Stéphane, du 20 au 28 août tu seras dans le vif du sujet du Tour de Guyane, comment y est la température ?
La chaleur ici n’est pas exceptionnelle mais ce qui rend les conditions difficiles c’est le taux d’humidité dans l’air. En effet, il fait très humide et l’impression d’étouffer est omniprésente. Bien que pour l’instant nous soyons encore sur la côte ouest avec les vents marins qui amènent un peu de fraîcheur… Je pense que ces facteurs climatiques vont peser sur la course, notamment pour la récupération et la gestion de l’effort.

Ce n’est pas ta première participation à une course des DOM-TOM, quelles sont les bonnes habitudes que tu as prises en Guyane ?
Ce Tour de Guyane est pour moi le cinquième dans les DOM-TOM après deux Tours de Martinique et de la Réunion et un de la Guadeloupe. En amont de ces épreuves exotiques, je m’astreins à un régime hydrique particulier dans la dernière semaine. Je bois plus que d’habitude, de l’eau principalement. J’effectue une cure de vitamines (Magnésium, B6, B12 et fer) afin d’arriver avec un organisme qui ne présente pas de carences. De plus j’ajoute au moins un litre de Saint-Yorre mélangé avec du 100 % pur jus de raisin, et je me force à boire cette solution dans la journée. Ainsi je suis à bloc niveau sels minéraux, micronutriments, et en saturation hydrique. C’est grâce à ces petites choses que généralement je passe au travers des crampes ou de déshydratation, surtout sur les premières étapes où l’organisme ne s’est pas encore acclimaté !

Peux-tu nous présenter ton équipe ?
Sur les six que nous sommes, je suis le plus ancien et celui qui a le plus d’expérience sur le vélo comme à côté. Trois d’entre nous participent à leur première course par étapes, deux viennent juste de terminer le Tour de la Guadeloupe. Avec une équipe aussi jeune, dont la moyenne d’âge est de 24 ans, et plutôt inexpérimentée, nous allons viser des victoires d’étape. Bien sûr si l’un d’entre nous peut se placer au général nous ferons notre possible pour l’aider.

Quel sera ton rôle ?
Le profil de ce Tour de Guyane favorise plus un rouleur-sprinteur qu’un grimpeur. Il n’y a pas de col en Guyane ! Juste quelques côtes mais pas assez longues ou raides pour qu’un grimpeur puisse imposer son rythme et créer une vraie différence. Je suis donc ici en temps que capitaine de route mais aussi pour amener mon expérience d’après-course aux jeunes.

Dans quelle ambiance s’est déroulée la présentation des équipes ?
Elle a eu lieu au Zénith de Cayenne. Il y avait de très nombreux élus et responsables de sport de Guyane. Un public assez important malgré un filtrage et la présentation de la carte d’invitation à l’entrée. Mais cette cérémonie fut très longue, presque deux heures, avec pour commencer la rétrospective de l’édition précédente, une remise de prix pour un classement de compétition guyanaise… Enfin en troisième partie de soirée la présentation des maillots du Tour de Guyane et des différentes équipes. Dix-sept au total, dont trois étrangères venues de Belgique, d’Allemagne et du Brésil. On sent que la compétition sera relevée ! Le public était bien chauvin mais pas avare d’applaudissements pour chaque équipe présentée.

Tu connais les protagonistes, quelles sont les équipes les plus fortes ?
Au vu de cette présentation, les sélections de Guadeloupe et de Martinique me semblent les plus fortes et les mieux armées pour jouer le général. Nous pouvons citer Kérane Barolin et Jules Lanclume pour la Guadeloupe, Michaël Laurent et Hervé Arcade pour la Martinique. Ensuite quelques individualités dans différentes équipes comme Martin Bauer pour l’Allemagne qui va très vite au sprint et qui dispose d’un train pour le propulser en cas d’arrivée massive.

Par expérience, sur quel type de route allez-vous rouler ?
En Guyane, il y a de belles routes (principalement les nationales ou grandes départementales) et le reste ce ne sont que des pistes ! Les organisateurs ne nous font évoluer que sur des routes bien entretenues. Heureusement car quand une averse de pluie tropicale s’abat sur les belles routes, ça devient très vite une patinoire, alors sur une piste… La course fera quelques passages en forêt tropicale mais sans jamais s’y enfoncer totalement. Et tant mieux car au cœur de la forêt c’est suffocant et une sensation d’asphyxie se fait déjà ressentir sans fournir d’effort !

Est-on confronté à la faune locale ?
La faune au cœur de la forêt est hostile à l’être humain ! Mais comme nous nous limitons à quelques incursions, je ne pense pas que nous allons rencontrer trop de problèmes de ce côté-ci. En revanche les moustiques sont omniprésents et même en journée dans les coins humides et ombragés ! Il faut se munir de préventif (en bombe par exemple), se faire vacciner en amont du séjour (fièvre jaune obligatoire avec contrôle du carnet de vaccination avant d’embarquer à Paris). Ensuite, au retour, être attentif si on développe une allergie ou autre infection.

Côté public, les Guyanais sont-ils amoureux du vélo ?
De ce que j’ai vu sur les retransmissions précédentes, le public se masse au bord des routes pour encourager les concurrents et leur proposer des boissons (Gatorade, boisson de l’effort, Coca, divers sodas ou simplement de l’eau pour s’arroser). Bien sûr, en Guyane voisine de la Guadeloupe, la star est Boris Carène, vainqueur de l’édition 2015, mais absent cette saison. Pour les Guyanais citons Marc Joseph.

Onze étapes vous attendent, comment gères-tu la récupération ?
Sur neuf jours de course et onze étapes, le point clé est la récupération. Bien souvent le fait de finir tous les jours dans les dix premiers suffit à faire un Top 5. La plupart des concurrents ont un jour sans du fait d’une mauvaise récupération. C’est important dès l’arrivée de penser à se réhydrater, de prendre une boisson de récupération dans la demi-heure qui suit. Une fois à l’hôtel, se faire masser idéalement ou une séance d’électrostimulation en mode « récup active » puis « massage ». Ensuite, des étirements et de nouveaux se réhydrater avec une eau riche en sels minéraux. Du côté corporel, il faut prendre sa douche le plus tôt possible et ne pas rester dans ses habits de course trempés et remplis de sel, de transpiration etc. Surtout si vous avez une irritation, il faut la soigner le plus tôt possible et ne pas repousser au lendemain sous peine d’infection et d’aggravation du problème qui risque d’entraîner un abandon.

Comment est-ce que ça court ?
La course est très influencée par l’équipe qui a le maillot jaune. S’il s’agit d’une forte équipe, elle va contrôler un peu à la manière des équipes pros. Sinon ce sont des attaques à longueur de journée. L’idéal reste une équipe qui contrôle mais dont on peut manœuvrer ou réussir à faire échouer son organisation pour ainsi attaquer le Maillot Jaune.

Quels seront les enjeux de la semaine ?
Un total de six maillots distinctifs pour les classements annexes : jaune (classement général au temps), rose (classement du meilleur jeune), rose (classement du combiné), vert (classement par points), rouge (classement des points chauds), bleu (classement de la combativité) et blanc (classement par équipes). Il n’y a pas de maillot spécifique pour la montagne, à mon grand regret. C’est le maillot des points chauds qui englobe les sprints intermédiaires et les GPM. Mais ces derniers ne sont pas très conséquents… Au total ce Tour de Guyane comptabilise 1273 kilomètres répartis en neuf étapes en ligne et deux contre-la-montre individuels.