En plein désertEn plein désert | © Arabian Epic Series

Rémi, tu termines 5ème de cette deuxième manche de l’Arabian Epic Séries, comment s’est déroulée cette étape ? 

Une étape bien difficile à gérer physiquement effectivement. Fujairah se trouve dans une zone très aride, rocailleuse. Pour cette manche l’organisateur nous a fait emprunter une vallée sablonneuse très éprouvante car difficile à rouler et qui arrivait après le Jebel Pain. La température est vraiment l’élément stratégique à prendre en compte et de ce côté-là on est servi. C’est le désert, le vrai, celui que l’on imagine, celui dans lequel on ne veut pas se retrouver isolé. Pour ses manches et afin d’éviter une trop grosse prise de risque, l’organisation propose une boucle à réaliser deux fois. Point de vue sécurité c’est une bonne chose mais c’est compliqué moralement de repartir sur le deuxième tour quand on vient de boucler le premier. J’étais donc en tête de course au passage au sommet du Jebel Pain puis ça rentre dans la vallée. On se retrouve à 5 devant, dont mon coéquipier Steffen Thum. J’ai eu un coup de moins bien et laisse filer le groupe. Je fais la seconde boucle seul, à batailler avec moi-même pour prendre la 5ème place au final.

Tu termines à 23 minutes qu’est ce qui t’a manqué ?

J’avais remporté la première étape alors l’idée était de conforter le général pour cette deuxième manche. Steffen allait jouer la gagne. Sur le papier, c’était l’idée. Il faut dire que la chaleur a eu raison de nous. Une fois isolé, les 4 de devant jouant la course, j’étais dans un autre rythme avec pour objectif d’éviter la déshydratation et l’explosion. Forcément, on perd vite du temps et au final ça fait de gros écarts. Je reste leader sur le général et c’est important.

Vous étiez à Jebel Pain, ça porte bien son nom ?

Oui, un nom bien porté ! C’est un col réputé là-bas, des passages à 30 %, une ascension irrégulière casse-pattes mais rendue extrêmement dure par l’environnement. Pas un arbre, pas un point d’ombre, plus tu progresses plus tu as le sentiment de te rapprocher de ce soleil brulant. Le deuxième passage est compliqué. 

Décris-nous les paysages sur une étape comme ça ? la température ?

Du haut du Jebel Pain, c’est époustouflant. La montagne est partout, les altitudes ne sont pas folles car on est proche de la côte mais les sommets s’enchaînent jusqu’à porter le regard vers Oman. C’est unique. Plus que dépaysant, le circuit nous plonge dans cet univers des Émirats resté non urbanisé. On est très loin de l’image ultramoderne et luxueuse de Dubaï. Les villages que l’on traverse sont marqués par le sable et le soleil. C’est totalement une terre hostile, au sens propre et la température y est écrasante. Les locaux ne comprennent pas vraiment le fait que l’on puisse y faire du vélo. C’est une chose qui les dépasse. L’enjeu là-bas est de s’alimenter en eau, c’est une préoccupation principale et effectivement même en ce moment avec leurs températures hivernales on souffre des 35 / 40°. L’été la température grimpe jusqu’aux 50° et ne descend pas sous les 35° la nuit… on peut oublier le vélo.

Quel type de pneus mets-tu et quelles sont tes autres adaptations matérielles ? 

L’équipe est sous contrat avec Continental, je roule sur le Race King Protection, flans renforcés, à l’avant comme l’arrière. C’est un bon pneu roulant, résistant, j’y trouve mon compte. Sur l’Arabian Epic Series, pour la première fois, j’ai monté un second porte bidon ! Une adaptation plutôt vitale dans ce contexte en fait.

Comment tu t’adaptes, ravitos, hydratation… ? 

Il faut avouer que sur cette seconde étape le ravitaillement a joué un gros rôle sur la course. La chaleur étouffante te fait oublier de t’alimenter et on a tendance à trop boire, noyer son estomac. Ce qui n’est pas bon. J’essaie de m’en sortir avec des pâtes de fruit, des fruits secs, qui viennent en complément des barres et gels ultraSports, le partenaire de l’équipe. Je bois de l’eau claire dans ses conditions car j’aime bien pouvoir m’arroser pour rafraichir un peu tout le système.

Rémi Laffont sur la deuxième mancheRémi Laffont sur la deuxième manche | © Rose Bikes Racingteam

Y-a-t-il des points d’assistance technique ? 

Il y en avait 6. Ceci dit, l’organisation est à ses débuts et il s’agissait plus de ravitaillements en eau que de vrais points d’assistance technique. Concrètement il y avait une grosse zone technique sur la boucle, donc 2 sur le marathon. Autrement dit, il vaut mieux être autonome.

On voit qu’il y a 21 nationalités au départ, comment l’expliques-tu ? 

Dubaï est un pôle attractif. La ville brasse toutes les nationalités sur un plan économique. Les gens viennent y travailler, s’y installent et essaient de continuer les activités qu’ils pratiquaient avant de se retrouver dans le désert. Alors certains roulent, ou se mettent à rouler. Sur la course on retrouve des gens avec ce profil. Des cadres qui se libèrent pour rouler et se retrouver en communauté cycliste. On sent vraiment que le vélo leur permet d’intégrer des groupes d’amis et l’Arabian Epic Séries trouve son sens en proposant toutes ses épreuves à travers les Émirats même au-delà avec la Jordanie ou encore Oman. L’organisateur fédère et amène à la découverte.

Le prix d’engagement est d’un peu plus de 55 $, penses-tu que c’est un juste prix compte-tenu des prestations ?

Je pense que oui. Les prestations sont bonnes, les idées aussi. L’organisation est à ses débuts alors effectivement il y a des manquements mais en faisant preuve d’indulgence sur certains critères il faut considérer la difficulté de la mise en place d’une telle épreuve. Nous ne sommes pas en Europe, ce qui semble simple chez nous est difficile là-bas. Les terrains sont privés, il faut les autorisations de personnes très influentes pour pouvoir accéder à ses coins de nature encore extrêmement sauvages. J’avoue avoir été surpris sur cette seconde étape. L’immersion est saisissante.

La troisième manche est dans 15 jours, à Abu Dhabi, penses-tu que vous aurez un terrain de jeu très différent ?  

Ils l’annoncent différent. Avec Abu Dhabi on plongera dans un autre Émirat, culturellement très riche. Très honnêtement je ne sais pas à quoi on doit s’attendre et c’est ce qui m’attire. J’ai l’impression de démarrer une nouvelle aventure avec cette Arabian Epic Séries, une aventure au sens propre du terme, proche de l’exploration où le XC Marathon prend du sens. Ça me manquait et donne envie !