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Amandine et l’équipe Donnons des elles au vélo J-1 ont réalisé l’intégralité des étapes du Tour de France. Quel est le premier sentiment, le premier mot qui vous vient à l’esprit une dizaine de jours après la fin de votre Tour de France ? 

Satisfaction, plaisir et nostalgie sont les premiers sentiments qui me viennent à l’esprit pour traduire ces trois semaines passées avec mes coéquipières et notre staff sur les routes du Tour de France. 

Comment vous sentez vous physiquement et mentalement maintenant ? Avez vous fait une petite coupure, ou repris directement le travail ? 

J ‘ai fait le choix de ne pas reprendre mon activité professionnelle à mon retour. Plus de dix jours se sont écoulés et physiquement je me sens bien. Pendant trois semaines, o dort, on vit, on mange et on pense vélo, et du jour au lendemain tout s’arrête. Il est bien connu que les sports d’endurance sont les plus endorphiniques, du coup moralement, c’est compliqué. 

Quel est selon vous la plus belle étape que vous avez faite ? Pourquoi ? 

Les étapes de montagne étaient magnifiques autant dans les Alpes que dans les Pyrénées avec un coup de coeur pour les montagnes pyrénéennes. Les cols d’Aspin, Tourmalet et d’Aubisque sont ceux le plus empruntés par le Tour de France. Ces montées sont des étapes incontournables. La vue imprenable sur la vallée et sur le Pic du Midi donne du baume au coeur pour prolonger l’effort. Mon col préféré restera celui de Portet avec le sommet à 2215 mètres d’altitude, c’est le plus haut des Pyrénées franchi par le Tour. L’arrivée se termine en cul de sac et il ne reste plus qu’à prendre le temps de souffler et d’admirer le paysage, le panorama exceptionnel sur le Parc National des Pyrénées.

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La première semaine n’a t-elle pas été trop longue et monotone ? Vous rouliez sur la « retenue » afin d’en garder pour les étapes de montagne ? Et la journée sur les pavés de Roubaix était une grande découverte ? 

La première semaine n’a été ni longue ni monotone, bien au contraire. Mes coéquipières et moi avons fait honneur à chacune des 21 étapes. Les rouleuses et sprinteuses ont pu se faire plaisir sur des petits définis pancartes et arrivées aux sprints. Grâce aux nombreux cyclistes femmes et hommes qui nous ont accompagné et aux accueils chaleureux dans les villages traversés, aucune étape n’avait la moindre chance de céder à la monotonie. La fameuse étape 9, avec 15 mythiques secteurs pavés de Paris-Roubaix, a nécessité quelques ajustements : des pneus sous gonflés, appui léger sur la selle, mains souples sur le cintre et 2 options, rouler à fond sur le haut des pavés ou rouler sur les bords pour limiter les secousses. J’ai adoré, ce fut une rude journée pour les vélos et l’organisme sous une chaleur caniculaire mais que du plaisir ! 

Quel est votre meilleur souvenir de ces trois semaines ? 

Pas un mais que des souvenirs. Le départ de Noirmoutier, l’engouement des supporters, les messages d’encouragements sur le bord des routes, l’accueil dans ma ville natale à St Jean de Maurienne, les quelques kilomètres partagés avec mon fils et des amis venus me rejoindre sur les étapes, la montée de l’Alpe d’Huez, notre staff toujours présent pour nous encourager, la descente du col d’Aubisque avec un magnifique couché de soleil, l’arrivée à Laruns et bien-sûr celle sur les Champs Elysées…

Avez vous vécu un moment difficile au cours de ce défi personnel, un passage où vous vous êtes dit « qu’est ce que je fais là sur le vélo ? » ? 

Le cyclisme est souvent présenté comme le sport le plus difficile qui soit donc oui cette question je me la suis posée. Des jours de méforme il y en a eu et il a fallu réussir à terminer soi-même sur son vélo. Il faut être présente tous les jours, les étapes sont longues et on a beau dire que le cyclisme est un sport d’équipe, au bout du compte, on est seule sur son vélo. Nous sommes passées par toutes les émotions mais nous nous sommes serré les coudes et nous avons fini coûte que coûte toutes ensemble.

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Racontez-nous comment étaient organisées vos journées ? 

D’abord un réveil entre 6h et 6h30, avec un test sur la variabilité cardiaque à effectuer avant le petit-déjeuner. Départ en vélo de l’hôtel entre 8h et 8h15, sur certaines étapes nous avions des transferts pour rallier le départ. Trois pauses quotidiennes étaient au programme, une le matin de 10 minutes, la pause chronométrée de 30 minutes à mi-parcours pour se ravitailler (merci à notre staff pour les succulents ravitos) et 10 minutes l’après-midi. Sur la fin d’étape nous étions souvent accueillies et sollicitées par les journalistes, les élus, l’association femmes solidaires… Nous nous rendons tout le temps sur la ville départ du lendemain. Sur les étapes longues on allait directement au restaurant le soir. Les repas sont des moments conviviaux où l’ensemble de l’équipe, staff et cyclistes se retrouvent et où on arrête de regarder un peu la montre. Enfin la douche et les massages, à nouveau un test sur la variabilité cardiaque et il est temps de se coucher.

Comment était l’ambiance dans le groupe avec vos 12 coéquipières ? 

Ce n’est pas une tâche facile de vivre 24h/24h les uns avec les autres. Nous sommes toutes différentes et nous ne pouvons pas avoir des affinités avec tout le monde. Malgré cela l’ambiance dans le groupe était bonne, je suis quelqu’un de solitaire et la vie en communauté était mon deux défi, que j’ai relevé. 

Comment avez vous vécue la Randonnée Champs Pour Elles, à Paris, juste avant la dernière étape des hommes, et avec 250 femmes présentes ? 

Pour une fois nous étions pas à J-1 mais bien le jour J. Dimanche 29, la randonnée « Les champs pour Elles » organisée par la FDJ et la FFC, accompagnées de l’équipe FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope et 200 femmes. Nous avons la chance quelques heures avant le passage du peloton des hommes de parcourir les huit derniers kilomètres sur les Champs Elysées et cette fois-ci sur des routes fermées. Nous avons toutes le même objectif; encourager la pratique sportive pour toutes les femmes, augmenter la médiatisation du sport féminin, mobiliser les réseaux sociaux pour faire changer les mentalités et le retour d’un Tour de France féminin.

Quel sera votre prochain défi à présent ? 

Mon ou mes prochains défis ? J’ai pas mal d’idées qui me trottent dans la tête mais pour l’instant c’est encore flou. Aujourd’hui mes coéquipières et moi sommes heureuses d’avoir réalisé ce défi sportif mais également d’avoir su convaincre autour de nous l’existence et l’intérêt du cyclisme féminin. Nous sommes fières et reconnaissantes vis-à-vis de tous ceux qui nous ont permis de prendre la route. Merci à notre staff en or, aux partenaires, aux médias qui ont cru au projet, aux cyclistes femmes et hommes qui ont roulé avec nous, à toute la communauté des réseaux sociaux, aux collectivités, aux élus, aux associations et à notre marraine Audrey Cordon-Ragot et notre parrain Warren Barguil.

Merci à Claire et Mathieu sans qui Donnes des Elles au vélo n’en serait pas là aujourd’hui.

Par Maëlle Grossetête