédération internationale à faire face à une situation inédite.

Inédite mais pas imprévue pour autant. Un point du règlement avait déjà anticipé un tel cas de figure. Il stipule qu’en cas de décision du TAS annulant un refus de licence, l’UCI se réserve le droit de redistribuer les licences en cours. En d’autres termes, pour maintenir le WorldTour autour de dix-huit équipes, la limite qu’elle s’est fixée, il va falloir à l’Union Cycliste Internationale éjecter un groupe un mois après le début de la saison ! La fédération n’a pas confirmé si elle allait appliquer ce point précis du règlement. Elle s’est simplement contentée d’annoncer qu’elle allait « évaluer à présent les conséquences de cette décision » avant une décision qui sera prononcée dans les prochains jours.

C’est que cette situation est réellement des plus embarrassantes. La présence d’une dix-neuvième équipe dans le WorldTour remet en question les plateaux de bien des épreuves. Elle limiterait notamment à trois le nombre d’invitations dont disposeraient les organisateurs de Grands Tours et rendrait impossible la présence éventuelle des quatre équipes françaises de 2ème division sur le 100ème Tour de France. Le Giro, lui, a déjà remis ses quatre invitations. Sera-t-il dans l’obligation d’en retirer une ? Et ne parlons pas des épreuves qui ont limité la participation aux dix-huit équipes du WorldTour, faute de budget suffisant pour la réception d’une dix-neuvième structure.

D’un autre côté, une remise en question de la 1ère division telle qu’elle avait été établie cet hiver supposerait la rétrogradation d’une équipe actuellement labellisée WorldTour. En ce sens, la Commission des Licences réévaluerait les dossiers des équipes dont les licences ont été renouvelées à compter de 2013. Sept formations sont dans cette situation : Ag2r La Mondiale, Argos-Shimano, Blanco, Euskaltel-Euskadi, Garmin-Sharp, Team Saxo-Tinkoff et… le Team Katusha. L’une d’elle va-t-elle sauter ces prochains jours ? Ce n’est évidemment souhaitable pour personne. Mais si tel devait être le cas, on peut imaginer qu’une telle décision reposerait sur le critère sportif. L’épée de Damoclès reposerait alors au-dessus du Team Saxo-Tinkoff, dont l’effectif 2013 est le moins bien pourvu en points UCI sur l’ensemble des dix-neuf WorldTeams…

En attendant de savoir s’il y aura des répliques au séisme matinal, le Team Katusha salue aujourd’hui une grande victoire, vingt-quatre heures après celle obtenue par Joaquim Rodriguez dans l’étape-reine du Tour d’Oman. Le double lauréat du WorldTour avait menacé de quitter le groupe russe au cas où il aurait été confirmé en 2ème division. L’Espagnol va pouvoir poursuivre sa saison plus sereinement, bien que privé d’une première occasion de marquer des points au Tour Down Under le mois dernier, la seule épreuve WorldTour organisée jusqu’à présent. Il se rattrapera d’ici peu. Paris-Nice démarre dans quinze jours, Tirreno-Adriatico dans la foulée. Avec les Katusha.