Johan Vansummeren - TDF 2018Johan Vansummeren – TDF 2018 | © Cheeky Wheel

Johann, pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de votre carrière? Quand l’avez-vous débuté et arrêté?

Je suis devenu professionnel en 2004 chez Relax-Bodysol. J’ai passé cinq années au sein de l’équipe Lotto (Davitamon-Lotto, Predictor-Lotto, Silence-Lotto) et cinq autres chez Garmin (Garmin-Transitions, Garmin-Cervélo, Garmin-Barracuda, Garmin-Sharp). J’ai arrêté en 2016 lorsque j’étais chez AG2R-La Mondiale. Mes principaux succès sont le Tour de Pologne (2007) et le Paris-Roubaix (2011). Je n’ai pas gagné beaucoup de courses mais les victoires que je suis allé chercher étaient sur de belles épreuves.

On sait que vous avez dû arrêter prématurément votre carrière pour des problèmes cardiaques. Comment avez-vous géré cette période-là?

C’était très difficile au début. Le soir à 18h00 j’étais encore coureur professionnel et deux heures après je devais mettre fin ma carrière. Tout s’est très vite passé. Mentalement ce n’était vraiment pas facile car je voulais vraiment continuer à rouler au sein du peloton mais la décision des médecins était sans appel. J’avais 35 ans à ce moment-là.

Vous envisagiez de poursuivre votre carrière pendant combien de temps encore?

Je pensais la poursuivre jusqu’à mes 40 ans, soit cinq saisons supplémentaires. J’aime vraiment le vélo. Il y a des gens comme Jens Voigt ou Davide Rebellin qui sont allés loin dans leur carrière, non pas parce qu’ils avaient besoin de le faire, mais parce qu’ils sont vraiment amoureux de ce sport. Je voulais faire pareil. 

Depuis deux ans, comment avez-vous « rebondi »?

J’ai lancé mon entreprise en début d’année JVS Cycling Holidays (www.jvs-cyclingholidays.com). Il s’agit d’une société qui s’occupe de séjours sportifs dans le domaine du cyclisme, un tour operator en quelque sorte. Nous proposons de nouvelles destinations, comme la Grèce notamment, car je connais bien les routes là-bas. Tous les amateurs sont déjà allés aux Baléares par exemple et nous souhaitons proposer de nouvelles choses. Le but est de soumettre un large choix, que ce soit dans les îles méditerranéennes ou ailleurs dans le monde. Nos offres s’étalent du 1er septembre au 1er juin, car pendant les mois de juillet et août il fait trop chaud et les amateurs ne sont pas forcément habitués à de telles conditions.

Avez-vous bénéficié d’un plan de formation pour votre reconversion? 

J’ai étudié quand j’étais jeune, et je suis retourné sur les bancs l’année dernière. J’ai suivi des cours de marketing et de communication. Ca s’est bien passé, même si ce n’est pas évident de reprendre des études comme ça après une longue période d’arrêt. 

Y a-t-il une qualité qui vous était utile lorsque vous étiez coureur et qui vous sert encore dans votre nouvelle activité?

Lorsqu’on est coureur il faut beaucoup de persistance, de volonté. Je pense que c’est une qualité essentielle qu’il faut avoir lorsqu’on se lance dans un business. Je dois tout de même avouer qu’avec mes problèmes de santé j’avais perdu cette qualité, en partie à cause de la déception qui était grande. Mais aujourd’hui ça revient, je rebondis.

Parmi les coureurs que vous avez connu, lesquels sont pour vous une source d’inspiration en matière de reconversion?

Spontanément, je dirais Jean-Baptiste Claes. C’est pour moi le meilleur exemple. C’est un ami, il a été coureur professionnel dans les années 60 et a lancé son activité il y a plusieurs années déjà (JBC). Il possède presque 300 magasins en Belgique. On peut dire qu’il a vraiment réussi sa reconversion.

Johan VansummerenJohan Vansummeren 

Avez-vous songé, à l’instar de personnes comme Eddy Merckx, à créer votre marque de vélo? 

J’ai pensé à beaucoup de choses et je pense encore à beaucoup de choses, mais à un moment il faut arrêter de penser et agir. Au départ, lorsqu’on arrête sa carrière, il y a de l’appréhension. Lorsqu’on est coureur tout est fait pour te mettre dans de bonnes conditions, tout tourne autour de toi, tandis que maintenant il faut penser à tout et organiser plusieurs choses. Je ne veux pas aller trop vite car j’ai encore beaucoup à apprendre. Je ne veux pas faire n’importe quoi.

Lorsque vous étiez coureur, les réseaux sociaux arrivaient. Auriez-vous aimé vivre dans le contexte actuel des coureurs professionnels?

Je n’aime pas trop les réseaux sociaux, je ne les utilise pas assez d’ailleurs. Plusieurs de mes amis qui travaillent dans les médias me disent que je dois m’y mettre, notamment pour mon entreprise. Je débute mais je ne suis pas un grand fan de tout ça.

Lors du Tour de France, vous étiez ambassadeur pour Skoda. Quel est votre rôle?

Je suis vraiment content de revenir sur le Tour de France, c’est toujours un plaisir pour moi. Ca me permet de retrouver un milieu que j’aime. Quand je suis sur le Tour je n’ai pas beaucoup le temps de voir les étapes malheureusement car je dois m’occuper des clients et les accompagner. L’avantage est que je parle plusieurs langues (Français, Anglais, Néerlandais, un peu d’Allemand et d’Italien), je m’occupe donc de personnes de différentes nationalités, les véhicule et leur explique certains aspects de la course.