Avec son côté franchouillard, vieux gaulois et grande gueule, à s’emporter à la moindre polémique, à se poser en résistant au courant mondialiste, il est définitivement une figure atypique, quitte à faire parfois ressortir des opinions trop conservatrices. Déjà, lorsqu’il arpentait les pelotons en tant que coureur, il n’était pas un adepte de la langue de bois, quitte à porter un discours extrêmement misogyne sur le cyclisme féminin… Aujourd’hui, l’homme a bien changé sur la question, étant même à l’origine de la seule équipe française du Women World Tour. Mais ses traits sont restés, et même approfondis. Devenu leader d’hommes, ce mayennais n’hésite pas à faire part de ses pensées, ni à masquer ses sentiments. Le monde entier se souvient du personnage exalté qui accompagnait le jeune Thibaut Pinot vers sa première victoire sur la Grande Boucle, à Porrentruy, en 2012. Les images de la furie de l’aire d’arrivée du Tourmalet, vivant le triomphe de son poulain avec ivresse et extase, ont également largement circulées. Auprès de ses coureurs, ses mots ont également un pouvoir extraordinaire, stimulant avec ardeur les gladiateurs avant qu’ils ne pénètrent dans l’arène. Dans les briefings, mais aussi dans les moments durs, ce mayennais a ainsi amplement démontré ses qualités humaines en gestion de l’effectif, et de ses champions. Sa relation de confiance avec Thibaut Pinot, qu’il a formé au monde professionnel et dont il est aujourd’hui presque assuré de garder jusqu’au terme de sa carrière, a été un élément fondamental des rebonds du franc-comtois. Si les malheurs en série de ce dernier l’ont parfois découragé, le manager français s’est toujours évertué à le remotiver, avec succès. De ce point de vue, la deuxième semaine tonitruante du morgelot sur la dernière édition de la Ronde de Juillet peut être perçue comme une vive réaction au discours enragé du natif de Renazé lors de la journée de repos, après l’éclat des bordures de la veille. De même, la participation de Thibaut Pinot au prochain Tour de France n’aurait jamais pu exister si son « boss » n’avait pas su trouver les mots justes au moment où le haut-saônois pensait « tout plaquer ». Ainsi, le 101 du jour a amplement sa place au panthéon du cyclisme français, de part sa personnalité, ses succès passés, mais aussi son incroyable capacité à monter au fil des années une équipe française de pointe, sans renier son identité tricolore : la Groupama-FDJ. Portrait de Marc Madiot.Marc Madiot en 2015Marc Madiot en 2015 | © Vélo 101 

Son Parcours :

Chez les Madiot, on porte fièrement l’étendard français, et le jeune Marc n’a pas échappé à la tradition familiale. Arrière-petit-fils de l’un de ces millions de poilus décédés, auxquels la patrie est reconnaissante, petit-fils d’un prisonnier de la Seconde Guerre Mondiale, le mayennais a vu son père entrer à son tour dans une violente guerre, celle de l’agriculture. Cette fois, l’ennemi ne se situe plus sur l’autre rive du Rhin, mais partout, tout autour de l’Hexagone, et en particulier dans ses contrées lointaines où la main d’œuvre à bas-coût met en péril la santé financière des petits agriculteurs français. Bref, il ne s’agit plus d’un conflit par les armes et par le sang, mais d’une guerre plus vicieuse, qui tue les plus faibles en les cuisant à petit-feu, jusqu’à ce qu’ils ne cèdent. Dans cette existence faite de sacrifices, de levers avant le chant du coq et d’un perpétuel travail acharné, jusqu’à ce que les corps ne craquent, la bicyclette offre un formidable échappatoire au natif de Renazé, quittant la ferme et ses soucis le temps d’une sortie, avant de retrouver les champs et les moissons. Dans une famille vivant toujours à la limite, où le moindre effort financier requiert des mois d’économie, le vélo ne peut pas être une passion comme une autre. Sur sa machine, faute d’être systématiquement en mesure de gagner, le jeune Marc a une consigne du paternel : il ne doit jamais renoncer. Et à chaque course, après avoir sillonné avec son père les routes de la région pour rejoindre le départ des épreuves, le mayennais met cet ordre en exécution, avec tant de rage, tant de dévouement, tant d’abnégation, qu’il finit bien souvent par lever les bras à l’arrivée. Il faut dire qu’avec son caractère furibond et sa force de fermier, le ligérien a tout d’un petit champion, dans des années où un jeune Bernard Hinault détonne également sur les terres bretonnes. Dans Parlons Vélo, un entretien à caractère biographique, le mayennais explique d’ailleurs rétrospectivement « J’ai embrassé la carrière cycliste comme on entre dans les ordres, explique-t-il. C’était une obsession, une obsession constructive. Et puis je n’ai jamais eu envie de rentrer dans le moule, si moule il y a. ». Et pour survivre dans la jungle du peloton, plaçant déjà l’honneur comme vertu fondamentale d’une carrière qui n’en était encore qu’à ses balbutiements, Marc Madiot comprend vite qu’il faut se faire mal pour faire mal aux autres.

Dès lors, le fier mayennais grimpe vite dans la hiérarchie cycliste, et se découvre une appétence et un goût tout particuliers pour les classiques pavées, dont il fait sa spécialité. Dans ces courses d’hommes à hommes, à la difficulté extrême annihilant toute stratégie d’équipe, et consacrant bien souvent le plus fort, le ligérien perpétue la stricte application des dires paternels : tout donner pour avoir le droit de ne rien regretter. Et lorsque Marc Madiot donne tout, il gagne. Massacrant ses pédales avec impulsivité, asphyxiant un à un l’ensemble de ses concurrents, il se montre irrésistible lorsque la route se couvre de pavés. Et le démontre sur le Paris-Roubaix amateurs 1979, qu’il remporte avec brio. Et s’ouvre par la même occasion l’entrée du monde professionnel, avant d’enfoncer le clou lors de la course en ligne des Jeux Olympiques de Moscou 1980, qu’il termine brillant huitième. Ainsi recruté par Cyrille Guimard dans la prestigieuse formation Renault-Gitane en fin de saison, il a d’abord pour mission d’épauler Bernard Hinault, déjà détenteur de deux Tours de France. Il excelle alors dans ce rôle de gregario de luxe lors du fantastique doublé Giro-Tour du « blaireau » en 1982, puis auprès de Laurent Fignon sur les Grandes Boucles 1983 et 1984, forgeant ainsi la légende de « l’intello ». Mais s’il impressionne au service de ses leaders, Marc Madiot sait aussi tirer son épingle du jeu lorsque carte blanche lui est donnée, à l’instar de sa huitième place au classement général sur le Tour 1983, ou encore de sa victoire d’étape à Louvoi en baroudeur en 1984, la seule de sa carrière sur un Grand Tour.Marc Madiot aux côtés de Bernard Hinault sous le maillot RenaultMarc Madiot aux côtés de Bernard Hinault sous le maillot Renault

Pourtant, ce n’est que l’année suivante que sa carrière change d’envergure. Valeureux équipier jusqu’ici, le mayennais devient en 1985 le dompteur de Paris-Roubaix, réalisant ainsi un exploit que seul Bernard Hinault était parvenu à réaliser dans le camp tricolore depuis Louison Bobet en 1956. Et si, sur le papier, le triomphe est indiscutable, la manière n’en est pas moins impressionnante. Amplement au-dessus du lot dans cette édition de « l’Enfer du Nord », le natif de Renazé se débarrasse précocement de ses principaux adversaires, pour filer seul vers le vélodrome de Roubaix, où il a largement le temps de savourer une victoire acquise avec près de deux minutes d’avance sur son équipier Bruno Wojtinek.

Alors que Renault se retire du cyclisme au terme de la saison, Marc Madiot est appelé par Cyrille Guimard et Laurent Fignon pour prendre part à l’aventure Système U, et s’il connaît une année blanche en 1986 en raison d’une fracture du col du fémur, le mayennais ne manque pas de rebondir avec orgueil l’année suivante, en remportant avec fracas les championnats de France. Fier gaulois depuis toujours, souverainiste militant, découpant même sur le Tour de Berlin le drapeau européen ornant son dossard, le voilà désormais porte-drapeau de sa patrie pour un an.Marc Madiot avec le maillot de champion de FranceMarc Madiot avec le maillot de champion de France | © cyclingnews

Pourtant, l’étendard humain se fait discret durant son mandat, la faute à son passage chez Toshiba en compagnie de son frère Yvon, sous la coupe de Bernard Tapie. S’il retrouve un peu de couleur en 1989, finissant notamment dixième du classement général de la toute nouvelle Coupe du Monde, ancêtre du classement UCI World Tour, il ne semble jamais à son aise sous les couleurs du sponsor japonais. Seul un passage chez RMO en 1991 parvient à le relancer. La trentaine passée et sur la pente descendante, il ne suffit plus à Marc Madiot de tout donner pour gagner. Mais cette année-là, sur Paris-Roubaix, sa course de cœur, la recette fonctionne une dernière fois. Echappé dans un groupe de cinq coureurs, le mayennais s’avère en effet trop fort sur les pavés nordistes pour ses adversaires, qu’il sème définitivement au Carrefour de l’Arbre, pour s’en aller conquérir son deuxième Paris-Roubaix, et tirer avant l’heure sa révérence. Effectivement, ce triomphe marque le début de son déclin définitif, concluant sa splendide carrière trois ans plus tard, sous le maillot de l’équipe promotionnelle Catavana-AS-Corbeil-Essonnes, toujours flanqué de son frère Yvon, raccrochant également sa bicyclette.Marc Madiot en route vers son deuxième Paris-Roubaix, sous le maillot de RMOMarc Madiot en route vers son deuxième Paris-Roubaix, sous le maillot de RMO

De cette relation fraternelle, de cette symbiose entre deux compagnons de champs puis de route, naît trois ans plus tard une formidable aventure française dans le sport cycliste : la FDJ. En effet, constatant que le cyclisme tricolore traverse alors des heures sombres, plongeant lorsque d’autres nations apparaissaient, Marc Madiot évoque alors « une génération perdue ». Mettant en évidence une pénurie d’équipes françaises en première division, représentées par la seule formation Gan en 1996, ainsi qu’une décroissance alarmante du nombre de professionnels, le mayennais souhaite donner une nouvelle impulsion à son sport dans l’hexagone, teintée d’une touche de renouveau. Simultanément aux entreprises de Vincent Lavenu avec Casino (ex AG2R-La-Mondiale), et Cyrille Guimard avec Cofidis, le natif de Renazé bataille deux longues années auprès du secrétariat d’Etat au Budget pour recevoir le soutien financier de la Française des Jeux, fleuron national s’accordant parfaitement aux opinions du tout nouveau manager. Avec son maillot tricolore, orné du trèfle fétiche de la loterie, la formation en construction recrute alors de jeunes pépites françaises, à l’instar de Nicolas Vogondy et Dominique Nazon, et complète son effectif avec quelques pointures étrangères, comme l’italien Davide Rebellin. L’équipe ainsi lancée dans les pelotons professionnels en début d’année 1997, ses coureurs ne tardent pas à honorer les promesses de leur manager. Quitte à créer la surprise. Et symboliquement, c’est là où Marc Madiot s’était éteint que la FDJ ébloui pour la première fois. En ce 13 avril 1997, les spectateurs du vélodrome de Roubaix voient en effet un parfait inconnu franchir la ligne d’arrivée en vainqueur, se payant de cette manière le scalp du grand Johan Museeuw : Frédéric Guesdon. Aujourd’hui encore, son triomphe faite date dans l’histoire du cyclisme tricolore, pour rester année après année sans successeur. Marc Madiot peut jubiler, son pari semble payer. Et la bienfaisance de son entreprise est confirmée quelques mois plus tard par le succès de Christophe Mengin sur la Grande Boucle, participant ainsi au feu d’artifice tricolore de cette 84e édition. En fin de saison, dominant l’ensemble des meilleurs formations mondiales au classement de la Coupe du Monde, calculé sur les plus grandes classiques du calendrier, la FDJ se forge ainsi une place de choix dans son sport, s’inscrivant dès lors pour longtemps dans le paysage de la Petite Reine.

Au fil des années, vaillamment menée par son manager, la FDJ remplit son objectif initial, devenant progressivement une place forte du cyclisme français. Si son développement est marqué par quelques chutes, descentes et déceptions, la relation de confiance qu’elle nourrit avec son sponsor lui permet de construire un projet de long-terme, et de fidéliser ses coureurs, selon la vision paternaliste de Marc Madiot. Avec quelques stars, mais aussi de nombreux espoirs, elle poursuit saison après saison son petit bonhomme de chemin, engrangeant à chaque fois son lot de succès et d’accessits. Si le trèfle est brillamment porté par Baden Cooke, Bradley Wiggins ou encore Bradley McGee au début des années 2000, il assiste également à l’éclosion d’une série de talents, comme Philippe Gilbert ou Mark Renshaw, mais aussi à des piliers de l’équipe, comme Benoît Vaugrenard et Jérémy Roy, qui y passeront l’ensemble de leur carrière.

Intégrant le Pro Tour dès la création de celui-ci en 2005, la FDJ entame alors une légère mue dans la composition de son effectif, se recentrant davantage vers le recrutement de coureurs français et francophones, délaissant ainsi les stars internationales. Si ce phénomène est autant le fruit d’une volonté de son manager qu’un manque de moyen de son sponsor, dans un sport à la financiarisation croissante, il entérine ainsi le caractère français de la formation, et l’érige même en ambassadrice tricolore dans les pelotons internationaux. Désormais incapable de jouer les avant-postes sur les grandes courses, Marc Madiot se pose alors en résistant, incarnant ainsi sa figure privilégiée du valeureux gaulois combattant encore et encore le puissant envahisseur romain pour garder sa liberté et son identité. De cador des pelotons en 1997, la FDJ se pose ainsi en David contre Goliath, petit tentant de s’arroger les restes du butin des gros. En 2009, l’équipe parvient de cette manière à s’adjuger une poignée d’étape sur les courses majeures du calendrier, grâce à des purs produits de la maison, comme Jérémy Roy sur Paris-Nice, Sandy Casar sur le Tour ou encore Anthony Roux sur la Vuelta, tous trois fidèles au trèfle tout au long de leur carrière.

Le début des années 2010 marque alors l’éclosion d’une nouvelle génération de pépites, particulièrement prometteuses, qui portent la croissance de l’équipe durant toute la décennie. 2012 marque effectivement les prémisses de ce renouveau. Alors que Nacer Bouhani s’adjuge le titre de champion de France, qu’Arnaud Démare rayonne sur la classique d’Hambourg, Thibaut Pinot impressionne quant à lui sur le Tour de France, dont il repart avec un bouquet et la dixième place du classement général. Si le premier nommé finit par fuir la concurrence du picard en rejoignant Cofidis en 2015, les deux derniers se forgent progressivement une stature de leaders sur le circuit international, conduisant dès lors Marc Madiot à orienter son recrutement en leur soutien. D’ailleurs, si le manager mayennais fait d’abord concourir les deux hommes simultanément sur le Tour de France, divisant ainsi son effectif en deux clans, leurs prouesses le convainquent d’instituer le principe d’un leader unique sur les Grands Tours, Arnaud Démare participant au Giro lorsque Thibaut Pinot se focalise sur le Tour de France, et vice-versa. Si cette stratégie a ses limites, comme le montre la terrible neuvième étape du Tour de France 2017, où trois équipiers de la FDJ avaient terminés hors-délais en restant jusqu’au bout avec Arnaud Démare, lui aussi éliminé de la course, elle s’est surtout montrée à la hauteur des grosses cylindrées du peloton, menant un train d’enfer dans les ultimes kilomètres des étapes de plaine, ou instaurant l’écrémage en montagne. La fantastique image de David Gaudu tirant à bon train de groupe des favoris dans le Tourmalet fournit d’ailleurs une excellente illustration à cette toute nouvelle force collective de la Groupama-FDJ. D’une formation de baroudeurs, celle-ci s’est ainsi muée en équipe de cadors. 

Son statut aujourd’hui :

Après une incroyable montée en puissance décennale, propulsant la Groupama-FDJ de la dernière à la 12e place du classement UCI World Tour, envoyant les coureurs au trèfle sur les podiums des grandes classiques et monuments, frôlant même le sacre ultime sur le Tour 2019, Marc Madiot à de quoi être fier. Si les satisfactions de la première année avaient ensuite laissées place à de longues années de déception, voilà que son équipe retrouve de nouveau les devants, avec une identité francophone nettement plus marquée, portant ainsi véritablement la France sur le circuit international. En comptant dans ses rangs les meilleurs sprinteur et grimpeur de l’hexagone, mais aussi en recrutant chaque année de grands espoirs du cyclisme tricolore, la Groupama-FDJ est effectivement devenue la formation de pointe du cyclisme sur ses terres. Et avec son flair, son audace, sa détermination, mais aussi sa rage de vaincre, Marc Madiot n’y est pas pour rien. Quand son équipe piétinait au cœur des années 2000, il a persévéré. Passant avec éthique les heures les plus sombres de son sport, voyant même un de ses coureurs, Christophe Bassons, mettre précocement terme à sa carrière sous la pression des cadors du peloton, le manager mayennais profite aujourd’hui de l’embellie pour resplendir de nouveau. Derrière l’huluberlu fracassant la portière de sa voiture ou beuglant devant un écran géant au sommet de Tourmalet, se cachent d’immenses sacrifices, de recherches et de réflexions, dans la construction d’un effectif solide et solidaire, mais aussi dans l’établissement de programmes annuels efficaces, ou encore d’un développement matériel constant. Depuis de longues saisons, la formation de Marc Madiot est devenue le plus grand laboratoire du cyclisme français, rattrapant avec brio toutes les top teams étrangères, qui l’avaient un temps dépassé.L'effectif de la Groupama-FDJ lors de la présentation de l'équipe en janvier dernier, au siège de Groupama 1L’effectif de la Groupama-FDJ lors de la présentation de l’équipe en janvier dernier, au siège de Groupama | © Groupama-FDJ

Mais ces succès, le natif de Renazé les doit aussi à la confiance éperdue de ses sponsors dans son projet sportif, en particulier du côté de la FDJ, figurant aujourd’hui comme le plus ancien partenaire financier du World Tour, envoyant le trèfle arpenter les pelotons depuis 23 ans, quand la plupart des concurrents ne viennent à la Petite Reine qu’éphémèrement. Quand nombre de managers s’évertuaient chaque été à trouver un successeur aux déserteurs, Marc Madiot voyait la dénomination de sa formation s’adapter au temps, et non au marché. La Française des Jeux, Fdjeux.com, FDJ, FDJ-Bigmat, FDJ.fr et finalement Groupama-FDJ, pour accompagner le mayennais et ses hommes à travers les époques. Aujourd’hui, l’arrivée en renfort de Groupama offre ainsi à son manager un budget estimé autour de 20 millions d’euros annuels, lui permettant ainsi de rivaliser à moyens égaux avec la plupart de ses concurrents du World Tour, même si le Team INEOS reste encore loin devant. Mais cet afflux d’argent est à l’origine de la création d’une équipe réserve, véritable pépinière européenne, permettant ainsi à Marc Madiot de récupérer sous sa coupe nombre de grands espoirs, avant même leur éclosion. Relativement rares, ces équipes sont pourtant au cœur du passage des jeunes cracks chez les professionnels, et « la Conti » permet ainsi à la Groupama-FDJ d’entrer dans une autre dimension dans le paysage du cyclisme mondial. Du côté de la Française des Jeux, c’est chez les femmes que l’on a investi, donnant naissance à la FDJ-Futuroscope-Nouvelle-Aquitaine, seule écurie française dans le Women World Tour.

De ce point de vue, c’est donc un véritable empire que Marc Madiot a bâti au fil des années, petit gaulois tutoyant désormais César. Car il n’est maintenant plus question de résister, mais de vaincre.

Par Jean-Guillaume Langrognet