Marion, tu es la seule féminine de la Roue d’Or Sanaryenne. Est-ce une sensation particulière ?
Globalement, le cyclisme n’est pas très féminisé, donc j’ai toujours roulé avec des garçons, ce n’est pas nouveau ! Depuis mon arrivée au club, j’ai été fortement encouragée, sur le vélo comme sur les articles hebdomadaires sur le site Internet du club. Je me contente donc très bien d’être la seule féminine.

Peux-tu te présenter et nous dire comment tu es venue au vélo ?
J’ai 28 ans et je suis originaire de Gap. Depuis que je tiens sur mes deux jambes, mes parents m’ont trimbalée en randonnée, sur les skis, sur le VTT… A 7 ans je faisais le tour du Mont Blanc ! Jusqu’à l’âge de 18 ans, j’ai fait du ski de fond en compétition et progressé jusqu’à un niveau national. Le VTT et le vélo de route se sont révélés de bons compléments l’été et j’ai tout de suite accroché. Ensuite, j’ai réalisé mes études à Marseille donc le ski de fond s’est éloigné et a vite été remplacé par le vélo loisir avec mon frère et mon compagnon. J’ai fini mes études l’année dernière et ai décidé de vraiment m’entraîner pour jauger mon niveau et voir jusqu’où j’irai.

Quels bénéfices les sports d’endurance t’ont-ils apportés ?
Le ski de fond, la course à pied, le VTT comme la randonnée m’ont permis de développer des bonnes capacités physiques et surtout le mental. J’ai aussi appris à gérer la pression grâce à la compétition en ski de fond.

Le VTT n’aurait-il pas été une transition plus naturelle avec ta pratique sportive d’avant ?
Effectivement, jusqu’à l’âge de 18 ans, lorsque j’habitais Gap, je faisais beaucoup de VTT car j’aime bien le côté nature, technique et ludique. Mon club de ski m’a initiée au vélo de route et pendant de nombreuses années je roulais avec mon VTT tout suspendu avec des pneus slick ! J’ai même fait des cyclos avec ! J’ai ensuite acheté un vélo de route et vraiment goûté au plaisir de la route avec mon conjoint déjà passionné de vélo. Mais je continue toujours le VTT pour le plaisir, surtout dans les Hautes-Alpes, du côté du Champsaur et du Queyras..

Tu travailles avec un coach à distance. Est-ce une manière d’optimiser ton emploi du temps ?
Travailler avec un coach est certainement la meilleure façon d’optimiser son temps et ses performances. Mon coach, Tony Josselin, me fait faire très peu de sorties longues et beaucoup de travail spécifique, et j’ai énormément progressé. J’espère que cela continuera encore cette année.

Pratiques-tu encore de temps en temps d’autres sports ?
L’objectif principal à la reprise a été de retrouver le moral et l’envie de faire du vélo. Du coup, j’ai varié pas mal les sports pour retrouver du plaisir tout en préparant la saison prochaine. Je rentre souvent les week-ends à Gap pour pratiquer le ski de fond – je tente encore quelques courses populaires, mais la musculature du haut du corps n’est plus trop au rendez-vous –, le ski alpin, les raquettes, la randonnée, le VTT, le ski nautique. Et quand le temps est trop venteux pour le vélo, je fais du kitesurf, pratique surtout quand le spot se situe à 100 mètres de la maison

Cette saison, tu as disputé des cyclos, des courses FFC et des courses UFOLEP, où t’y retrouves-tu le mieux ?
J’ai un goût plus prononcé pour les cyclos, car cela permet de découvrir de nouvelles régions, de beaux paysages, sur de longs parcours, tout cela sur route sécurisée. Quant à l’effort, cela se joue principalement à la pédale et ne dépend pas de stratégies. Je donne tout et que le meilleur gagne ! A l’inverse, les courses FFC et UFOLEP se déroulent sur des circuits courts, ça frotte et ça finit souvent au sprint. Difficile de se donner à 100 %. Mais elles sont nécessaires pour donner du rythme.

On déplore tous qu’il n’y ait pas assez de filles au départ des cyclos, comment te challenges-tu avec les autres concurrents ?
Il est vrai que sur des courses de plusieurs centaines de coureurs, nous sommes très peu de filles. Parfois je ne croise pas une fille de toute la course. Donc je pars à fond, je cours à fond et je finis à fond. Et j’ai la surprise du résultat sur la ligne d’arrivée. Et puis, maintenant que j’ai bien progressé, je me retrouve dans le Top 50 sur les cyclos, donc je me challenge aussi et surtout avec les gars.

Préfères-tu l’ambiance d’une cyclo avec garçons et filles mélangés ou plutôt l’ambiance Challenge Vercors pour Elles ?
Je crois que je préfère les cyclos mixtes car l’ambiance est plus détendue. Les filles sont tenaces et ne font pas la course à moitié. Elles sont là pour gagner (et moi aussi !). Du coup, la pression est plus grande : si une fille s’échappe, je sais que je perds une place alors que quand je cours avec les mecs, j’ai plus droit à l’erreur. Et chez les filles, personne ne veut prendre le vent donc cela a tendance à un peu trop se regarder. Mais ces courses féminines sont de super opportunités de se confronter, et j’espère qu’il y en aura d’autres.

Quel est ton meilleur souvenir cette saison ?
Je me suis régalée sur la Bourgogne Cyclo, course très vallonnée sur laquelle j’ai réussi à tenir le groupe de tête masculin presque jusqu’à la fin pour décrocher une 22ème place. Les Championnats de France, avec les pros et toute l’organisation associée (hélico, voitures suiveuses, foules de spectateurs, « stars »…) resteront également un très bon souvenir.

Tu as dû écourter ta saison à cause d’une grosse chute, quelle leçon en tires-tu ?
L’arrêt forcé prolongé a été un coup dur et la reprise encore plus. Mais il faut toujours tirer une leçon des mauvaises expériences. A l’avenir, je serai plus attentive à qui m’entoure dans le peloton, car le danger vient souvent de l’extérieur. De plus, en fin de saison, je serai peut-être plus à l’écoute de mon corps et à mon état de fatigue. Si je suis fatiguée, je changerai peut-être de parcours pour un plus petit. Enfin, j’ai pu bien me reposer pour repartir sur une bonne préparation hivernale et me concentrer sur 2017.

On sait que tu travailles avec un coach à distance. Est-ce une manière d’optimiser ton emploi du temps ?
Travailler avec un coach est certainement la meilleure façon d’optimiser son temps et ses performances. Mon coach, Tony Josselin, me fait faire très peu de sorties longues et beaucoup de travail spécifique, et j’ai énormément progressé. J’espère que cela continuera encore cette année.

Tu as suivi de longues études de pharmacie, quels aspects de cette formation utilises-tu le plus ?
Dans un sens, c’est davantage le sport qui m’a été utile pour mes études que les études pour le sport. Le mental m’a permis de traverser ces longues et laborieuses études de pharmacie, qui m’ont permis de savoir que le dopage est néfaste pour la santé. Il n’y a pas de traitements sans effets indésirables ! Et la connaissance de la biochimie du corps humain est très utile pour la nutrition.

Par quelles étapes vas-tu passer en 2017 ?
J’ai prévu des participer un peu à tout : cyclosportives essentiellement, courses FFC et UFOLEP, ainsi que les Coupes de France et Championnats de France. Au fil de la saison, j’ajusterai mes objectifs en fonction de mes envies.

Ton compagnon, Rémi, travaille pour la marque de vélos Heroïn. As-tu déjà essayé ce bijou ?
Bien sûr que oui, curiosité oblige, et il est bien le meilleur vélo du monde. C’est un vélo très léger et nerveux, d’un esthétique sobre et efficace. Côté technique, le cadre et les roues sont faits à la main en Italie et possèdent une texture type « balle de golfe » aéro. Le cadre est monté avec les meilleurs composants du moment (dérailleur électrique, pédalier capteur de puissance, roues carbone, cintre intégré aéro…). Il ne me reste plus qu’à faire un dossier de sponsoring en espérant un peu de favoritisme !