La Classique des Alpes était une épreuve unique. Seule classique en montagne pour les professionnels, l’épreuve disparue en 2004 s’est reconvertie avec brio dans son format réservé aux Juniors. Un œil au palmarès fait ressortir quelques noms connus, de Pierre Latour à Johan Le Bon en passant par Tim Wellens. Sans oublier les places sur le podium conquises par David Gaudu, Warren Barguil, Andy Schleck ou encore Lars Boom. Vélo 101 a décidé de vous faire vivre l’édition 2017 de l’intérieur avec deux jeunes hommes à qui l’on souhaite le même succès que leurs glorieux aînés. Adrian Cayrel, membre du comité Languedoc-Roussillon, et Théo Nonnez, du comité d’Ile de France et champion de France en titre, nous racontent leur journée. Qui aura été éprouvante à tout point de vue.

Cette 23ème édition était particulière, car ouverte à des équipes étrangères. Ce qui a changé la physionomie de course pour Théo. « Ce n’est pas la même façon de courir. D’habitude, une échappée sort en début de course et arrive avec cinq minutes d’avance au pied du Mont du Chat. On pensait que ça serait comme ça. » Et il n’en fut rien, avec un départ en fanfare du peloton. « On devait prendre les échappées et attaquer, précise Adrian. On a tenté mais ça roulait vraiment trop vite. On a fait une moyenne de 50 km/h avant le premier col ! » Quelques hommes parvinrent toutefois à sortir et conserver quelques secondes d’avance par moments, dont Théo Nonnez. « Il y a eu des attaques en début de course et à un moment je me retrouve tout seul. J’espérais prendre de l’avance et qu’un groupe me reprenne, mais cela n’a pas fonctionné. »

Le champion de France ne lâche rien et ressort accompagné d’une vingtaine de coureurs. « On aborde le premier col, le Mont Tournier, en tête. On roule pas mal, au train, et la moitié de l’échappée saute. Mais le peloton nous reprend au-dessus. » Peloton dont ne fait plus partie Adrian Cayrel, épuisé par la rapidité du début de course. « J’ai sauté dès le début du premier col. Il faisait vraiment chaud. J’ai eu des vertiges donc je me suis arrêté. Je ne pensais pas que ça allait partir si vite. » Le Languedocien remonte toutefois sur son vélo, mais pas pour longtemps. « On m’a arrêté à 75 km de l’arrivée, avant le Mont du Chat. » Contraint à l’abandon, il rejoindra tranquillement la ligne d’arrivée par un itinéraire moins montagneux.

Dans le même temps, à l’avant, le champion de France est intenable et attaque à nouveau, cette fois en descente. « Je réussis à sortir avant le Mont du Chat, et avec deux coureurs on revient à trente secondes de l’échappée au pied du col. Puis j’ai fais toute l’ascension en gardant le même rythme. » Mais l’accumulation des efforts commence à se faire ressentir après le sommet, alors que 35 kilomètres restent à parcourir et que le futur vainqueur, le Belge Maxim Van Gils, caracole en tête. « Trois gars me reprennent dans la descente et je commence à être pris de crampes. J’ai du mal à relancer après les virages en épingle, du coup je me fais légèrement distancé. »

La fin de la course, Théo Nonnez la raconte comme si tout cela était normal. « Dans le dernier col, j’avais des crampes mais je me suis accroché. La dernière descente était ultra-technique, avec certaines virages trempés, d’autres non. C’était difficile à gérer. Je vais à la faute dans un virage et je tombe. Je me suis relevé mais vu que j’avais déjà des crampes j’ai eu du mal à me redresser. Je n’étais plus lucide et je ne tenais pas droit. » Ce qui ne l’empêche pas de remonter sur son vélo, prendre la roue d’un groupe et terminer à la 19ème place. Mais le jeune francilien aurait, selon lui, pu faire mieux. « Je pense que j’en ai beaucoup trop fait tout au long de la course. J’avais les cannes pour faire un beau résultat et j’ai peut-être mal géré. »

« C’est une course très dure, résume Adrian Cayrel. Et il faisait tellement chaud, ça m’a usé. » L’image de coureurs montant un à un le premier col restera un moment fort de la course. Adrian était au milieu de ceux-ci. « Quand j’ai vu comme c’est parti et à quelle vitesse on est rentré dans le col, j’ai su que je n’allais pas tenir longtemps. Il y avait du monde partout dans la première bosse. » Parce c’est aussi cela le vélo, des jeunes hommes qui souffrent sur leur machine, prêts à aller au bout d’eux-mêmes. Que seul un soigneur bienveillant ou une ligne d’arrivée peuvent stopper. – Adrien Godard

Classement :

1. Maxim Van Gils (Vlaanderen)
2. Théo Delacroix (Bourgogne-Franche Comté)
3. Alexandre Balmer (Romandie)
4. Antoine Gauran (Limousin)
5. Luca Cavallo (Piémont)
6. Gauthier Maertens (Bretagne)
7. Ilan Van Wilder (Vlaanderen)
8. Jérémy Montauban (Savoie)
9. Thibault Germain (Midi-Pyrénées)
10. Antoine Raugel (Grand Est)