Pour cela, nous avions rencontré Bert Roesems lors d’un stage de début de saison. Bert a commencé à travailler chez Shimano en 2010 après une carrière pro riche de 13 saisons dont quelques belles victoires (Grand Prix de Denain, Champion de Belgique du Contre La Montre) et places d’honneur (3ème de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, 8ème de Paris-Roubaix). Il est aujourd’hui le responsable marketing pour la route au sein de la marque nipponne.

Quel est votre rôle sur le stage de Calpe avec l’équipe Deceuninck Quick Step ?

– Nous leur fournissons le matériel mais il y a un suivi sur le plan technique (formation aux produits) et nous sommes là pour voir que, question matériel, tout fonctionne normalement, que les coureurs ont tout ce qu’il faut pour pédaler sans histoires.

Plus auprès des mécanos que des coureurs ?

– Nous avons plus de contacts avec le staff qu’avec les coureurs. Depuis l’hiver dernier, nous faisons aussi des formations avec les coureurs pour qu’ils aient une meilleure compréhension du matériel qu’ils utilisent mais aussi leur permettre de faire certaines « petites choses » qui vont leur faciliter la vie surtout s’ils ont un petit pépin pendant la course, c’est-à-dire gérer avant que la voiture de l’équipe ou l’assistance neutre n’arrive.

Vous faites allusion aux disques, utiliser les clés par exemple pour le démontage des roues ?

– Non, il s’agit en fait de tous les aspects liés à l’utilisation du groupe Di2, pouvoir faire un reset et pouvoir continuer.

Les formations dont vous parlez pour les coureurs, c’était au bon vouloir de chacun d’y participer ?

– Comme nous faisions une présentation pour l’équipe, la présence des coureurs était quand même indispensable. Mais cela se faisait sur 30-45 min environ donc rien de trop prenant.

Au moment du début de saison, combien de stages avez-vous fait avec les équipes ?

– Finalement, nous en avons eus autant que les coureurs eux-mêmes, c’est-à-dire 2 : un premier stage au mois de décembre et un second en janvier.

L’équipe Bahreïn-Mac Laren n’est pas très loin du lieu où nous sommes actuellement (Calpe), est-ce que vous allez aussi passer les voir pour la même prestation que Deceuninck Quick Step ?

– Oui, nous allons aussi traiter avec l’équipe Bahrain – Mc Laren mais il faut distinguer les types de contrats que nous avons : d’une part les équipes que nous sponsorisons et d’autre part celles que nous équipons. Nous n’avons pas le même niveau de prestations dans les 2 cas.

Mais pour tous, nous avons un même support technique.

Dans l’ensemble des équipes du World Tour, combien d’équipes cela représente-t-il ?

– C’est finalement plus simple dans l’autre sens : dans le World Tour, seulement 4 équipes n’utilisent pas Shimano, donc réparties entre Sram et Campagnolo :

Trek Segafredo

Movistar

Lotto Soudal

Cofidis

Ainsi 15 équipes sont en Shimano dont 7 sponsorisées :

Jumbo Visma

Sunweb

Groupama FDJ

Michelton Scott

Team Ineos

Deceuninck Quick Step

Bora Hansgrohe

Dans l’intersaison, vous êtes constamment en voyage pour être au plus près de ces équipes ?

– Oui, finalement, notre programme est calqué sur celui des équipes, ce qui représente une centaine de jours de présence en stage entre 2 saisons.

Vous allez vous-même aller rouler avec les coureurs pour avoir leurs impressions sur le terrain ?

– Non, cela ne se fait pas. D’un côté, nous avons trop d’équipes donc trop de travail à faire et d’un autre côté il faut une grosse forme physique pour pouvoir suivre les coureurs.

Chez Shimano, le but est d’avoir l’ensemble des composants, roues comprises ?

– Oui, c’est bien cela. L’idée est que nous avons, au-delà des composants mais bien un système. C’est avec ce système que le fonctionnement est parfait.

Dans ce système, vous incluez aussi les composants Pro (cintre, potence, tige de selle) ?

– En fait, ceci est dans un 2ème plan. L’important est bien le fonctionnement, c’est-à-dire dérailleurs, freins et roues. Ici les composants Pro (marque appartenant à Shimano) n’interviennent pas. Notre intérêt est toutefois que les équipes utilisent aussi la marque Pro.

Par rapport aux JO de Tokyo, est-ce que vous préparez des choses en particulier ?

– Non, pas vraiment car la marge de manœuvre reste limitée concernant cet événement. Question de visibilité et de règlement car pour utiliser un matériel là-bas, il faut qu’il ait été mis sur le marché avant le 1er janvier 2020.

De plus, nous ne souhaitons pas faire prendre de risques aux coureurs. Imaginons par exemple qu’une nouvelle paire de chaussures soit disponible. A un stade avancé de la saison et pour un objectif aussi important dans l’année, nous n’envisagerions pas ce risque.

Vous évoquiez une centaine de jours sur le terrain. Quand la saison démarre, quel est votre rôle ?

– Je suis présent sur les courses, avec un collègue. Ca commence donc pour lui au Tour de Catalogne et pour moi dès le début de saison sur les courses belges.

Mon rôle alors est d’être présent avant et après la course car nous ne voulons pas intervenir dans le fonctionnement de l’équipe. Nous avons aussi une règle expliquant que l’arrière de nos véhicules neutres (puisque nous sommes dans l’assistance à ce moment là) soit « encombré » par des personnes. Il s’agit alors de bien séparer les rôles pour Shimano.

Retrouvez la suite de l’interview la semaine prochaine dans le volet N°7 du World Tour Matériel 101.