En effet, les vélos utilisés par les professionnels du World Tour évoluent constamment grâce aux dernières innovations technologiques et bien sûr aux choix techniques des équipes elles-mêmes. Cette année, des tendances sont clairement établies, probablement accentuées par le miroir grossissant du Tour de France.

Guidon et potence intégrés

Ces « combos » existent depuis des années et ont été popularisés il y a bien longtemps par le Deda Alanera. Thomas Voeckler par exemple était un adepte de ce matériel mais pendant longtemps les coureurs pros n’ont que rarement utilisé ce matériel. Réglages d’inclinaison limités et léger surpoids en étaient les principaux inconvénients. Pour autant, 2019 marque une apparition en masse dans le peloton.

Citons par exemple le Pinarello Dogma F12 utilisé par le Team Ineos qui est aujourd’hui équipé d’un cintre/potence MOST Talon, qui existe lui aussi dans la gamme depuis bien longtemps mais qui avaient été « oubliés » pendant longtemps, à l’époque de Bradley Wiggins par exemple.  Le modèle actuel a été amélioré et doté d’une vraie entrée pour les câbles. L’arrière est évasé pour permettre aux câbles d’entrer directement dans le cadre.

Chez Mitchelton Scott, le nouveau Scott Addict RC, avec lequel roule par exemple Simon Yates comprend un combo au nom improbable : Syncros Creston iC SL. Les gaines de frein et les câbles Shimano Di2 entrent dans le guidon/potence et sont acheminés vers l’intérieur, à l’avant d’un tube de direction élargi.

D’autres formations se sont équipées de combos comme Wanty – Groupe Gobert ou André Greipel qui utilise le modèle Vision Metron 5D qui existe depuis quelques années maintenant.

Chez Bahrain Merida, quelques coureurs utilisent le Vision Metron tandis qu’au sein des équipes Katusha – Alpecin et Movistar, le combo Canyon H36 est systématiquement monté.

TDF2019-Le vélo du leader #23Le Cube des Wanty Groupe Gobert | © Vélo 101

Intégration plus poussée

Parallèlement au nombre croissant de combos, la tendance à cacher chaque petit morceau de câble ou de gaine se poursuit. Le routage interne des câbles est une caractéristique des vélos haut de gamme – et de nombreux vélos moins chers – depuis des lustres, mais chez les pros il devient de plus en plus rare d’observer un bout de câble ou du flexible.

Pour les coureurs de Total Direct Energie, Wilier n’hésite pas à décrire son Zero SLR comme « le premier vélo de course super léger avec freins à disques et câbles entièrement intégrés ».

Le Cervelo S5 Disc est un autre nouveau vélo – lancé à l’automne dernier – avec un routage des câbles totalement interne. Il existe donc des vélos dont le câblage reste externe comme le Canyon des Katusha ou Movistar mais cela devient exceptionnel, en particulier sur les vélos aéro.

Cervélo01Le Cervélo de l’équipe Sunweb | © Michael Matthews

  

Selles « courtes »

La tendance vers ce type de selles s’est accentuée sur les 1ers mois de l’année, comme chez Astana et Groupama – FDJ ou EF Education First. La longueur est voisine de 245-250mm.

  

La selle Prologo de Tanel KangertLa selle Prologo de Tanel Kangert | © Prologo

Pneus Tubeless

La grande majorité des coureurs utilise des boyaux mais le Tubeless gagne du terrain et pas seulement sur les courses pavées.

Par exemple le Canyon Ultimate CF SLX d’Alejandro Valverde est équipé de roues Bora WTO 40 et de pneus Tubeless Continental Grand Prix 5000 TL.

  

Eléments aéro sur les vélos légers

Au cours des dernières années, nous avions surtout 2 types de vélos au sein des équipes : un vélo léger et un vélo aérodynamique, et parfois aussi un 3ème vélo, d’endurance (utilisé généralement sur les classiques pavées). Nous voyons aujourd’hui des marques incorporant davantage d’éléments aérodynamiques sur leurs vélos légers.

Le Wilier Zero SLR de Total Direct Energie, par exemple emploie un cadre de 780g et une fourche de 780g mais Wilier a augmenté la distance entre les fourreaux de la fourche et la roue pour améliorer l’aérodynamisme, suite au développement de ses vélos de triathlon et de contre la montre. Quant à la tige de selle monocoque en carbone, elle offre une section transversale en forme de D étudiée pour offrir plus d’aéro qu’un tube parfaitement rond.

Le Foil est le vélo de route aérodynamique de la gamme Scott, mais la marque a introduit de l’aéro dans le nouvel Addict RC, utilisé par Mitchelton – Scott. Le combo a déjà été mentionné ci-dessus mais au niveau du cadre, les tubes sont à profil aérodynamique breveté de Scott. Les haubans ont également été abaissés (ils rencontrent le tube de selle plus bas) afin de réduire la taille de l’espace derrière le tube de selle et de réduire la traînée. Selon la marque, le résultat est un vélo qui économise l’équivalent de 6 watts à 45 km/h par rapport au précédent Addict.

Le Team Ineos ne fait pas non plus de distinction entre vélo aéro et vélo léger, il utilise le Pinarello Dogma F12 pour toutes les étapes. La famille Dogma n’a pas commencé comme vélo de route aérodynamique, mais à chaque nouvelle mise à jour, il devient de plus en plus efficace.  Pinarello affirmant que le F12 possède 7,3% de moins de traînée que la F10, économisant l’équivalent de 8w à 40 km/h. Des chiffres impossibles à vérifier mais la tendance reste présente.

Le Team IneosLe Team Ineos | © Egan Bernal

Freins à disques

Le Tour de France 2019 a accentué la tendance ! Si certaines équipes n’emploient toujours pas les freins à disque comme Movistar par exemple (alors que c’est le cas chez Katusha qui possède le même équipementier Canyon), d’autres équipes telles que celles fournies par Specialized (Bora-Hansgrohe et Deceuninck – QuickStep), utilisent exclusivement des freins à disques.

Certaines équipes ont un mélange des deux types de freins comme Astana par exemple avec les disques pour Jakob Fuglsang et des patins pour d’autres.

Par ailleurs on note que de plus en plus de vélos haut de gamme sont seulement équipés de freins à disque, comme le nouveau Scott Addict RC, le Wilier Zero SLR et le Cube Litening C68.