Oriane, de quelle façon as-tu commencé le vélo ?
J’ai commencé le vélo en Pupilles 2, j’avais tout juste 9 ans. Mes parents voulaient que je pratique un sport, j’ai d’abord essayé la natation en compétition sur deux ans mais cela ne m’a pas plu et j’ai donc basculé sur le vélo. Les slaloms, jeux de quille etc. m’ont plu et les résultats ont commencé à suivre. J’ai donc continué une pratique soutenue, toujours encouragée par mes parents qui ont fait beaucoup de sacrifices pour me permettre d’atteindre mes objectifs, et je leur en serai éternellement reconnaissante.

Avais-tu une idole ?
Comme beaucoup de petites filles je pense, c’était bien sûr Jeannie Longo. Je voulais lui ressembler. Je me suis toujours fixé comme objectif d’intégrer une équipe professionnelle féminine, et j’ai mis toutes les chances de mon côté pour atteindre cet objectif. Chose que j’ai eu le bonheur de réaliser en intégrant d’abord une équipe professionnelle pendant un an sur Paris, GSD-Gestion, puis Vienne-Futuroscope, dans laquelle je suis restée deux ans. Aujourd’hui je pratique toujours le vélo, mais à intensité réduite. J’essaye de garder quand même du rythme mais il est clair que je ne peux plus m’entraîner autant qu’avant, ayant un boulot et des études à côté.

Qu’est-ce que t’a apporté le vélo dans ta vie de tous les jours, notamment au niveau professionnel ?
Grâce à lui j’ai appris qu’il faut toujours persévérer, lutter pour atteindre ses objectifs. Le travail finit toujours par payer. J’ai appris qu’il ne faut jamais baisser les bras mais aussi qu’il faut aussi parfois savoir s’imposer, et que les résultats ne viennent pas tout seuls. Il faut un minimum d’efforts. Le vélo m’a ainsi permis de me forger un caractère.

Tu fais aujourd’hui passer tes études en priorité. Quel cursus suis-tu ?
J’ai intégré il y a deux ans le CNPC à Pau, qui est une école de commerce du sport, dont le directeur était Gérard Pouey. Je termine actuellement mon Bac+2, en fait une formation en alternance en tant que Gestionnaire Commercial en magasin de sport dans laquelle je travaille en alternance dans un magasin de cycles, les Cycles Arbes, à Lourdes. Le patron est Hubert Arbes, un ancien coureur professionnel, équipier de Bernard Hinault. L’année prochaine, j’envisage de faire une troisième année, toujours au CNPC, un Bachelor dans le management du commerce du sport toujours aux Cycles Arbes.

Quel est ton rôle au magasin ?
Je suis principalement au rayon textile. Je peux également renseigner sur des vélos ou équipements et accessoires mais ma fonction principale reste l’habillement cycliste.

Est-il plus facile de conseiller les hommes ou les femmes en textile ?
Je dirais qu’il n’y a pas de grande différence. Le textile homme comme femme a beaucoup évolué ces dernières années. Il est devenu très technique. Même si je dirais que les femmes se sentent un peu plus rassurées et confiantes lorsque c’est une femme qui les renseigne. En tant que femme et ancienne cycliste professionnelle, je peux mieux comprendre et interpréter les besoins des femmes que les hommes. Cependant les hommes aiment aussi avoir le conseil d’une femme sur le textile.

Interviens-tu également sur les achats et le choix des modèles ?
Oui, lors des collections, ma patronne et moi choisissons les modèles pour les années suivantes. Cela permet ainsi de choisir les collections avec deux points de vue et de pouvoir les comparer. Contrairement à ce que les gens pensent, il existe aussi des tendances dans l’habillement cycliste. Il ne s’agit pas juste d’un cuissard et d’un maillot. Nous essayons d’avoir un large choix de marques et ainsi de modèles pour pouvoir satisfaire la majeure partie de notre clientèle, car les goûts et les couleurs ne se discutent pas.

Dirais-tu que la pratique féminine se répandant, les marques sont de plus en plus intéressées à développer des gammes bien spécifiques ?
Oui, bien sûr. C’est d’ailleurs le sujet de mon mémoire. De plus en plus de marques accordent beaucoup d’importance à la gent féminine. Giant par exemple, qui depuis quelques années a développé une gamme spécifique femme, a bien compris qu’il s’agissait d’un marché en expansion. Le monde actuel est ainsi centré sur un nouveau style de vie : les femmes pratiquent pour la santé et le loisir.

Quel serait ton Top 3 des marques qui se démènent le plus de ce côté-là ?
Je dirais Giant, Specialized et Trek.

Le réflexe du client est-il de s’adresser d’abord à un homme ?
Tout va dépendre de son besoin. Cela va faire un peu cliché mais il est vrai que quand il s’agit de matériel, type vélo, ou même roue, le client va préférer s’adresser à un homme. En revanche pour le textile ce sera l’inverse. Le ou la cliente sera plus amené à s’adresser à une femme, ma patronne ou moi.

Quels conseils donnerais-tu à une jeune fille qui veut entrer dans ce métier ?
Tout d’abord, je dirais aimer ce qu’on fait, être passionnée. Pour moi la passion est un élément clef. Dans mon entreprise tout le monde a un pied dans le vélo. Mon patron, ancien coureur professionnel, et sa femme, mais aussi mon mécano qui est licencié au club de Pierrefitte et pratique la compétition. Il faut aussi être rigoureux mais surtout aimer le contact client. C’est un élément primordial dans la vente. Ces deux éléments sont déjà essentiels pour moi. L’un ne va pas sans l’autre.

Un Homme sur deux étant une femme, penses-tu qu’un jour un cycliste sur deux sera une femme ?
Oui, je le pense. La pratique du vélo chez les femmes est en augmentation depuis plusieurs années. De plus en plus de femmes se mettent au vélo. Je pense que déjà d’ici quatre, cinq ans il y aura beaucoup voire quasiment autant de femmes que d’hommes sur le vélo. Peut-être pas en compétition mais qui pratiquent ce sport pour la santé ou tout simplement pour le loisir.

La longévité hors normes de Jeannie Longo a-t-elle selon toi eu un effet repoussoir, quand au contraire une championne multi-activités type Pauline Ferrand-Prévot peut être l’accélérateur de notoriété que tout le monde attend ?
Oui, bien sûr, pour moi PFP est devenue un symbole pour le cyclisme féminin. L’ère Jeannie Longo est maintenant terminée même si elle a fait rêver beaucoup de petites filles. Une page est tournée et il faut laisser la place aux générations suivantes. PFP a prouvé et prouve encore qu’on peut être performante dans plusieurs disciplines. Elle fait beaucoup pour le cyclisme féminin et participe énormément à sa notoriété, sur beaucoup d’événements. C’est vraiment un symbole fort du cyclisme féminin, et l’icône de beaucoup de jeunes compétitrices. Je crois en l’avenir du cyclisme féminin et ferai tout pour le promouvoir car pour moi les femmes ont autant de mérite que les hommes, et ne devrait pas être négligées. J’en suis sûre, le cyclisme féminin a un avenir prometteur.