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Supergranfondo 23 juin 2018


Martial REGALES
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Par irréflexion plus que par inadvertance en ce jour sus cité, à Valloire je n’eus pas besoin d’ouvrir le réfrigérateur pour que mon réveil fut glaçonificatoire ! À potron-minet pas plus de nuages à l’horizon que de chats dans les rues mais quelques cinq ou six centaines de cyclistes saisis ou hallucinés, c’est selon pour s’attaquer d’entrée et à (grand) froid à l’assaut du Galibier…édifiant ! Pas de préambule, ça monte d’emblée. Toutes traces d’habitation estompées passé les Verneys, de verts alpages s’accrochent au fin ruban bitumeux avant le silence minéral des roches. Une limpide clarté nacre le somptueux décor illuminé par l’astre solaire à son pic de forme. Même sans risque de surchauffe, l’inélastique guirlande vélocipédique se disloque méthodiquement. Des névés en grands nombre témoins de  l’enneigement sévère de l’hiver oublié.  Les premiers pour réaliser leurs montées empressées pompent-ils donc tout l’oxygène disponible ?  Qu’importe la raréfaction de l’air, ce n’est pas le cas de la beauté des lieux, où que se porte ton regard, quel que soit ton angle de vue tout ici touche au sublime, grandiose panorama ! Sûrement un manque d’air hallucination de mon contentement dilaté à se répandre jusqu’aux cimes si proches adjacentes à mon vouloir à en épouser chaque contour à en devenir minéral moi-même. Chaque mètre de cette montée est un plaisir entier et absolu mais plaisir non donné plaisir que tu devras parfois extraire tapis sous la grimace.


Les cols sont des promesses, sur l’autre versant tout renaît et recommence. Regard aquilin sur Serre chevalier et la vallée du briançonnais. Mais pourquoi ai-je donc sacrifié à une chimérique aisance ascensionnelle mon onze dents ? Vertige de la pesanteur, la loi de la gravité gravitude de mon plaisir. Mimétisme du cycliste seul sur les cimes et agglutinés sur les rives presque apaisés des cours d’eau. La taille conséquente du paquet nous vaudra de glisser aisément sur la nationale correctement encadré et inhabituellement des relais cordialement partagés. Changement flagrant de décor la végétation se fait moins austère. Au point où la Durance foudroie le Guil nous ne remonterons que peu ses gorges pour nous perdre sur un chemin de traverse escarpé et tortueux outrageusement gravillonné mais il n’y a d’holzweg que dans la tête des éreintés. Le ravitaillement tardant à se présenter des fontaines prises d’assaut. L’Izoard facétieux cabre ses rampes se refusant de devenir mausolée pour cyclos mal inspirés. Fascination du lieu, le décor est à la hauteur de sa réputation. Qu’importe tout ce qui a déjà été dit, c’est en toi que l’histoire s’écrit et que tu seras l’auteur acteur de ta propre légende. Plus chanceux que d’autres, ma vitesse ascensionnelle me permet de profiter très longtemps de l’hallucinant paysage.  Si le sommet du col est l’objectif du grimpeur, il est le point départ pour l’intrépide descendeur, invitation à la griserie de la vitesse, exaltation de sensations tendues comme les trajectoires tracées au cordeau. Amis endossardés prenons garde néanmoins car malgré la circulation fermée en sens inverse, deux motocyclistes et pire encore un grimpeur poussif en travers de la chaussée peuvent tout gâcher. Pudique silence sur la traversée de Briançon. Interminable remontée de Guisane vers Romanche, sa seule longueur pour toute difficulté si ce n’est ce vent sournois dévalant bien mieux que tu ne sus le faire au matin cette route par trop fréquentée. Peu de groupes et le risque de s’enliser sur un faux rythme, temporalité floue conscience abstraite et absconse d’un ‘dasein’ passablement fatigué par les kilomètres et les heures de selle. L’immuable Meije qui s’en moque comme de ses premières neiges étale sa beauté en réconfort et toi de t’offrir en guise d’échange une forme approximative d’esthétique du mouvement. Pour le pur grimpeur les cols se doivent d’être grimpés par les différents versants, qu’à cela ne tienne pour le Galibier ce jour il en sera ainsi. Sur le fin liseré d’asphalte qui serpente à flanc de roche et te mènera bientôt sur la symbolique et tout aussi futile ou inutile ligne, point d’orgue d’une longue errance vélocipédique, tu te sentiras en joie, d’une joie profonde et durable. Celle de pouvoir traverser de grandes étendues de territoires et d’émotions par la magie d’une simple machine de quelques kilos à peine, concentré du génie humain fusionnant trois inventions et techniques majeures que sont la roue le levier et la démultipliée.  


« - Hey mec t’as pété un câble ou quoi ? : ‘on est pas là pour philosopher … Carpentier ’ »


Quand même…Carpentier c’est pas moi.

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