Depuis quelques années, la notion de puissance inonde le monde du vélo. Calculée en watts, la puissance développée par les cyclistes est mesurable par divers moyens : dans le pédalier avec le SRM, dans le moyeu de la roue arrière avec le Powertap, dans les pédales avec les Keo Power et les Garmin Vector. Nous avons testé ces dernières, sur 1500 kilomètres pour vous donner le ressenti de cet outil d’entraînement. Dans ce monde de capteurs de puissance, difficile de trouver la meilleure solution. En effet, chaque capteur a de bons et de mauvais côtés. Situé dans le pédalier, le capteur est difficilement transférable sur un autre vélo, pour les pédales c’est le premier élément du vélo qui casse en cas de grosse chute, dans le moyeu il disparaît en cas de changement de roue… le choix est donc compliqué.

Il est vrai que la simplicité du système et le changement rapide des pédales donnent un net avantage aux pédales Vector. D’un point de vue mécanique, l’installation est effectivement simple avec un système quasi-identique aux pédales classiques. Le corps des pédales se visse comme sur n’importe quel modèle. Il vous suffit de glisser les deux parties grises appelées module de pédale, sur les pas de vis en premier. Ensuite, vous branchez un connecteur en caoutchouc à l’arrière de la broche pour connecter les pédales aux modules. Jusque là rien de compliqué. Les modules, appelés Pods par Garmin, peuvent être placés comme vous le souhaitez. Contrairement aux Keo Power. En revanche, nos tests mettent en avant que l’installation est très importante pour la précision des mesures. Explications : l’utilisation d’une clé dynamométrique est conseillée dans la notice Garmin, mais elle est indispensable ! Tous les utilisateurs n’en ont pas en leur possession et il n’est pas toujours évident de la trouver. C’est en ce sens que l’installation peut devenir complexe ou contraignante pour l’utilisateur. Nous avons observé des écarts de mesures de l’ordre de 10 à 15% lorsque le couple de serrage n’est pas respecté. Il faut également le vérifier de manière régulière pour avoir une mesure constante.

L’accéléromètre placé dans les pods permet de régler les angles automatiquement, leur orientation n’a donc aucun impact sur les mesures. Ces pédales disposent d’une connexion Ant+ compatible avec tous les compteurs qui offrent cette option. Attention, certains pédaliers avec des manivelles trop larges ne permettent pas d’adapter les Garmin Vector. C’est le cas pour certains pédaliers Rotor ainsi que pour les pédaliers Specialized S-Works. Il existe de nouveaux pods permettant de rendre le Vector compatible avec plus de modèles, jusqu’à 44mm d’épaisseur. Ce modèle est disponible depuis avril 2014 et peut être changé gratuitement sur demande du client.

Une fois les pédales fixées, allumez votre compteur. Vos pédales sont détectées et vous n’avez plus qu’à calibrer votre ensemble. Pour le calibrage, le système doit connaître l’angle des modules sur vos pédales. Effectuez entre 80 et 90 tours minute et voilà votre calibrage terminé. La deuxième partie du processus d’étalonnage est le « calibrage statique » que vous devez faire au début de chaque sortie. Pour cela, effectuez 5-6 rotations complètes en pédalant en arrière. Vous venez d’allumer le système Vector en faisant tourner les manivelles, vous appuyez sur « calibrer » depuis votre compteur et c’est fait.

Visuellement, ces pédales ressemblent aux Look Keo. Ce n’est pas un hasard, la Garmin Vector est seulement compatible avec les cales Keo. Au premier abord, les deux modules gris sont immédiatement notables ! Il n’est pas habituel de voir deux parties au bout des manivelles et le premier réflexe et de dire « premier virage serré, ça va frotter. » Et bien non, aucun risque de choc entre le bitume et les pédales, tout est bien pensé. Le seul moyen d’endommager le système se présente lorsque vous rangez le vélo dans une voiture, il faut prendre ses précautions. Ces deux modules gris ont deux utilités: donner la position des pédales dans la rotation grâce à un accéléromètre et donner la cadence de pédalage. Deux piles sont positionnées dans ces modules.

À l’utilisation, les pédales Garmin Vector sont très intéressantes. Le système vous donne en direct votre puissance développée en watts. Mais mieux que la puissance générale c’est la puissance équilibre jambe gauche/droite qui est la plus intéressante. Comme nous, vous ne vous en doutez pas, mais vous avez une jambe qui travaille plus que l’autre. Parfait pour les curieux, cette fonction permettra surtout aux assoiffés de perfection de travailler le coup de pédale pour répartir les forces et s’approcher au maximum du 50-50. La fonction équilibre gauche/droite vous permet de savoir si telle ou telle jambe travaille plus dès le début de sortie ou si cela intervient après plusieurs kilomètres. Idem selon le terrain, si c’est seulement en montée ou sur le plat, ou encore en danseuse ou assis. Tout un tas d’éléments qu’il est possible de décortiquer pour optimiser votre pratique.

Les données obtenues sont comparables aux autres capteurs du marché comme les SRM et Powertap. Garmin revendique une précision de plus ou moins 2%, similaires aux autres fabricants. En comparaison au système Powertap, les Garmin Vector sous-estiment la puissance de manière générale. L’écart est constant et ne dérange donc pas l’analyse. Ce qui ressort des études menées avec tous les capteurs de puissance disponibles sur le marché est que le SRM et le PowerTap restent les deux outils les plus fiables. Plusieurs fonctions sont disponibles en dehors de l’équilibre droite-gauche. La puissance moyenne, l’énergie dépensée en calories, les zones de puissance, la puissance maximale et moyenne, la puissance par kilogrammes, etc.

Pour archiver et analyser vos données, il vous suffit d’exporter vos entraînements sur ordinateur. Connectez-vous à Garmin Connect et lancez l’export. Vous retrouverez le récapitulatif de toutes vos séances d’entraînement avec le détail en terme de traces GPS, données de vitesse, cardio et puissance. Vous observerez dans ce cas de figure (photo ci-contre) un gros travail de la jambe gauche par rapport à la droite. Sur toute la sortie, le travail inégal des deux jambes peut traduire un problème au niveau du bassin, ou une jambe pas à 100% avec des douleurs au niveau du genou ou de la hanche. Voilà un indice pour prévoir un futur passage chez l’ostéopathe.

La mise à jour des pédales se fait facilement. Branchez une clé USB à votre ordinateur, placez votre vélo à moins de 3 mètres du PC. Le logiciel Garmin Vector Updater disponible sur Mac et Windows va rechercher les pédales. Pour initialiser la communication entre les pédales et l’ordinateur, retirez les deux piles placées dans les modules et remplacez-les 20 secondes plus tard.

Les Garmin Vector sont très satisfaisantes à l’usage, mais on regrettera deux points non-négligeables : le poids et le prix. Les pédales affichent 426 grammes sur la balance : 380 grammes pour la paire et 23 grammes pour chacun des modules. La différence de poids se ressent très vite par rapport aux Look Keo classiques. Vous pourrez cependant compenser ce constat en installant des composants de plus en plus légers. Précisons également que tous les capteurs de puissance augmentent le poids du vélo. À vous de voir si tel ou tel accessoire le mérite plus qu’un autre.

Le prix de vente public est de 1 549 euros. Là aussi c’est un frein potentiel pour les cyclistes. La technologie a un prix, mais beaucoup ne pourront pas s’offrir celle-ci. Si vous hésitez entre tel ou tel capteur de puissance, pesez le pour et le contre, mais sachez que les Vector s’adaptent facilement et rapidement à tous les vélos et qu’elles offrent une fonction unique avec l’équilibre droite/gauche. Les Garmin Vector sont vendues dans un package noir réussi, avec les pédales, modules, cales, clé USB ANT+ et notices d’utilisation.

Plus d’infos sur les Garmin Vector sur www.matsportraining.com. Pour toute question sur ce test de matériel, vous pouvez nous contacter directement par email : testvelo101@velo101.com.