Benoit, tu es depuis le 1er août officiellement cycliste professionnel. Alors forcément la première question qui nous vient à l’esprit est de savoir si ta vie a changé ?
C’est vrai qu’il y a pas mal de monde qui me demande mais sincèrement ça n’a encore rien changé ! Pour moi ce passage fait partie de ma saison et je le savais depuis le début d’année, c’est donc juste un nouveau cycle dans ma saison.

En effet la transition s’opère petit à petit, peut-être qu’en septembre, quand tes camarades reprendront les chemins de la fac, là tu sentiras une différence.
C’est vrai que ça sera différent à ce moment-là, même si moi aussi j’ai ma rentrée le 30 août prochain car je continue mes études en Licence « commercialisation de produits et de services sportifs » toujours dans la même école au sein du CESNI. Je vais effectuer cette licence en e-lerning, c’est-à-dire par internet alors je ne vais pas être obligé d’être présent en cours mais je vais essayer d’y aller le plus régulièrement possible. Je continue mes études pour être mieux diplômé mais aussi pour garder quelque chose d’autre que le vélo dans la vie de tous les jours. Garder des liens sociaux en dehors du vélo est très important selon moi.

En début de mois tu as effectué un long séjour en montagne avec d’autres coureurs du Chambéry Cyclisme Formation. Quel est le but de ce genre de stage ?
C’est vrai qu’après ma micro-coupure de début juillet, je suis parti en stage avec le CCF en montagne à La Rosière 1850. Ce stage permet de refaire un gros bloc foncier avant d’aborder la dernière partie de saison. Il est difficile de bien travailler le foncier à l’entraînement en période de courses alors ces stages sont très importants pour travailler. Le fait de travailler en montagne est très intéressant car on travaille sans le vouloir la force grâce à la pente dans les cols.

Comment se déroulent les journées ?
Nous partons le matin pour notre foncière de 5h. Le but est de faire des heures de selle a faible allure pour ne pas générer trop de fatigue et ainsi bien encaisser les charges de travail. Cela permet aussi de mieux contempler et admirer les paysages magnifiques de montagnes !

Durant ces longues sorties, vous vous faites la « guerre » ou au contraire cela ressemble plus à une ballade entre collègue mais avec toujours à l’esprit la notion de s’entraîner ?
Non, cela ressemble plus à une ballade entre copains qu’à un entraînement. Mais même à cette allure là nous travaillons bien car les torques sont élevés (pour les connaisseurs de capteur de puissance).

Tu as encore obtenu d’excellents résultats sur ce mois de juillet, avec une 6ème place au général sur le Tour d’Auvergne. Peux-tu nous refaire vivre un peu ce long week-end où tu as été très offensif ?
C’est vrai que je suis vraiment content de mon mois de juillet. Après plus de 2 semaines sans courir et une coupure début juillet, je suis arrivé au Tour d’Auvergne dans l’inconnu niveau sensations. Je voulais me faire plaisir pour ma dernière course amateur avec le CCF et pour me faire plaisir il fallait que j’attaque. Ça a roulé très fort tout le week-end et je me suis fait plaisir en attaquant très souvent. Le premier jour, Victor Lafay a attaqué dans le final et a gagné, bravo à lui ! Pour ma part je fais 2ème du sprint derrière Fabien Schmit en sortant petit peu trop tard. Le deuxième jour, on a misé sur une course très offensive pour déstabiliser et isoler le leader. Je n’ai pas pensé à mon résultat personnel mais je voulais vraiment en « foutre de partout » comme on dit, pour terminer mort et conclure chez les amateurs sur une course offensive. J’ai terminé avec le sourire alors mon week-end était réussi ! Entre le Tour du Pays Roannais et le Ttour d’Auvergne, j’ai vécu mes deux dernières courses avec le CCF de façon intense et j’ai pris un plaisir de fou ! Merci à eux !!

Puis la semaine dernière, tes dernières courses amateurs. Avec principalement les championnats de France Espoir. Tu étais aligné sur le CLM et l’épreuve en ligne, tu avais des ambitions ?
Oui, c’étaient mes deux dernières courses amateurs, mais les championnats ne sont pas des courses comme les autres. Je suis arrivé sur le chrono avec l’ambition de me faire plaisir et de prendre de l’expérience. J’étais content de cette 9e place car selon moi j’ai fait une bonne course même si je pense être parti un petit peu trop vite. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir alors le contrat est largement rempli ! Pour l’épreuve en ligne je suis arrivé avec l’ambition de gagner je ne m’en suis pas caché.

En effet deux jours après tu prends le départ de l’épreuve en ligne et là, nous sommes malheureusement obligés de le dire, une nouvelle fois 2ème ! Quel a été ta réaction après la course ?
C’est une deuxième place et forcement j’aurai aimé avoir la première. Mais c’est un coéquipier qui gagne et on a couru collectivement parfaitement, alors je suis heureux en passant la ligne et après la course. J’ai profité de ce podium car même si c’était mon troisième en deux ans, ce sont des moments particuliers que d’être sur le podium et il faut en profiter comme il se doit. Beaucoup aimeraient être à ma place alors je sais profiter de ces moments, d’autant plus qu’il y avait ma famille, des amis et ma copine à l’arrivée. Je ne prends pas cette deuxième place comme une défaite, au contraire. Sur mes quatre derniers championnats j’ai fini trois fois deuxième, c’est déjà beau je trouve.

Si on te dit tu refais pareil l’an prochain avec les pros, tu es preneur ?
Personnellement oui, après je préfère ne pas être sur le podium et qu’un coéquipier gagne le titre.

Quel va être ta première course pro avec Ag2r ? As-tu déjà ton programme établi jusqu’à la fin de saison ?
J’ai effectué la Polynormande le lendemain du championnat de France Espoirs. Après je vais effectuer le Tour du Limousin, Hambourg et le Tour du Poitou-Charentes .

Que peux-t-on te souhaiter au moment où tu vas rentrer dans la cour des grands ?
De la réussite.

Propos recueillis par Stéphane Cognet